Un nouveau locataire pourrait bien venir s’installer à l’intérieur du port de Belledune, soit une usine de production du minerai de fer. Un investissement d’environ 1 milliard $ qui se traduirait par la création d’environ 200 emplois permanents.

Le gouvernement provincial de Brian Gallant a annoncé jeudi ce qui pourrait s’avérer la pierre angulaire de sa plateforme électorale pour le nord du Nouveau-Brunswick, un projet colossal qui aurait un grand impact sur l’ensemble de l’écosystème industriel du secteur de Belledune.

– Acadie Nouvelle: Jean-François Boisvert

Celui-ci a ainsi l’intention de s’associer avec l’entreprise Maritime Iron pour explorer la possibilité d’implanter une usine de production de fer à Belledune. Si tout va bien, le début des travaux pourrait avoir lieu dès l’an prochain et l’usine, elle, entrer en fonction en 2022. Durant la phase de construction, on évalue à 1000 le nombre d’emplois qui pourraient être créés.

L’usine produirait ainsi 1,5 million de tonnes de fer hautement raffiné (FINEX), un produit de plus en plus en demande dans les fonderies d’Amérique du Nord, d’Europe et du Moyen-Orient. Elle serait la seule usine du genre à l’extérieure de la Corée du Sud (d’où émane cette technologie).

Ce projet est l’aboutissement de deux années de discussions entre le gouvernement et l’entreprise. L’annonce a été effectuée par le premier ministre lui-même, Brian Gallant.

Le premier ministre mise énormément sur le projet de l’usine de fabrication de fer pour assurer l’avenir de la centrale thermique de Belledune et relancer l’économie entière du nord de la province. – Crédit JF Boisvert

Cela dit, rien n’est encore coulé dans le béton, beaucoup d’étapes devant encore être franchies avant même la première pelletée de terre. En fait, l’annonce de jeudi ne concernait pas la venue prochaine d’une telle usine, mais bien l’intention du gouvernement de former un partenariat dans l’espoir qu’une telle aventure se concrétise, une nuance importante.

«On pense que c’est un projet réaliste et les études de préfaisabilité montrent que c’est possible, que le plan d’affaires pourrait fonctionner. On devra maintenant entamer un dialogue avec les Premières nations et les leaders communautaires en plus de mettre en branle les procédures environnementales nécessaires. Certaines consultations ont déjà débuté. D’autres le seront au cours des semaines et mois à venir», a indiqué M. Gallant, semblant mettre beaucoup d’emphase sur l’acceptabilité sociale du projet.

Il faut dire qu’à quelques pas de là se trouvent les vestiges d’un fiasco qu’on ne veut surtout pas répéter, celui de Bennett Environmental, projet coulé en grande partie par l’opposition citoyenne.

À ce stade, le premier ministre ne sait pas à combien se chiffrerait une éventuelle contribution financière de son gouvernement au projet.

«Ça fera partie de l’étude de faisabilité. Je n’ai pas de doute qu’il faudrait certainement quelques investissements au niveau du port de Belledune par exemple. Le gouvernement fédéral est au courant du projet et sera aussi invité à la table», ajoute le premier ministre.

Pourquoi Belledune?

Le minerai utilisé dans la confection du métal proviendrait en grande partie des mines du nord Québec et du Labrador. Actuellement, celui-ci est tout simplement exporté sur les marchés (surtout asiatiques) sans être traité. Advenant l’aboutissement du projet, le minerai serait importé et traité à Belledune avant de prendre la mer.

Selon Greg McKenzie, président de Maritime Iron, le port de Belledune constitue du coup un lieu idéal pour un tel projet.

Greg McKenzie, président de Maritime Iron. – Crédit JF Boisvert

«Par ses infrastructures et sa logistique, l’endroit est parfait. On a un port en eaux profondes de grande qualité, ce qui facilitera le transport de Sept-Îles à ici, puis d’ici vers l’international. On a aussi comme voisin un fournisseur d’énergie (la centrale) avec qui nous voulons devenir un partenaire. Bref, tout joue en faveur de ce site pour un tel projet», soutient M. McKenzie

D’une pierre deux coups

Au niveau économique, l’arrivée de cette usine pourrait se traduire en un partenariat intéressant avec un autre joueur local, Énergie NB. C’est que la transformation du minerai entraînera la création d’un gaz qui, au lieu d’être rejeté dans l’atmosphère à perte, pourrait être réutilisé par la centrale.

Il faut savoir que la centrale thermique de Belledune doit en théorie – et suite à la volonté du gouvernement de réduire son empreinte environnementale (gaz à effet de serre) – cesser l’utilisation de charbon d’ici 12 ans, soit en 2030. Mais en combinant le gaz produit par la transformation du minerai de fer, cela aurait pour effet de réduire considérablement – et bien avant 2030 – l’utilisation du charbon. En fait, on croit que cela pourrait diminuer cette consommation jusqu’à hauteur de 50%, voire même 60%. Ce nouveau carburant pourrait du coup prolonger la survie pour de nombreuses années.

«On estime que la centrale est bonne jusqu’en 2043. Si ce projet voit le jour, ça nous permettrait de nous rendre jusque-là», estime Phil Landry, directeur général de la division Production chez Énergie NB.

Selon lui, ce partenariat serait gagnant gagnant pour les partenaires impliqués. «Cette usine aura besoin d’un produit que l’on vend pour fonctionner (électricité), et nous de leur gaz. Les détails de cet éventuel partenariat restent à être négociés, mais ce pourrait être profitable pour tous», croit M. Landry

Mais par-dessus tout, il estime qu’il s’agit d’abord d’une bonne nouvelle pour les employés actuels de la centrale de Belledune.

«On a 118 employés qui travaillent ici. Cela leur donne un espoir de voir la centrale demeurer en fonction pour encore plusieurs années», mentionne-t-il.

Une nouvelle bien accueillie

Selon Luc Desjardins, maire de la municipalité de Petit-Rocher, ce projet pourrait représenter un nouvel élan pour le nord de la province.

«On parle d’un créateur d’emplois majeur et de bons salaires. Et ça, on en a grandement besoin», affirme-t-il.

Il note les impacts collatéraux positifs que ce projet pourrait avoir sur l’achalandage au port de Belledune, la longévité de la centrale (et de ses emplois), ainsi que sur les nombreux autres projets qui sont en pourparlers dans le secteur.

«Et c’est certain que moi, à titre de maire de la communauté voisine, je vois cela d’un très bon œil, car on peut penser que certaines personnes vont vouloir venir s’établir chez nous. Lorsque la fonderie s’est installée ici dans les années 60, Petit-Rocher s’est grandement développée. On espère revivre cette situation», exprime-t-il.

Son homologue de Bathurst, le maire Paolo Fongemie, accueille également ce projet avec beaucoup d’enthousiasme.

«Chaque fois qu’on parle de nouveaux emplois et de maintien d’emplois existants, c’est une bonne nouvelle, autant pour nous à Bathurst que plus à l’ouest vers Campbellton, car on est habitué de voyager nous dans le nord. C’est donc une occasion additionnelle pour nos communautés de se développer au niveau commercial, des services et du logement. C’est agréable d’entendre de telles annonces», souligne-t-il, avouant que les dernières années ont été plutôt difficiles avec la fermeture de la Smurfit Stone ainsi que de la mine.

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