Chypre : Le soleil au levant

Reportage Serge Barret, Photos Alain Parinet

Jour 1 : arrivée à l’aéroport, transfert, verre de bienvenue et installation dans les chambres, puis séance de yoga. Dîner à l’hôtel

L’hôtel : Amathus Beach Hotel

Derrière le mur vitré de l’immense lobby, il y a, étincelant, le bleu de la Méditerranée. Il y a aussi une plage privée, mais surtout, il y a le vert vif d’un jardin foisonnant, paradis d’une foultitude de chats au demeurant très bien élevés. Il y a des piscines aussi – trois, dont l’une exclusivement réservée aux adultes – et des restaurants, des bars, des terrasses… et des espaces de repos aménagés sous des palmiers bruissants. Ce décor, celui de l’hôtel Amathus donc, est planté à Limassol, la ville-station balnéaire la plus courue de Chypre. La mieux située surtout, puisqu’elle n’est à guère plus de 40 minutes de tous les points d’intérêt de l’île. Il est là, cet hôtel, depuis les années 70. Mais il est aujourd’hui si talentueusement rénové, reconceptualisé dans ses tons et ses volumes qu’on le croirait construit hier. Les plus belles chambres, les plus demandées, donnent sur la mer et disposent d’un grand balcon-terrasse permettant d’apprécier tranquillement les fins d’après-midi. Le spa, une splendeur déclinée dans des tons bleu Klein, répond aux règles du feng shui. L’Amathus Beach est membre des Leading Hotels of the World. 239 chambres et suites, cinq restaurants dont le très chic Cyan, trois bars et lounges, tennis, spa, 10 salles de réunions pouvant recevoir de 10 à 450 personnes.

75 Amathounta Avenue, 45 32 Limassol. Tél. : + 357-25 83 20 00.
Mail : amathusl@amathushotel.com. Internet : www.amathuslimassol.com

Yoga : le corps retrouvé

Pour donner le ton à un programme construit autour des éléments du feng shui, l’agence pouvait difficilement proposer autre chose, dans les murs même de l’hôtel, qu’un moment de pur bien-être, une séquence où l’agitation du monde contemporain s’effacerait au profit d’un exclusif “moi et mon corps retrouvé”. Du yoga, donc ! Mais du yoga pour néophyte apprenant à contrôler sa respiration pour évacuer la fatigue du jour. On le voit, rien de bien sorcier, aucune jambe passée derrière son cou, aucun poirier assassin. Selon les goûts, la séance peut être prolongée par quelques brasses paresseuses dans la piscine d’eau de mer. Ou mieux, par une séance de massages miraculeux. Après un tel traitement, le monde ne peut avoir que 20 ans.

Jour 2 : découverte de l’île en 4×4 : journée dans les villages viticoles, visite de sites culturels, ateliers de cuisine et dégustation de shoushoukos, célèbre sucrerie chypriote. Dîner de mezzés.

Le Troodos : au-dessus des terres brûlées

C’est la montagne ; la vraie, avec ses monts et ses vallées, ses cols et ses routes en lacets, et même, très exotique en pleine Méditerranée, une piste de ski perchée sur le mont Olympe. La montagne donc, et tout ce qu’il faut de chemins de randonnée, de villages perdus et d’anciennes stations d’altitude, à l’image de Platrès autrefois fréquentée par le roi Farouk, mais aussi de fabuleuses églises ne payant extérieurement pas de mine, mais pourtant classées à l’Unesco. Le massif volcanique du Troodos, curiosité géologique très étudiée par les scientifiques, s’étale sur près de 1 500 km2 au centre de l’île. Si loin, si proche des lumières des fêtes données en bord de mer.

Omodos : dans les vignes du Seigneur

Les ruelles pentues, la place centrale et ses terrasses de café, les vieilles dames brodant sur le pas de leur porte… toute la Méditerranée est là ! Sans l’ombre d’un doute, Omodos, à 40 km de Limassol, est le village le plus visité de l’île. Pourquoi ? D’abord à cause de son monastère, probablement fondé entre les XIIe et XIVe siècle, et surtout pour les saintes reliques qu’il abrite, notamment un bout de corde supposée avoir servi à lier le Christ sur sa croix, ainsi qu’un petit morceau de la Sainte-Croix elle-même. Ensuite pour son artisanat, en particulier la dentelle patiemment ornementée par les fameuses vieilles dames… Et enfin, surtout, pour ses sept caves à vin de l’appellation Commandaria. Dégustation donc, poursuivie d’un dîner de mezzés servi près de la cheminée d’un très chaleureux restaurant de montagne. Yamas ! À notre santé en grec !

