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Exode

Au Honduras, une nouvelle caravane met le cap sur les Etats-Unis

Une colonne de plusieurs centaines de candidats à l'immigration est entrée au Guatemala mercredi. Ses chances de gagner le Mexique sont limitées, en raison de l'accord du gouvernement de López Obrador avec l'administration Trump.
par François-Xavier Gomez
publié le 16 janvier 2020 à 18h47

Au mépris des accords imposés par Donald Trump aux pays d’Amérique centrale pour enrayer l’immigration illégale, une caravane d’environ 400 hommes, femmes et enfants honduriens a forcé mercredi la frontière du Guatemala avec comme objectif de gagner les Etats-Unis. Parti mardi soir du nord du Honduras, le groupe s’est retrouvé mercredi matin à Corinto, à la frontière entre le Honduras et le Guatemala. La petite foule a refusé de s’enregistrer auprès des services de migration et a forcé un barrage de police. De l’autre côté de la frontière, une douzaine de policiers guatémaltèques les ont laissés passer. En revanche, d’autres migrants arrivés ensuite, notamment des enfants, ont été bloqués.

«Nous demandons l'asile : au Honduras, on nous tue», proclamait sur les réseaux sociaux l'appel au départ de cette nouvelle colonne. Plusieurs caravanes se sont formées au Honduras depuis octobre 2018, composées de Honduriens qui veulent aller à pied vers les Etats-Unis en traversant le Guatemala puis le Mexique pour fuir la pauvreté et la violence des gangs qui règnent dans leur pays. Mais c'est la première organisée après les accords migratoires signés par les Etats-Unis en juin avec les pays de transit. Sous la menace de taxer ses exportations, Trump avait forcé son homologue mexicain López Obrador à mettre en place une politique répressive contre les candidats à l'immigration illégale. Après le déploiement de 25 000 militaires dans les Etats frontaliers au sud et au nord, des milliers de migrants ont été chassés du Mexique.

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Le Guatemala a également signé un accord avec Washington mais n'a mis en place aucune mesure pour encadrer les flux migratoires. Tout dépend désormais du nouveau président de droite, Alejandro Giammatei, qui a pris ses fonctions mardi, lors d'une cérémonie d'investiture qui a laissé songeurs les observateurs. Après avoir fait poireauter les invités pendant quatre heures (une partie des diplomates accrédités n'a pas eu la patience d'attendre), il a prêté serment sur la Bible, et non sur la Constitution, comme l'avaient fait ses prédécesseurs, et a clos la célébration au son, non pas de l'hymne national, mais de la version en espagnol de My Way de Frank Sinatra.

Les migrants du Honduras peuvent légalement traverser le Guatemala, à condition d’avoir une carte d’identité. Mais leur entrée au Mexique risque de se révéler quasi-impossible, en raison de la fermeté du gouvernement. Actuellement, environ 30 000 Honduriens sont bloqués au Mexique, où ils attendent la réponse à leur demande d’asile aux Etats-Unis. Un statut qui n’est accordé qu’au compte-gouttes, à l’issue de laborieuses démarches. Les déboutés seront renvoyés au Honduras, comme 109 000 ressortissants l’ont été en 2019, soit 45 000 de plus que l’année précédente.

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