Après des mois à agiter la menace d’une confrontation nucléaire, la Russie se dote dans ce domaine d’une nouvelle carte : selon Vladimir Poutine, Moscou a l’intention de déployer sur le territoire de la Biélorussie voisine des armes nucléaires tactiques. Le président russe en a fait l’annonce samedi 25 mars, lors du traditionnel entretien télévisé « Moscou. Kremlin. Poutine ».
Comme il le fait souvent, M. Poutine assure avoir pris cette décision « à la demande » de son homologue, Alexandre Loukachenko. En réalité, celui-ci est depuis 2020, et sa réélection frauduleuse contestée, le complet vassal de Moscou, sans la moindre marge de manœuvre. Le territoire biélorusse, qui sert déjà de base arrière à l’invasion de l’Ukraine, est désormais mis au service du chantage nucléaire que la Russie exerce sur l’Occident.
Le constat n’est d’ailleurs pas entièrement nouveau. Samedi soir, Vladimir Poutine a rappelé que la Russie avait déjà déployé sur le sol biélorusse des systèmes de missiles Iskander capables d’emporter des charges nucléaires ainsi que des avions de combat adaptés dans le même sens. « Dix appareils sont déjà prêts à utiliser ce type d’armes », a-t-il précisé. Début 2022, Minsk avait amendé sa Constitution pour y effacer toute référence à son statut d’Etat dénucléarisé.
La nouveauté réside dans le stockage annoncé de ces armes nucléaires sur le territoire biélorusse. Selon M. Poutine, Moscou aura achevé le 1er juillet la construction d’un centre de stockage d’armes nucléaires tactiques – soit des armes qui contiennent des charges moins puissantes que les armes nucléaires dites stratégiques.
Le président russe a également précisé que celles-ci resteraient sous le contrôle des forces armées russes, ce qui signifie que Moscou « ne viole pas ses engagements internationaux en matière de non-prolifération des armes nucléaires ». Des unités biélorusses seront toutefois formées à l’utilisation des Iskander à partir du 3 avril, a fait savoir le chef du Kremlin.
Détricotage systématique
Outre la supposée demande de son homologue biélorusse, Vladimir Poutine a justifié cette initiative par l’annonce, lundi, que le Royaume-Uni allait fournir à l’Ukraine des obus à uranium appauvri. Ces munitions, efficaces contre les chars et les véhicules blindés, n’ont rien à voir avec les armes nucléaires, même si leur emploi peut se révéler toxique pour les populations et les militaires les maniant.
Le président russe a également établi un parallèle avec les actions occidentales dans le domaine nucléaire. « Il n’y a rien d’inhabituel ici, a-t-il fait valoir. Les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés. »
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