Makrinari Tavern, Omodos. Tél. : +357 25 422 151

Kolossi : chevaliers et nourritures terrestres

Sentinelle plantée dans une campagne bucolique aux marches de Limassol, le château de Kolossi – en fait une tour carrée de pierre blonde – jalonne un Moyen-Âge chypriote très agité. Avec tout ce qui comptait dans le coin de cottes de maille et de croix brandies, notamment par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem qui se sont réfugiés ici en 1291. Chassés de Saint-Jean-d’Acre par les musulmans, ils s’installèrent à Kolossi et oeuvrèrent tant et si bien qu’ils couvrirent la région de vignobles à fins d’exportation vers l’Occident. Dont le fameux vin de Commandaria qui fit un tabac à la cour des Plantagenêt. Ce que l’on voit est une reconstruction, réalisée dès 1454, de l’ancienne forteresse détruite par les Génois et les Mamelouks. On s’en contentera, d’autant que l’épaisseur des murs assure une fraîcheur bienvenue lors des fortes chaleurs.

Commandaria : le roi des vins, le vin des rois…

An de grâce 1224. Un bien beau millésime, une année bénie où l’on organise en France le premier classement mondial des vins. And the winner is… la Commandaria ! Un vin doux dans la lignée des Portos ou des Marsalas ; bref, un breuvage liquoreux que le XXe siècle, un rien macho, a qualifié de “vin pour dame”. En guise de dame, c’est Richard Coeur de Lion qui lui donna ses lettres de noblesse et mit ce “roi des vins, ce vin des rois” sur les tables de sa cour. Aujourd’hui, il est parfait pour accompagner les desserts.

Art Byzantin : des églises dans des granges

De l’extérieur, on jurerait des granges, des bâtiments agricoles parfois accrochés à flanc de montagne ou posés au milieu d’une prairie. Toit à deux pans, murs de pierres, absence de clocher, fenêtres minuscules… Rien, mais alors vraiment rien, n’indique que ces églises byzantines renferment ce qui compte parmi les plus belles peintures du genre dans le monde. Elles sont au nombre de dix et figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Agios Nikolaos Tis Stegis, à deux pas du village de Kakopetria, restée dans son jus, est sans doute l’une des plus belles. Elle accueille, dans un clair-obscur et une paix quasi céleste, des peintures murales réalisées entre le XIe et le XIVe siècle. Autrement dit, elles se lisent comme un véritable livre d’histoire. C’est sublime !

Jour 3 : journée croisière suivie par une visite du site antique de Paphos et déjeuner de mezzés de poissons au restaurant “Theo’s”.

Paphos : noyé de bleu sous le ciel chypriote

C’est joli Paphos, joli et en même temps très curieux puisque c’est à la fois une ville, une vraie ville où l’on vit toute l’année, et une station touristique bondée tous les étés. Du coup, côté commerces, on trouve à peu près tout ce qui fait l’ordinaire d’un citadin chypriote et celui d’un touriste en quête de colifichets souvenirs ou d’accessoires de plage. Et puis, contigu au site conservant de formidables mosaïques romaines classées au patrimoine de l’UNESCO, il y a un port de pêche, ravissant ; avec barques fraîchement peintes se dandinant au soleil et yachts de milliardaires. Il y a, amarrés là, les bateaux d’excursion, notamment les Ocean Flyer et Sea Star, parfaitement adaptés aux groupes de tourisme d’affaires puisqu’ils acceptent de 100 à 150 personnes selon le bateau choisi. Au programme : open bar et buffet, mouillage près des grottes creusées dans la falaise, arrêt sur une plage de sable et sports d’eau. Il sera ensuite toujours temps de déjeuner chez Theo’s, le très élégant restaurant de poisson installé sur le port. Il est très fréquenté par les Chypriotes, ce qui est sans l’ombre d’un doute gage de qualité.

