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Attentat en ColombieL'ELN veut des garanties pour sa délégation à Cuba

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La guérilla de l'ELN a réclamé lundi des garanties de la part des autorités colombiennes pour le retour dans deux semaines en Colombie de ses négociateurs qui se trouvent à Cuba pour des pourparlers de paix rompus après l'attentat mortel de Bogota.

L'ELN (Armée de libération nationale), dernière guérilla encore active en Colombie, a revendiqué et justifié cette attaque qui a tué 20 personnes et en a blessé 68 autres jeudi dans une école de police de la capitale, tout en prônant la reprise d'un dialogue au point mort depuis août.

«Nous espérons que le gouvernement donnera des garanties pour le retour» de cette délégation de dix hommes, a déclaré Pablo Beltran, chef négociateur de la guérilla guévariste, dans un entretien exclusif à l'AFP à La Havane.

Cet appel intervient alors que le président Ivan Duque a enterré vendredi le dialogue de paix avec l'ELN, déjà suspendu depuis plusieurs mois, en réactivant les mandats d'arrêts visant les négociateurs de la guérilla, au lendemain de l'attentat.

Cuba, garant et siège des pourparlers, a réagi en condamnant l'attaque et en assurant qu'il respecterait le protocole prévu en cas de rupture du dialogue. Ce dernier prévoit le retour de la délégation en Colombie d'ici 15 jours, soit d'ici au 2 février.

Attaque «licite»

Concernant l'attentat, M. Beltran a assuré que son groupe armé n'avait fait que répliquer à des «attaques» du gouvernement: «Personne ne peut nous demander de rester les bras croisés si on nous attaque. Depuis l'arrivée du gouvernement de Duque, nous avons reçu beaucoup d'attaques», a-t-il avancé.

Lundi matin dans un communiqué, l'ELN avait revendiqué l'attentat commis avec une camionnette chargée d'explosif, l'estimant «licite dans le cadre du droit de la guerre, il n'y a eu aucune victime non combattante».

Selon elle, l'attentat est une réponse à des actions militaires menées par le gouvernement pendant le cessez-le-feu unilatéral que l'ELN avait déclaré pour Noël et la fin de l'année. «Le président n'a pas accordé la dimension nécessaire à ce geste de paix» et «sa réponse a été de mener des attaques militaires contre nous, sur tout le territoire national», dit le groupe guévariste.

Il propose la conclusion d'un cessez-le-feu bilatéral «pour créer un climat favorable aux efforts de paix» et se déclare disposée «à ce que soient respectées des zones déterminées et des installations militaires gouvernementales», ainsi que des installations de l'ELN, afin de faciliter le dialogue.

M. Beltran a pour toutefois affirmé que ni le Comité central de la guérilla, ni la délégation présente à La Havane depuis mai 2018 n'étaient au courant de ce projet d'attentat. «Non, bien sûr. Nous sommes à Cuba depuis huit mois. Les plans de nos fronts en Colombie ne sont pas de notre ressort», a-t-il déclaré.

Cinquième processus de paix

Pablo Beltran a aussi exclu qu'il s'agisse d'une action d'un groupe dissident opposé aux négociations de paix: «Les accords que nous avons signés à cette table ont été entièrement respectés par tous les fronts de l'ELN». «Je souhaite que les tensions retombent et que les conversations puissent reprendre», a par ailleurs ajouté M. Beltran.

Le dialogue apparaît pourtant plus compromis que jamais. Depuis son arrivée au pouvoir en août 2018, Ivan Duque, un président de droite, exige de l'ELN qu'elle libère ses otages, dont le nombre est évalué à 17, et cesse toutes ses activités criminelles avant de reprendre les pourparlers du cinquième processus de paix tenté avec la guérilla depuis le début des années 90.

L'ELN a surgi en 1964, sous l'inspiration du célèbre révolutionnaire argentin Ernesto Che Guevara. Avec environ 1.800 combattants implantés dans une douzaine des 32 départements colombiens, elle est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et leur transformation en parti politique à la suite de l'accord de paix de 2016.

Bien que l'intensité du conflit ait diminué depuis l'accord de 2016, la Colombie reste affectée par une guerre fratricide, qui, au fil des décennies, a impliqué guérillas, paramilitaires et forces de sécurité, faisant plus de huit millions de victimes - morts, disparus et déplacés.

AFP