« Ça va péter ! Ça va péter ! » Le slogan résonne régulièrement dans les rues de Mantes-la-Jolie (Yvelines), comme ailleurs en France, depuis plusieurs mois maintenant. Ce samedi 25 mars 2023, 150 personnes ont manifesté, sans incident, dans le centre-ville, pour afficher leur hostilité à la réforme des retraites, passée en force, à coup de 49.3, en début de semaine.
« Travailler en déambulateur »
La loi est adoptée, portant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Pourtant, même s’ils ont été jusqu’à 300 au début du mouvement, la mobilisation ne semble pas s’essouffler. Beaucoup de manifestants espèrent encore que le texte ne soit pas appliqué, comme ce fut le cas en 2005 avec le Contrat première embauche (CPE), imposé par ordonnance du gouvernement Villepin, mais jamais mis en œuvre face à la grogne de la rue.
Camille, enseignante d’une quarantaine d’années, y croit : « Je ne me vois pas aller travailler en déambulateur. À 64 ans, je serai complètement usée. Sachant que l’espérance de vie moyenne en bonne santé pour une femme est de 64 ans et demi. »
La méthode du gouvernement ne passe pas
Les personnes croisées ce matin sont aussi sorties dans la rue pour dénoncer « la méthode » : « Ce gouvernement ultra-minoritaire est obligé de passer en force. Dans sa position, il devrait concerter, développe Pierre, professeur à la fac. Il y a une question de légitimité. On n’a pas voté pour Macron mais contre Le Pen. Et sa réforme, une grande majorité des Français n’en veut pas. »
Dans cette manifestation, organisée par l’intersyndicale de Mantes, on pouvait voir de nombreuses figures locales du militantisme. Mais finalement peu de citoyens lambda. « Les gens applaudissent quand on passe devant eux. Ils nous soutiennent, mais n’ont pas l’habitude de sortir dans la rue », estime un organisateur.
Ce cortège, très politisé donc, comptait des militants d’extrême gauche, notamment du mouvement antifasciste. « On est là pour la retraite à 60 ans », confie avec une pointe d’humour un jeune homme de 26 ans. « Je suis boulanger. À 64 ans, je ne pourrai plus soulever des sacs de farine de 25 kilos. Même à 30 ans, ce sera déjà compliqué. Je pense déjà à me reconvertir », reprend, d’un ton calme et avec des mots choisis, son camarade, un garçon de 25 ans.
Quelques retraités avaient fait le déplacement, « par solidarité ». Une poignée d’étudiants défilaient également. « On est là avant tout pour nos parents, déclare Mathias, en apprentissage dans le BTP. On les voit déjà souffrir. » Son amie Joyce, inscrite en fac de sociologie, n’a « pas envie de vivre juste pour travailler ».
Ils battent le pavé, ils scandent des slogans. Mais dans l’esprit ces jeunes toutefois, les carottes sont cuites concernant l’âge de départ à la retraite, comme le reconnaît Camille, pour qui le recul du gouvernement tient du « faux espoir ».
