Entretien

Mexique : “Dénoncer la corruption est un vrai chemin de croix“

Dans une société ultraviolente, l’évêque de Cuernavaca révèle, au péril de sa vie, l’impunité des narcotrafiquants et organise des marches pour la paix. Il témoignera le 16 mars à Notre-Dame de Paris lors de la Nuit des témoins, organisée par l'Aide à l'Église en détresse (AED).
propos recueillis par Anne-Laure Filhol
Publié le 06/03/2018 à 15h01, mis à jour le 08/03/2018 à 08h38 • Lecture 10 min.
© Jesus Guerrero / AFP

© Jesus Guerrero / AFP • JESUS GUERRERO / AFP

Depuis 2013, Ramón Castro Castro a la charge du diocèse de Cuernavaca, au centre du Mexique. Dans cette circonscription ecclésiastique qui compte 113 paroisses pour environ 1,4 million de catholiques (sur près de 2 millions d’habitants), la violence liée aux cartels de la drogue et aux bandes criminelles sévit chaque année davantage. Délaissé par le gouvernement, pieds et poings liés face aux narcotrafiquants, Ramón Castro Castro a fait le choix de dénoncer ce qui reste trop souvent impuni, devenant ainsi la cible des politiques.

De 1990 à 2017, 47 prêtres, un diacre, 4 religieux, 9 laïcs et une journaliste catholique ont été assassinés au Mexique. Comment expliquez-vous cette violence à l’égard de l’Église ?

Précisons que, ces six dernières années, ce sont 21 prêtres qui ont été tués et 2 qui ont disparu. Cette violence est inhérente à la profonde et actuelle décomposition sociale de notre pays. Le Mexique a récemment été considéré comme l’un des pays les plus violents au monde. Les prêtres qui font partie de cette réalité sociale ne sont pas en dehors de ce contexte historique. En outre, une partie d’entre eux ont eu la volonté et le courage de défendre la justice et de dénoncer la corruption. Par ce qu’ils endurent, ils illustrent bien cette situation : « Là où il y a peu de justice, il est dangereux d’avoir raison. »

La situation empire-t-elle ?

La tendance montre que la situation se détériore, avec une augmentation du nombre de meurtres. Dans le cas spécifique de mon diocèse, il n’y a – Dieu merci – pas encore eu de cas de meurtre, mais uniquement des attaques et des menaces.

Sur les 20% des crimes qui sont révélés au grand jour, seuls 4% des meurtriers écopent d’une peine.

Pourtant, à peine nommé évêque de Cuernavaca, en mai 2013, vous avez été confronté à une tentative d’assassinat sur l’un de v

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Article paru dans :

pape François. 5 ans

Edition du 08 mars 2018 (N°3784)

Ce qu'il a fait. Ce qui l'attend

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propos recueillis par Anne-Laure Filhol

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