Les Bruxellois, s’exportent à Copenhague : “les Danois peuvent paraître distants au premier abord, mais ils aiment le travail bien fait”
Les entrepreneurs bruxellois mais aussi Flamands et Wallons sont partis s’inspirer dans la capitale danoise : nous étions au cœur de cette mission économique.
- Publié le 27-11-2022 à 12h35
C’est une première pour Nael, Laurent et Elias. Les trois cofondateurs d’Ekowz participaient à leur première mission économique à l’étranger. Hub. Brussels, l’agence d’accompagnement pour les entreprises bruxelloises à l’étranger, et Agoria, regroupement de 2000 entreprises belges, organisaient ces derniers jours une mission économique en terres danoises, pionnières dans la digitalisation de nombreux services publics comme privés. Nos trois entrepreneurs d’Ekowz étaient accompagnés d’une petite vingtaine d’entreprises belges, allant de la start-up à l’entreprise centenaire comme Macq, qui propose notamment les caméras en charge du contrôle de la zone basse émission à Bruxelles.
Toute cette délégation a pu découvrir et s’inspirer l’écosystème économique local mais aussi proposer ses projets à de potentiels partenaires économiques danois lors des séances de pitch ou de rencontres plus informelles.
”L’important, c’est la relation entre belge”
Le thème de la mission : “Sustanable City”, autrement dit, la ville durable. Vaste question qui, en trois jours n’a pas pu être totalement brassée. Ekowz y a bien trouvé sa place puisqu’elle propose un système d’évaluation de l’environnement de travail grâce à des capteurs (notamment sur les poubelles) et un recueil des ressentis et les souhaits des occupants d’un espace. Ekowz équipera notamment le nouveau bâtiment de la Ville de Bruxelles Brucity.
D’autres ont été un peu déçus du voyage. Les entreprises plus axées sur l’industrie comme les Sérésiens de Cilyx, qui conçoivent des outils de production sur mesure ou les concepteurs de d’armoire électrique d’Alpha innovations auraient souhaité découvrir plus de processus innovants danois. “C’est une mission un peu en surface, mais ça reste très intéressant.”
Et pour cause : “dans ce type de mission, le plus important c’est souvent les liens tissés au sein de la délégation belge”, constate Frédérik Tibau en charge du volet start-up chez Agoria. Une délégation d’ailleurs renforcée par présence du secrétaire d’État bruxellois en charge entre autres du Commerce international Pascal Smet (one.brussels).
Alessandro Gambale de la société bruxelloise Buildwind qui propose des études sur la possibilité d’implanter de l’éolien sur les toits des villes en a profité pour questionner le ministre : “pourquoi l’Énergie du vent a été totalement délaissée dans une ville comme Bruxelles qui à pourtant du potentiel. Cela pourrait compléter le solaire voir être plus efficace à certains endroits ?” Reste maintenant à voir si son idée fera son chemin.
D’autres perches ont été tendues comme entre Ekowz et Alpha innovation. “Ils sont forts dans ce que nous avons plus de mal à faire.”
Des Flamands étaient aussi du voyage et ont pu porter leur business notamment avec les deux start-up up Uze (Deliveroo de la recharge de voiture électrique) et Toqua qui propose aux transporteurs maritimes de réduire leur consommation d’énergie grâce à une étude poussée des bateaux et de conditions navigation. Cette dernière a d‘ailleurs plutôt séduit au Danemark tout comme les Anversois de Naenex qui aide les entreprises aux traitements leurs données et qui travaille déjà avec les danois d'Ørsted, spécialisés dans l’énergie verte et classé parmi les entreprises les plus durable au monde.
Bruxellois flamands et wallons s’en sont donc donné à cœur joie pour réseauter à la grande satisfaction de Frédérik Tibau qui voit “enfin” Bruxelles” se lancer. “Il y avait un retard de la capitale par rapport à la Flandre par exemple. On n’avait pas eu de grosse succès story qui tirait un secteur. Maintenant, cela commence pour certaines. On fait de grosses levées de fonds récemment.”
Bruxelles a son pied à terre copenhaguois
Pour poursuivre cette dynamique, Hub. Bruxelles ne s’est pas contentée de présenter les entrepreneurs de la capitale. L’organisme de soutien aux entreprises a installé aussi un bureau permanent dans la capitale danoise. C’est la Brugeoise Nele Pyfferoen qui en aura la charge.
Forte de quatre ans de vie à Bruxelles ou elle a pu développer son carnet d’adresses auprès d’ONG, entreprises et administrations publiques, elle vit depuis deux ans à Copenhague, ce qui faisait d’elle la candidate idéale pour cet avant-poste économique bruxellois. “J’apprécie énormément le côté 'réseautage', mettre en lien des acteurs et surtout la diversité des acteurs que je vais pouvoir rencontrer.”
Les entreprises bruxelloises qui souhaitent recevoir des informations et des aides sur le marché danois passeront maintenant par Nele dès le 1er janvier. La Belge est depuis deux ans devenue une Danoise dans l’âme, quitte à préférer Copenhague à Bruxelles. “Les Danois peuvent paraître distants au premier abord, mais ils aiment le travail bien fait et ils le font efficacement. Le cadre de vie est aussi très agréable. Dans la municipalité ou j’habite en périphérie de Copenhague, il y a une politique qui assure que chaque maison ait au moins vu sur un arbre à proximité. À la crèche, mes enfants passent 6 heures dehors par jour, c’est énorme et très épanouissant.”
Des secteurs à creuser
Selon la nouvelle ambassadrice économique de Bruxelles. Copenhague peut apporter beaucoup à Bruxelles dans les secteurs de l’immobilier et de l’urbanisme de demain “les études dans ces domaines sont de très haut niveau ici” mais ce n’est pas tout. “Le secteur 'Food' à aussi beaucoup à gagner a créé des liens avec le Danemark. […] Bruxelles garde quand même un gros potentiel. Nous avons secteur culturel très développé et des projets inspirants comme à Tour et Taxi.” Point faible de Bruxelles par rapport aux Danois : le marketing. “Ici, à Copenhague, on sait se mettre en avant. C’est peut-être là-dessus que Bruxelles doit encore travailler.”