C’est un sacrement dont Rennes se serait bien passé. Dans une enquête basée sur les données GPS Tom Tom, le magazine Autoplus offre à la capitale bretonne la première place des villes de France où l’on perd le plus de temps pour se rendre au travail en voiture. Les Rennais auraient ainsi passé 18 heures coincés dans les bouchons en septembre, soit 3 h 30 de plus que l’année précédente. Ce qui place Rennes devant Marseille, Bordeaux, Nantes et Paris.
Pourquoi y a-t-il tant de bouchons à Rennes ?
Le phénomène n’est pas nouveau : en 2020, le trafic moyen journalier sur la rocade était, malgré les restrictions dues aux confinements, de plus de 75 000 véhicules par jour sur le tronçon Sud Ouest et de plus de 50 000 véhicules quotidiens sur les rocades Nord et Sud. Mais à la rentrée 2021, les embouteillages prennent une ampleur inédite. Selon la direction des routes de l’Ouest (Diro), la fréquentation de la rocade de Rennes est de 103 % par rapport à avant l’épidémie de Covid.
Depuis la sortie du palmarès, les tentatives d’expliquer la pénible situation vont bon train. En vrac : l’augmentation du nombre de véhicules qui circulent, les travaux aux quatre coins de la ville, les accidents qui surviennent aux heures de pointe, des infrastructures insuffisantes ou mal conçues, l’abandon progressif du télétravail, la baisse de fréquentation des transports en commun (89 % du trafic habituel) ou le retard de livraison de la 2e ligne de métro. Mais au feu des critiques, la présidente de la Métropole et maire de Rennes, Nathalie Appéré, répond qu’« il n’est pas trop tard pour changer nos habitudes ».
Une journée de covoiturage pour régler la question ?
Alors que se profile ce jeudi une forte prise de position du monde économique sur la restriction de circulation des voitures dans le centre-ville, Nathalie Appéré prend les devants via un communiqué. « Dire que l’on diminuera les embouteillages dans nos villes en accordant plus de place à la voiture est non seulement démagogique, mais profondément à rebours des défis que pose le réchauffement climatique. N’oublions pas, par exemple, qu’il suffirait que chacune et chacun covoiture une journée par semaine pour que la question des embouteillages soit réglée dans l’agglomération rennaise » lance l’élue.
Pour la majorité, pas question d’envisager de nouvelles infrastructures routières. La collectivité mise sur les alternatives à la voiture solo. « Dans la métropole rennaise, la voiture est encore utilisée dans 40 % des déplacements de moins de 3 km », rappelle la maire, qui estime que la mise en service du métro B aura pour conséquence d’avoir 50 000 voitures en moins chaque jour dans l’inter-rocade.
Et la présidente de la Métropole d’évoquer également, les « parkings relais » le redéploiement des lignes de bus, les futurs Trambus, prévus en 2026, destinés aux habitants au-delà de la rocade ou encore les bus électriques progressivement mis en service d’ici 2030.
« N’attendons pas que nos gamins ne respirent plus ! »
La multiplication des pistes cyclables et voies réservées aux vélos va également se poursuivre face au doublement des trajets à vélos constaté à Rennes depuis 2018.
« D’ici 2024, plus de 100 kilomètres de pistes cyclables sécurisées permettront ainsi de relier Rennes à quinze communes ». Questionnée à propos des pistes cyclables à la veille du conseil municipal, la maire assumait pleinement. « N’attendons pas que nos gamins ne respirent plus ! Il faudra se passer de plus en plus de sa voiture ».
Nathalie Appéré évoque ensuite la « responsabilité fondamentale des entreprises et des administrations » sur le déploiement du télétravail pour limiter les raisons de se déplacer aux heures de pointe, ou encore l’expérimentation menée avec l’université pour décaler les horaires de début des cours et fluidifier le trafic.
« Les 3 500 morts sur les routes à l’échelle nationale et les 48 000 décès dus à la pollution atmosphérique chaque année, dont 2 000 en Bretagne, sont autant d’arguments qui doivent achever de nous convaincre, collectivement, de limiter la circulation automobile. Pour l’environnement, le cadre de vie, le commerce, la sécurité et la santé, et plus largement pour notre avenir et celui de nos enfants, l’heure est à l’action. Changeons ! » conclut l’élue. Pas sûr que le message suffise à apaiser les colères liées à la mobilité.