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SCIENCES

Espace : quand les sorties en scaphandre tournent mal

À découvrir en podcast
Écrit par Marie Haynes
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Parmi les nombreuses missions qui lui seront demandées pendant six mois, Thomas Pesquet devra notamment effectuer une sortie dans l'espace pour renouveler des panneaux solaires. Un moment privilégie dans le vide spatial... qui est aussi celui de tous les dangers.

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C’est un moment autant attendu que redouté. La sortie spatiale extra-véhiculaire en scaphandre, souvent nécessaire pour procéder à des réparations sur son véhicule spatial et au remplacement de certains matériaux, est un grand moment pour les astronautes. Interrogé par La Croix, Thomas Pesquet décrit des sensations terrifiantes : « C’est une espèce de chute lente absolument horrifique. On a 400 km de vide sous les semelles. On voit la station s’éloigner, on a envie de la rattraper… » Toujours envoyés par deux et constamment attachés à leur vaisseau, les astronautes affrontent un milieu des plus hostiles.

Lumière aveuglante, écarts thermiques et effort intense

Il y a plus de cinquante ans, la première sortie spatiale réalisée par le Soviétique Alexeï Leonov aurait pu tourner au drame. Lorsque l’astronaute sort du vaisseau Voskhod, l’événement historique est diffusé en direct à la télévision. Après quelques minutes, la transmission s’interrompt tout à coup. Alexeï Leonov n’arrive plus à rentrer dans le sas de décompression qui sépare l’espace de l’entrée du vaisseau car sa combinaison a gonflé de tous les côtés. Ce n’est qu’en actionnant une valve pour tenter d’évacuer la pression que l’astronaute réussit finalement à rentrer par la force dans le sas de décompression. Le voilà miraculeusement sain et sauf.

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Si les combinaisons spatiales ont depuis été conçues spécialement pour résister à ces conditions extrêmes, d’autres dangers demeurent. Le Soleil est le premier ennemi de l’astronaute en sortie extra-véhiculaire : la visière du scaphandre permet de protéger les astronautes de la lumière du Soleil, dont les rayons particulièrement puissants pourraient rendre aveugles. La combinaison est quant à elle conçue pour réguler les écarts thermiques auxquels sont exposés les astronautes : l’ISS est en effet exposée de telle sorte que le soleil et l’obscurité alternent 16 fois par jour !

Un astronaute qui aurait pu se noyer dans son scaphandre

Lourdement équipés, les astronautes sont soumis à plusieurs heures d’intense effort physique duquel ils reviennent totalement lessivés. Pour éviter la surchauffe, leur combinaison spatiale est équipée d’un système de refroidissement liquide du corps. Or, le 16 juillet 2013, l’astronaute italien Luca Parmitano fait les frais d’une défaillance du système en pleine sortie à l’extérieur de l’ISS. « Je sens que quelque chose ne va pas, explique-t-il par la suite sur son blog. La sensation inattendue de l’eau sur ma nuque me surprend – à un moment où je ne préférerais pas avoir de surprise. »

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En contact avec Houston, les deux astronautes sont contraints d’abandonner leur mission pour revenir dans l’ISS. Or, durant les sept minutes de trajet jusqu’à l’entrée de l’ISS, l’astronaute sent le volume d’eau augmente. Son scaphandre se remplit par le haut, sa vision se brouille et bientôt il ne peut plus entendre. En tâtonnant, Luca Parmitano atteint finalement le sas de décompression qui sépare l’espace de la station. Toujours enfermé dans son scaphandre rempli d’eau, l’astronaute imagine des scénarios pour tenter d’échapper à la noyade : « Je me dis que si l’eau me submerge, je peux toujours ouvrir mon casque. Je perdrais probablement conscience, mais ce serait de toute façon mieux que de me noyer dans mon casque, » écrit-il. Par chance, le processus de repressurisation se termine à temps, et Luca Parmitano peut rejoindre l’ISS ou ses co-équipiers l’attendent pour l’aider. Cet incident a permis à la Nasa de faire évoluer les combinaisons des astronautes, notamment en équipant les casques d’une éponge pour absorber l’eau en cas de fuite.

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