«Emo-ambient». On doit le terme au New York Times, qui l’a lâché en mai. D’après ce que l’on en sait, le grand quotidien américain, plutôt habitué à suivre les titans de la pop, est le premier à l’avoir dégainé. Un terme planté à la conjonction du gazon ambient, musique de clavetage du temps et de l’apaisement, et de la fougère emo, qu’on a vu teinter cent genres de rock (hardcore, metal) d’ivresses du cœur et de sentiments, et qui fait une étiquette immédiatement risible bien sûr, qui, embarrasse déjà les artistes (dans les deux sens du terme). Mais avant d’enfermer l’Américaine Claire Rousay, sujet de l’article en question, il dit quelque chose de très vrai sur l’art qu’elle pratique depuis quelques années. Une musique de formes ouvertes, directement liées à l’avant-garde la plus ardue, mais aussi d’harmonies tendres et tonales, et de sons imitant sans ambiguïté la sensation d’extrême proximité.
Everything Perfect is Already Here, sorti au printemps, en est une manifestation remarquable, concrétion de performances de chambre (piano, violon, harpe) lâchement improvisées autour de gammes majeures par des musiciens amis, de bruits du quotidien et de très douces envolées synthétiques. Rousay, qui fut d’abord percussionniste dans le rock à tendance noisy et à l’improvisation abrupte, est renée en compositrice électronique pour perturber délicatement, mais sûrement, le champ des musiques expérimentales en posant au centre du jeu non plus le son, mais l’émotio