Le whisky américain peu affecté par la guerre commerciale
L'Europe, mais aussi la Chine, le Canada et le Mexique ont sanctionné le whisky américain. Mais l'industrie est encore peu exposée aux marchés internationaux.
Par Elsa Conesa
En ciblant le whisky et les motos américaines cet été, les Européens ont visé juste : le Bourbon est produit dans le Kentucky, fief du chef de file des républicains au Sénat Mitch McConnell, et les Harley Davidson sont basées dans le Wisconsin, où est élu celui de la Chambre des représentants, Paul Ryan. La Chine, le Canada et le Mexique ont d'ailleurs choisi les mêmes cibles cet été pour répliquer aux surtaxes imposées par l'administration Trump sur leurs propres marchandises.
Pour autant, si les sanctions européennes ont frappé des symboles américains, avec des surtaxes de 25 %, elles ont eu un effet économique relativement modeste à ce stade. Dans le Kentucky, les producteurs de Bourbon - une industrie de 8,5 milliards de dollars pour l'Etat - admettent en sentir à peine les effets tant le marché américain est dynamique.
Discours alarmiste
Les organisations professionnelles tiennent un discours alarmiste, défendant les vertus du libre-échange. « L'Europe est un gros marché pour le whisky américain, insiste Frank Coleman, de l'association Distilled Spirits, qui représente les fabricants de spiritueux aux Etats-Unis. La profession a le sentiment de subir les effets collatéraux d'une guerre qui ne la concerne pas ».
Mais les exportations représentent en réalité une part relativement faible de l'activité, qui demeure tirée avant tout par le marché américain. Les ventes de whisky y ont en effet triplé en 15 ans, et les consommateurs y achètent des alcools de plus en plus chers. A Louisville, dans le Kentucky, plusieurs nouvelles distilleries ont été ouvertes cette année. « Près de 80 % du whisky américain est consommé localement, mais les exportations augmentent très rapidement », indique Frank Coleman.
Lorsque les mesures sont entrées en application en juin, le gouverneur de l'Etat Matt Bevin a lui-même relativisé les conséquences des surtaxes sur les ventes, estimant que les amateurs seraient prêts à payer plus cher pour leur bouteille de whisky. Brown-Forman, l'un des plus gros producteurs du Kentucky, a d'ailleurs prévenu cet été qu'il comptait relever de 10 % le prix de ses bouteilles de Jack Daniels et d'autres marques en Europe.
Bureau de New YorkElsa Conesa