Bosch est un géant discret. Non coté en Bourse, géré très sagement par une fondation privée depuis 1964, la Robert Bosch Stiftung, le groupe fait rarement les gros titres de la presse économique internationale. Il est pourtant l’une des plus grandes entreprises allemandes.
Avec 78 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 (+ 6,8 % par rapport à 2016) et 400 000 salariés répartis sur tous les continents, selon les chiffres de l’année 2017, publiés mercredi 25 avril, Bosch est plus gros que Siemens, les chimistes Bayer et BASF ou encore Deutsche Telekom, traditionnels poids lourds du DAX, l’indice de référence de la place de Francfort.
Par bien des aspects, Bosch est une entreprise emblématique du capitalisme à l’allemande. Mastodonte de l’industrie, cette entreprise familiale est devenue un groupe mondial sans avoir rien cédé de son capital à des investisseurs étrangers.
Cette caractéristique du Mittelstand allemand – ces industries de taille moyenne exportatrices, souvent en gestion familiale – le protège des fluctuations de la Bourse et lui donne la liberté d’investir à long terme. Bosch soigne son ancrage très fort dans sa région d’origine, Stuttgart, en Bade-Wurtemberg, patrie de l’automobile. L’entreprise se veut moralement irréprochable et très prudente dans sa démarche d’investissement à long terme.
La fortune de Bosch est intimement liée au premier bien d’exportation allemand, l’automobile, secteur avec lequel l’entreprise réalise encore près des deux tiers de son chiffre d’affaires (47 milliards d’euros). Le premier sous-traitant automobile du monde est le spécialiste des ABS, des systèmes d’injection et, surtout, du diesel. Il continue à fabriquer des objets du quotidien pour le consommateur : réfrigérateurs, machines à laver, perceuses électriques ou tondeuses à gazon.
Le groupe pèche toujours sur un point : la vitesse
La révolution numérique a bouleversé son modèle. La Silicon Valley, ses start-up et ses innovations disruptives ont changé la donne. Les plates-formes numériques prennent le pouvoir sur le hardware (les produits manufacturés). Les industriels allemands ont pris un coup de vieux. L’innovation prudente est devenue lenteur. Le côté familial semble provincial et peu ambitieux. Et, dans les pays occidentaux, acheter sa voiture n’est plus le rêve des jeunes.
Même Bosch s’est mis à douter de sa méthode et de ses produits. Le grand spécialiste du hardware risquait-il de terminer comme Kodak ? Un scénario jugé assez crédible pour que le groupe amorce, il y a quelques années, la transformation la plus radicale de ses cent trente ans d’histoire. Le spécialiste du hardware veut devenir un géant de l’Internet des objets. Depuis deux ans, cette stratégie s’est considérablement accélérée. Son succès ou son échec en dira long sur la capacité de l’Allemagne à faire passer à l’âge numérique son industrie, rassemblée, du 23 au 27 avril, à la Foire de Hanovre.
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