Victorino : il est mort le sorcier

  • Le ganadero, qui vient de disparaître à l'âge de 88 ans,  reste aujourd'hui le seul à avoir connu l'honneur d'un toro gracié à Madrid.
    Le ganadero, qui vient de disparaître à l'âge de 88 ans, reste aujourd'hui le seul à avoir connu l'honneur d'un toro gracié à Madrid.
Publié le
Patrick Louis

Une gueule. Un regard. Un destin. Des mains de «paleto» et la silhouette tourmentée des héros anonymes issus de la terre. Lui avait quitté sa condition de paysan pour accéder au patio des aristocrates de la profession. Devenu pour beaucoup d'aficionados le plus important de tous. Victorin Martin Andres, le sorcier de Galapagar vient de s'éteindre à 88 ans, des suites d'un AVC. Le chapeau le plus célèbres des tendidos de la planète s'était fait très rare ces derniers mois, on ne le verra plus jamais. Avec la disparition du patriarche, Victorino fils devient Victorino. Il l'était déjà. Le sang d'Albaserrada bat plus que jamais dans le cœur brave des toros gris «inventés» par ce maquignon d'exception un peu Guy Roux, un peu Galabru et surtout beaucoup, Victorino.

Le ganadero reste aujourd'hui le seul à avoir connu l'honneur d'un toro gracié à Madrid. Il s'appelait «Velador» (et non «Belador» comme indiqué souvent) et avait croisé la muleta de José Ortega Cano un soir de juillet 1982.

La corrida du siècle

1982, l'année de la corrida du siècle, toujours calle Alcala avec une puerta grande pour l'histoire Paco Ruiz Miguel, Luis Francesco Espla, José Luis Palomar et ce monsieur Martin Andres, un peu gauche sur les images noir et blanc de cette folle sortie, cravaté dans son costume trois pièce et emporté par un mouvement qui ne s'éteindra jamais.

Dans les années soixante, les frères Martin ont acheté les bêtes d'Escudero Calvo, produit du fameux empire du Marquis d'Albaserrada. Ils vont s'attacher à restaurer cette branche Santa Coloma à forte prédominance Saltillo. La vuelta de «Baratero» à Las Ventas reste la première récompense, suivie depuis par un troupeau de braves, puissants exigeants, honorés dans les plazas les plus exigeantes. Citons encore «Muroalto» que Padilla avait gracié à San Sebastien (2005), «Cobradiezmos» qui a fait pleurer Séville en 2016 où encore l'immense «Verdadero» combattu pat Juan Bautista il y a quelques jours à Logroño.

Samedi à Illescas, les cardeños de Caceres porteront le deuil du maître mais surtout le A couronné, signe éternel du toro-toro.

Merci, Monsieur.

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