Nouvelles révélations sur l'arrestation des auteurs de l'assassinat mafieux de Marrakech

Café "La Crème", théâtre de la fusillade du 2 novembre 2017.

Café La Crème, théâtre de la fusillade du 2 novembre 2017. . DR

On en sait davantage sur l’arrestation, en moins de 24 heures, des deux auteurs de la fusillade de Marrakech qui a fait un mort et trois blessés. Deux tueurs à gages professionnels ont perpétré un acte inédit au Maroc.

Le 04/11/2017 à 14h54

L’arrestation, moins de 24 heures après les faits, des deux auteurs de l'assassinat mafieux dans un café de Marrakech, met en lumière un modus operandi inédit au Maroc.

Les deux meurtriers sont en effet des tueurs à gages professionnels qui se sont déplacés depuis l'étranger à Marrakech, en vue d'exécuter un «contrat». Les deux personnes arrêtées sont néerlandaises, l’un est originaire de la République dominicaine et l’autre du Suriname. Les deux ont des casiers judiciaires bien remplis et sont liés au crime organisé. Un communiqué de la DGSN précise que les deux assassins présumés ont des antécédents criminels et sont directement liés à des cas de trafic international de drogue, d'enlèvements, d'extorsion, de vols à main armée et de tentatives de meurtre.

Les deux individus, âgés de 24 et 29 ans, sont arrivés au Maroc une semaine avant la fusillade. Elles se sont rendues quatre fois sur la scène du crime avant de passer à l’acte. C'est ce qu'on appelle un repérage. L'un des deux hommes logeait dans un hôtel situé en face du café "La Crème". Les témoignages d’un serveur et de deux clients ont permis de les identifier.

Le drame s'est produit jeudi 2 novembre au soir sur la terrasse du café "La Crème", situé dans le quartier de l'Hivernage à Marrakech. Les deux individus ont tiré sur un jeune étudiant en médecine de 27 ans, Hamza Chaib. Mais ce jeune homme n'était pas la personne à abattre. La cible, objet du contrat des tueurs, était le propriétaire du café, lui-même détenteur de la nationalité néerlandaise, et soupçonné d’être impliqué dans un trafic de drogue et des opérations de blanchiment d’argent. Ce qui explique ce règlement de compte, commandité par un autre Maroco-Néerlandais, qui a recouru aux services de tueurs à gages. Ces derniers ont bien failli «honorer» leur contrat, n’était le hasard qui a fait que leur cible a quitté la table où elle était assise quelques minutes à peine avant que les deux assaillants ne fassent irruption dans le café, et ne tirent sur la mauvaise personne. 

Le propriétaire du café "La Crème" a très vite compris l’erreur des tueurs. Il a fui immédiatement vers Casablanca en compagnie de son frère. D’après les informations de Le360, le propriétaire du café "La Crème" a été arrêté hier à Casablanca par les services de police. Il serait détenteur de nombreuses informations de nature à aider les enquêteurs à démêler les raisons de ce contrat inédit au Maroc.

C’est en effet la première fois qu’un commanditaire recourt aux services de tueurs à gages étrangers pour liquider une personne sur le sol marocain. Il s’agit vraisemblablement de professionnels, comme en témoigne la façon dont ils se sont débarrassés du scooter et de l’arme du crime. Ils ont aspergé la moto et l'arme du crime de carburant vant d'y mettre le feu, de façon à ne laisser aucun indice ou trace de nature à les identifier. Les enquêteurs ont retrouvé le scooter et le pistolet calcinés.

On notera la célérité avec laquelle les hommes de Hammouchi ont procédé à l’arrestation des deux tueurs à gages. Leur interpellation a eu lieu, hier vendredi 3 novembre, soit moins de 24 heures après l’assassinat perpétré dans le café. L’efficacité et la synergie des différents services de sécurité qui ont pris part à l’enquête montrent le bien-fondé de la décision du roi Mohammed VI, qui a unifié le pôle DGSN/ DGST en en confiant les rênes à un seul homme. 

Par Tarik Qattab
Le 04/11/2017 à 14h54