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Danse : Maurice Ravel, moteur de vertige

A l’Opéra de Paris, un programme dansé réunit trois chorégraphies historiques de Balanchine, Robbins et Cherkaoui-Jalet.

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Publié le 12 mai 2017 à 07h50, modifié le 12 mai 2017 à 08h13

Temps de Lecture 2 min.

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« En sol » (1975), de Jerome Robbins.

Le tourbillon de la valse soufflée par une tornade. L’ivresse du bal engloutie dans un trou noir. La robe en tulle qui se résorbe jusqu’au squelette. La traversée du nouveau programme dansé par le Ballet de l’Opéra national de Paris, à l’affiche du Palais Garnier jusqu’au 27 mai, opère comme une déflagration cosmique. De La Valse (1951), chorégraphiée par George Balanchine, à Boléro (2013), mis en scène par Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, en passant par En sol (1975), de Jerome Robbins, cette triplette de pièces couvrant soixante-deux ans emporte la soirée dans une spirale de plus en plus rapide et fatale. Avec en courroie de transmission : la musique de Maurice Ravel (1875-1937), moteur de vertige jusqu’à plus soif.

Ce menu tient le choc à la fois pour sa chaîne thématique solide et sa cohérence musicale. Quelques baisses de pression – pas franchement de la dernière fraîcheur, les pièces de Balanchine et Robbins ! –, une pause contemplative entre deux tournis avec En sol, mais l’élan général, fouetté par le Boléro, emporte le morceau. Avec la persistance d’une ­vibration envoûtante, qui fluctue sur des montagnes russes sonores et sensitives. De l’attaque flamboyante de La Valse, en hommage à Johann Strauss, dont on sent dès les premières notes l’accent anxiogène, jusqu’à la grimpette inexorable du Boléro, le ­désir d’extase se solde par une explosion en plein vol.

Gestuelle tire-bouchon

Le cercle fait tourner manège, à l’endroit et à l’envers, La Valse et Boléro. Chez Balanchine comme chez Cherkaoui-Jalet, la tête entraîne le corps, les bras moulinent, les jambes s’arrondissent. Pas glissés, hanches balancées, volutes et tourniquets, le premier possède un sens magistral du compas dans l’espace qui dilate le rond jusque dans les corolles des tutus longs. Plus vrillée, avec sa gestuelle tire-bouchon qui passe du sol à la verticale, l’écriture de Cherkaoui-Jalet démultiplie les jeux circulaires à tous les niveaux et dans tous les sens, jetant les danseurs dans une nasse cen­trifuge sans issue. En complice de cette foudroyante giration, la plasticienne Marina Abramovic, dont la scénographie en miroirs, avec ses images de cibles tournoyantes, achève de libérer le cyclone qui va dévaster Boléro.

« En sol » joue en bondissant sur des entrées et des sorties gymniques en maillots de bain signés Erté

L’électricité de la soirée se calme temporairement avec En sol, sur le Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, écrit en 1932 par Ravel. Cyclique et répétitive, avec ses croisillons de diagonales, la pièce pour quatorze interprètes joue en bondissant sur des entrées et des sorties gymniques en maillots de bain signés Erté. Ce music-hall à la plage fait aussi naître une bulle de douceur autour d’un pas de deux en brasse coulée. Le couple, interprété mercredi 3 mai par les étoiles Mathias Heymann et Myriam Ould-Braham, tire sur l’élastique d’une relation en train de naître et profite tout simplement d’un coup de chaud.

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