Ocean Flyer et Sea Star Email : info@paphossecruise.com • Tél. : +357 26 91 02 00 Theo’s. 100 Apostolou Pavlou Ave. Pafos. Tél. : +357 26 93 28 29

Ancienne capitale : au dessus des mosaïques

Le hasard fait bien les choses. Et, semble-t-il, à Chypre encore plus qu’ailleurs, puisque c’est par hasard que des terrassiers inspirés mirent à jour en 1962 de merveilleuses mosaïques romaines, sans doute les plus belles de Méditerranée. Elles présentent un tel état de conservation, une telle finesse, une telle minutie dans l’assemblement que l’ensemble a évidemment été classé au patrimoine de l’UNESCO. Du coup, c’est toute la mythologie gréco-romaine qui s’étale aux pieds du visiteur, fort habilement juché sur des pontons de bois autorisant une vue en plongée sur chaque pièce de ces ex grandes villas privées appartenant à une ex et richissime ville antique. Tous les dieux, demi-dieux et bien plus encore ; tous les Zeus, les Dyonisos et autres Ganymède ont inspiré les artistes de l’époque qui les ont dessinés en action et, pour certains, dans des univers bucoliques où les raisins sont délicieusement sucrés et l’eau toujours fraîche. Un voyage aux racines de la culture occidentale, lorsque les dieux étaient nombreux, qu’ils avaient les mêmes défauts et les mêmes qualités que les hommes et vivaient quasiment les mêmes aventures. En mieux, évidemment, puisque c’était des dieux.

Jour 4 : journée à la ferme aux ânes au village de Kelokedara. Déjeuner BBQ et dîner de gala.

A dos d’âne

Comme c’est docile, un âne ! C’est facile à mener, franc… et le pied sûr avec ça, pas le moindre trébuchement sur la caillasse volcanique. Les participants à l’opération en ont fait l’expérience à la ferme Argonaftis Donkey Farm qui propose une désopilante randonnée à dos d’âne dans le lit d’une rivière afin de rejoindre un monastère qui, pour être abandonné, n’en est pas moins parfaitement visitable. Une véritable expédition qui commence par une descente depuis le village jusqu’à la ferme aux ânes, via une improbable route d’autrefois et dans un bus de collection des années 50. Elle s’achève par une collation réparatrice et une dégustation de spécialités très sucrées de l’île…

Argonaftis Donkey Farm. 317 E, 28th October Ave.,
Kanika Business Center • Tél. : + 357 25 58 6333 • Email :
info@argonaft.com.cy • Internet : www.argonaftis.com

Jour 5 : matinée libre avec activités en option

Limassol : les vieux murs d’une cité balnéaire

Même si l’hôtel Amathus est situé sur la plage, en plein Limassol, et donc qu’on a pu se faire une idée de la plastique de la ville, on attendra le dernier jour, celui que l’agence a eu la bonne idée de laisser libre, pour mieux découvrir la capitale économique de l’île. Première approche : une cité tout à trac et tout en longueur, buttant à l’est sur les ruines de l’antique Amathous. Une succession d’hôtels, de restaurants, de cafés, de boîtes de nuit ou de boutiques de mode s’étire en front de mer sur une quinzaine de kilomètres. Et c’est comme cela jusqu’au centre-ville, là où les vieux murs racontent plein d’histoires ; des histoires de Francs, de Génois ou d’Ottomans, certaines vérifiées et d’autres totalement élucubrées…. Toujours est-il que flâner dans ces ruelles emberlificotées est un parfait bonheur, avec un Orient omniprésent, un Orient et ses églises, ses mosquées, ses marchés, sa foule et ses terrasses de café qui ne désemplissent pas. Ses restaurants aussi, Limassol ayant la réputation d’être la capitale gastronomique de l’île. On en sera tout à fait convaincu en s’asseyant à la table du chef Skevos Kapsos, qui officie royalement au Karatello, situé à côté du château médiéval et qui, dans un décor de loft new-yorkais, sert pour un seul dîner, une trentaine de mezzés… Ce qui fait beaucoup !