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Seine-et-Marne : un discret bouton d'alerte distribué aux victimes de violences conjugales par la justice

Ce bouton permet, par simple pression, d'envoyer à cinq personnes un SMS, un appel et un mail automatique.
Ce bouton permet, par simple pression, d'envoyer à cinq personnes un SMS, un appel et un mail automatique. Martin BUREAU / AFP

Une convention a été signée par les trois tribunaux judiciaires de Seine-et-Marne avec l'association d'aide aux victimes «Avimej» et la conceptrice du bouton «Monsherif» afin de prévenir les violences conjugales.

«Seule avec lui», «Il est là»... Des phrases simples que les victimes de violences conjugales peuvent aujourd'hui envoyer automatiquement à leurs proches grâce à un petit bouton blanc ou noir accroché au soutien-gorge, au sac à main ou porté en pendentif comme un bijou. Ce bouton, il s'appelle «Monsherif», et permet aux femmes qui habitent avec un conjoint violent d'alerter leur famille et amis sur une situation dangereuse en toute discrétion, sans que leur agresseur ne se doute de rien.

Commercialisé depuis 2016 sur le site Internet de l'entreprise, ce bouton, dont le prix s'élève à 49,90 euros (uniquement pour les associations d'aide aux victimes), est, depuis ce vendredi 2 avril, distribué par les tribunaux de Meaux, de Fontainebleau et de Melun aux associations d'aide aux victimes locales afin de prévenir les violences conjugales, mais aussi pour évaluer la dangerosité des plaintes, grâce à une fonction «enregistrement». Si ces parquets sont les premiers d'Île-de-France à signer une convention avec la société «Monsherif», il s'agit en France de la troisième convention signée entre l'entreprise et des parquets, après l'Yonne et le Vaucluse.

Un moyen d'alerte «invisible»

«J'ai été contactée par la présidente du tribunal d'Auxerre, dans l'Yonne, qui avait été traumatisée par l'histoire d'une femme qui s'était faite découper au sabre par son conjoint avec sa fille de 8 ans. J'avais commencé à élaborer ce dispositif, mais, au départ, pas spécifiquement pour les femmes : il peut être utilisé par les personnes âgées ou les enfants... Mais, en discutant avec la présidente du tribunal d'Auxerre, nous nous sommes dit qu'il y avait quelque chose à faire sur les violences conjugales avec cet objet connecté», raconte au Figaro Dominique Brogi, créatrice du bouton et de l'application «Monsherif». Ce dispositif permet, par simple pression, d'envoyer à cinq personnes du choix de la victime un SMS, un appel et un mail automatique, couplés de la géolocalisation exacte de la personne en danger. Le bouton est connecté en permanence au téléphone, à condition que ce dernier se trouve à moins de 30 mètres. Enfin, pour une confidentialité totale, l'application installée sur le téléphone ne porte non pas le nom de «Monsherif», mais un nom gardé secret pour préserver les victimes.

Le bouton «Monsherif» peut s'accrocher aux bretelles du soutien-gorge Dominique Brogi

Une centaine de ces boutons «Monsherif» ont été confiés par la procureure de la République de Meaux à l'antenne locale de l'association France Victimes 77, «Avimej». Pour le parquet, ce dispositif permettra non seulement d'avoir une action préventive, mais aussi de pouvoir agir rapidement sur le plan pénal et d'organiser un suivi de la personne. «Nous traitons des cas de violences conjugales tous les jours, or, dans certaines situations, les personnes ne peuvent pas obtenir d'orientation pénale, et, dans ces cas-là, il n'est pas possible de donner un outil tel qu'un Téléphone Grave Urgence (TGD) ou un Bracelet Anti-Rapprochement (BAR), mais on peut donner un bouton 'Monsherif'», explique au Figaro la procureure de la République de Meaux Laureline Peyrefitte, soulignant qu'il s'agit d'un dispositif «complémentaire» aux autres outils, mais qui ne nécessite ni une décision judiciaire, ni une approbation de l'auteur des violences.

Le bouton se décline aussi sous forme de bijou ou de porte-clefs Dominique Brogi

Pour l'association «Avimej» de la fédération France Victimes, l'intérêt d'un accord avec le tribunal était nécessaire pour mettre à disposition des victimes de violences conjugales des outils «étiquetés 'justice'», et donc reconnaître à ce dispositif une «utilité et autorité judiciaire» ainsi qu'une «légitimité d'action» quant à sa distribution, précise au Figaro la porte-parole de l'association France Victimes Olivia Mons.

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Évaluer la dangerosité des violences

Mais si la prévention est un des aspects clefs du bouton «Monsherif», l'autre versant du dispositif consiste à aider les victimes à sortir de la spirale infernale des violences conjugales. «La prévention n'est qu'une partie de la réponse apportée, l'autre partie, c'est l'accompagnement de proximité», confirme la porte-parole de France Victimes. «Cette convention était nécessaire pour nous assurer que nous ne laissons pas des femmes seules avec ce bouton, mais qu'il y a derrière un véritable accompagnement humain», acquiesce la procureure. «À partir du moment où la personne sollicite une association d'aide aux victimes agréée par le ministère de la Justice, le parquet se doit d'être présent pour protéger la victime et évaluer la dangerosité de la situation», poursuit-elle.

Ce nouvel outil distribué par les parquets est donc essentiel pour la justice afin d'accompagner les victimes dans leurs démarches, mais aussi parce qu'il pourrait constituer un «élément de preuve» via l'enregistrement de conversations : «ce dispositif permet d'avoir connaissance de certains faits de nature pénale, d'évaluer la dangerosité du mis en cause, de savoir si une enquête doit être ouverte, ou encore de savoir s'il faut passer à un outil plus encadré juridiquement», précise la procureure. Seule limite de ce dispositif : les victimes de violences conjugales qui utilisent «Monsherif» doivent être entourées, car le bouton n'alerte par les services de police, mais uniquement les proches, qui ont la responsabilité d'intervenir à temps.

Seine-et-Marne : un discret bouton d'alerte distribué aux victimes de violences conjugales par la justice

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37 commentaires
  • lou gebbi

    le

    Quelle bonne idée de le faire savoir là où le bouche à oreille aurait suffi (refusé)

  • Anonyme

    le

    On dénombre plus de 200 infanticides par an en France, qui sont le fait des femmes en grande majorité : On ne donne pas de bouton aux les enfants et aux hommes ? Pourquoi ce silence ? Il déplaît aux féministes ?

  • ramex

    le

    Voilà de quoi remotiver les conjoints violents, photos à l’appui...

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