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La romancière britannique Hilary Mantel est morte à 70 ans

L'auteure britannique Hilary Mantel le 4 mars 2020 à la sortie de son dernier livre, Le Miroir et la Lumière.
L'auteure britannique Hilary Mantel le 4 mars 2020 à la sortie de son dernier livre, Le Miroir et la Lumière. Isabel Infantes / AFP

Première écrivaine à avoir remporté deux fois le Booker Prize, elle est connue pour sa trilogie Le Conseiller, dédiée à la vie tumultueuse de Thomas Cromwell.

«C'est avec une grande tristesse qu'HarperCollins annonce que l'autrice à succès Dame Hilary Mantel est morte paisiblement, entourée de sa famille et de ses amis proches, hier à 70 ans», indique la maison d'édition dans un communiqué. L'écrivaine a publié son premier livre en 1985, C'est tous les jours la fête des mères. Elle est surtout connue pour sa trilogie Le Conseiller, dédiée à la vie tumultueuse de Thomas Cromwell, principal ministre du roi Henri VIII au XVIe siècle, avait créé des files d'attente devant les librairies à sa sortie en mars 2020.

Elle est la première à remporter deux fois le prestigieux prix littéraire britannique Booker Prize pour les premiers volets de la série, traduite en 41 langues : Dans l'ombre des Tudor et Le Pouvoir. Le troisième, Le Miroir et la Lumière, était pressenti par nombre de critiques pour compléter le trio gagnant, sans finalement y parvenir. «Pendant longtemps, elle a été admirée par la critique, mais la trilogie (..) lui a permis de trouver le vaste public qu'elle méritait depuis longtemps», a souligné vendredi son ancien éditeur, Nicholas Pearson.

Chacun de ses livres constituait «une trame inoubliable de phrases lumineuses, de personnages inoubliables et d'une vision remarquable», a-t-il observé, racontant que l'écrivaine travaillait encore le mois dernier à un nouveau roman. Hilary Mantel a souvent nagé à contre-courant depuis la publication en 1985 de son premier livre. Pleine d'humour noir, l'histoire relate la grossesse mystérieuse d'une fille handicapée mentale et de sa mère spiritiste.

Femme du Nord et pauvre

D'origine irlandaise, Hilary Mantel a vu le jour le 6 juillet 1952 avec le désavantage d'être «femme, du Nord et pauvre», racontait-elle dans ses mémoires, Giving Up the Ghost, publiées en 2003. L'ouvrage décrit une fille à l'imagination débordante qui grandit dans un village du Derbyshire, suivant l'enseignement de nonnes catholiques doctrinaires. Elle y explique avoir perdu la foi à l'âge de onze ans, quand elle a vu son père pour la dernière fois. Il est parti après quatre ans de cohabitation avec l'amant de sa femme.

L'écrivaine étudie le droit à la London School of Economics pour devenir avocate. Mais en 1971, elle s'inscrit à l'université de Sheffield et se rapproche ainsi de son fiancé Gerald McEwen, qui étudiait la géologie dans cette région calcaire. Dans son autobiographie, elle se souvient que l'un de ses tuteurs à Sheffield «était un notaire local qui s'ennuyait» et qui «ne pensait pas que les femmes avaient leur place dans sa classe.»

Vaste sujet qu'est la misogynie pour Hilary Mantel. À la fin de ses études, elle développe des douleurs invalidantes à l'abdomen et aux jambes. Les médecins l'ont jugée «hystérique, névrosée, difficile» et l'ont mise sous psychotropes. Ce n'est que des années plus tard, alors qu'elle vit au Botswana - son fiancé préfère au calcaire la recherche de diamants - que l'écrivaine trouve ses symptômes dans un manuel médical. Elle réussit enfin à faire en sorte que les médecins prennent sa maladie au sérieux. Hilary Mantel souffre d'endométriose.

Opérée à Londres en 1979, l'intervention la rend infertile et les traitements hormonaux entraînent une prise de poids rapide, un double traumatisme. Elle imaginait sa vie avec une fille baptisée Catriona. Cet enfant tant désiré devint le fantôme le plus déchirant des nombreux spectres qui parsèment son œuvre.

Très critique vis-à-vis de la monarchie et du Brexit, Hilary Mantel avait déclaré l'année dernière vouloir demander la nationalité irlandaise pour «redevenir européenne.»

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