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REPORTAGE. Coupe du monde : au Qatar, les vraies stars, ce sont les dromadaires

Le sport numéro un au Qatar, ce n’est pas le football, mais les courses de dromadaires. Nous sommes allés respirer l’ambiance du champ de courses d’Al-Shahaniya, à l’ouest de Doha, au milieu du pays et du désert. Très loin de la Coupe du monde.

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Dès lors qu’on sort de Doha et qu’on entre dans le désert autrement que par une voie rapide, la signalisation met tout de suite en garde l’automobiliste : attention, traversée de dromadaires.

Le dromadaire a une place particulière dans la culture du petit émirat. Animal du désert, compagnon et moyen de déplacement des Bédouins, le camélidé se remarque tout de suite au bord de la route, comme un dernier message de la nature en résistance face à la croissance urbaine. Il est là, dans son élément de désert et de cailloux. Mais il fascine également, car c’est aussi une véritable bête de course. Chez les Qataris, avant Kylian Mbappé, la star, c’est le dromadaire.

On va à la rencontre des champions à « Camel Race Track », le champ de courses d’Al-Shahaniya, à mi-chemin entre Dukhan et Doha, en plein désert (40 km de la capitale). Le site s’étend sur plusieurs kilomètres et se présente comme une cité entièrement dédiée au dromadaire. À 16 h 30, quand nous arrivons, le soleil décline et c’est le moment de rentrer à l’enclos pour les animaux, qu’on croise partout dans les allées, montés par les soigneurs. Ils sortent de l’entraînement.

Il y a plusieurs écuries de course, et partout, l’accueil est chaleureux. Les bêtes sont bien traitées. Pour que l’expérience soit totale, un jeune confrère se dévoue et monte en selle. Il manque de passer par-dessus bord quand le dromadaire lève le train arrière. Ce sont les risques du métier. « C’est haut. Je n’en menais pas large… », confie-t-il de retour sur le plancher des dromadaires.

Sur le champ de courses, ça trottine tranquillement. Il n’y a pas de course à cette heure-là ; la compétition, c’est à la « fraîche », à 1 heure en pleine nuit et 6 heures du matin, nous explique-t-on. Un élément interpelle : la piste de sable a une route goudronnée parallèle, où déboulent les quatre-quatre qui suivent la course.

Des robots télécommandés en selle

On est là dans le paradoxe le plus total : la course de dromadaires, qui est un véritable patrimoine de culture ancestrale dans les pays du Golfe, est aujourd’hui reliée à la technologie et au carburant. C’est en 2004 qu’a eu lieu le grand virage, quand la pratique de faire monter les enfants (plus légers) a été rendue illégale tellement elle était dangereuse et source parfois de trafic d’êtres humains.

Aujourd’hui, ce sont des robots télécommandés qui sont en selle, et ce sont des cravaches mécaniques qui donnent le train, guidées par le « jockey » au volant de son quatre-quatre. C’est ainsi équipés que les dromadaires peuvent atteindre 65 km/h en vitesse de pointe (85 km/h chez les chevaux).

Photo AFP
Photo AFP - AFP

Au Qatar, les paris sont interdits, mais les prix pour les vainqueurs sont à la mesure de la richesse du pays. Et, en conséquence, les meilleurs dromadaires de course ont une valeur considérable, de 200 000 à 1 ou 2, voire 5 millions d’euros. Comme un vainqueur du Prix de l’Arc de Triomphe.

En fait, dans l’émirat où l’argent n’est jamais une contrainte, les propriétaires sont prêts à toutes les folies pour voir leur idole passer la ligne en tête.

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