Corrida : Aymeric Caron retire sa proposition de loi et dénonce "l'obstruction"

Des centaines d'amendements avaient été déposés sur ce texte, ce qui a conduit le député insoumis à retirer son texte, à cause de "l'obstruction".

Manifestation contre la corrida, le 19 novembre 2022 à Paris.
Manifestation contre la corrida, le 19 novembre 2022 à Paris. (©AFP/JULIEN DE ROSA)
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« Lâcheté », « invectives », « fuite » : à peine démarré, le débat enflammé sur la proposition d’interdiction de la corrida s’est arrêté net à l’Assemblée, où le LFI Aymeric Caron a retiré son texte en s’emportant contre les centaines d’amendements « d’obstruction ».

« Cela me navre », a lancé le député de Paris. « Applaudissez, soyez fiers de vous », a-t-il déclaré aux élus favorables à la corrida.

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Obstruction

Avec des centaines d’amendements « d’obstruction », il est « impossible » d’atteindre « un vote final dans les délais impartis, c’est-à-dire minuit », a convenu Aymeric Caron. Il a promis à l’avenir une nouvelle « proposition de loi transpartisane ».

Le député écologiste Aymeric Caron, affilié à la France Insoumise lors d'une manifestation anti-corrida, le 19 novembre 2022 à Paris.
Le député écologiste Aymeric Caron, affilié à la France Insoumise lors d’une manifestation anti-corrida, le 19 novembre 2022 à Paris. (©AFP/JULIEN DE ROSA)

Le retrait du texte a suscité une pluie de réactions agacées et de rappels au règlement dans l’hémicycle. « Vous fuyez le débat » par peur du rejet du texte, l’a accusé la LR Anne-Laure Blin, pro-corrida.

Au coup d’envoi de ces discussions vite interrompues, Aymeric Caron a de nouveau porté le fer contre la « torture » du taureau et son « calvaire » dans l’arène.

La secrétaire d’État chargée de la ruralité Dominique Faure a reconnu que ce « sujet traverse toute la société ». Mais le gouvernement s’oppose à l’interdiction de la corrida, une « tradition ancestrale qui participe à l’identité de certains territoires », a-t-elle souligné.

La proposition de loi avait été rejetée une première fois en commission le 16 novembre.

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Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a fait part sur Twitter de sa « rage » face à « l’obstruction du RN  » LR  » macronistes », saluant toutefois la « victoire morale » d’avoir fait parvenir ce sujet jusqu’à la tribune de l’Assemblée.

L’Observatoire national des cultures taurines s’est réjoui que la « corrida gagne par abandon », tandis que la Fondation Brigitte Bardot a condamné l’« obstruction » des pro-corrida, une « honte profonde pour nos élus ».

Le débat entre défenseurs de cette « tradition culturelle régionale » et militants de la cause animale a largement dépassé l’enceinte de l’Assemblée, avec des manifestations pro et anti-corrida le week-end dernier dans les villes taurines et à Paris.

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Manifestation en faveur de la corrida, le 19 novembre 2022 à Béziers.
Manifestation en faveur de la corrida, le 19 novembre 2022 à Béziers. (©AFP/Sylvain THOMAS)

« Basta »

Parti animaliste et association L214, une centaine de personnes ont encore manifesté jeudi 24 novembre pour dire « basta » à la « corrida » aux abords de l’Assemblée. « C’est une torture », estime Emmanuelle Gaillard, venue de Clichy, en banlieue parisienne.

De l’autre côté, 13 toreros français ont défendu leur pratique près du Palais Bourbon.

Mercredi, lors d’une visite au salon de l’Association des maires de France, Emmanuel Macron avait écarté une interdiction dans l’immédiat. Il prône la « conciliation » entre les « coutumes locales » et la « sensibilité » à la condition animale, plutôt que « l’invective ».

Aymeric Caron voulait modifier le code pénal, qui punit la maltraitance animale, mais dont les sanctions de l’article 521-1 « ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».

Les partisans de la corrida revendiquent un « art », une « identité régionale », une « culture populaire » et louent les « milliers de terres sanctuarisées » par « l’élevage des taureaux sauvages ».

En commission, le débat s’est souvent focalisé sur la personnalité clivante d’Aymeric Caron, ancien chroniqueur télé.

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Le Parlement divisé

« Caron a tendu le débat au lieu de l’apaiser, cela crispe de donner une victoire à quelqu’un qui nous insulte », lâche un élu macroniste.

Le sujet embarrassait dans tous les camps et la liberté de vote était de mise.

Côté présidentiel, avant de devenir cheffe du groupe Renaissance, Aurore Bergé avait signé une tribune pour interdire la corrida.

Mais Jean-René Cazeneuve, élu du Gers, une terre taurine, était vent debout. « Après la corrida, ce sera le foie gras, le barbecue, les escargots, les huîtres (…), on le connaît l’animal Caron », avait-il lancé.

Marine Le Pen affiche régulièrement sa sensibilité pour la cause animale, mais le RN était divisé.

Le député RN du Gard Yoann Gillet taclait directement Aymeric Caron dans ses amendements en série contre une loi visant à « promouvoir la carrière d’un seul homme ». Son collègue Julien Odoul qui soutenait l’interdiction, a jugé sur Twitter que « le député de carnaval » Aymeric Caron avait « trahi les espoirs de millions de Français ».

À droite, LR revendique plutôt majoritairement la « défense de la tradition taurine ».

Côté gauche, LFI et écologistes soutiennent l’interdiction, comme une majorité de Français selon les sondages. Le PS est partagé et les communistes plutôt contre l’interdiction.

Source : © 2022 AFP

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