Ils ont défilé sous les yeux surpris des clients. Ce vendredi 22 mars 2024, à Auchan Maurepas (Yvelines), une centaine de salariés de l’hypermarché et des magasins de Coignières, Trappes et du Perray-en-Yvelines ont manifesté durant une heure dans la galerie commerciale et les rayons.
Cette action, qui s’inscrivait dans le cadre d’un mouvement national lancé par quatre syndicats (CFTC, CFDT, FO et CGT), fait suite à l’échec des négociations annuelles obligatoires (NAO) menées au sein de l’entreprise depuis le mois de janvier 2024.
Grosse mobilisation à Buchelay également
À Plaisir ou Vélizy-Villacoublay, mais aussi à Buchelay, près de Mantes-la-Jolie, des mobilisations identiques ont été observées. Quelque 120 salariés de l’hypermarché de Buchelay ont débrayé de 11 h à 12 h 30. Dix-sept de leurs collègues du magasin de Meulan les avaient rejoints.
« Dix-sept sur un effectif de 45 salariés, c’est énorme. »
La dernière fois que les salariés d’Auchan Buchelay avaient fait la grève, c’était en décembre 2021. Cela n’était quasiment pas arrivé pendant les vingt-cinq années qui avaient précédé, indique un employé qui a fait dans ce magasin l’essentiel de sa carrière.
« Salariés en colère, augmentation des salaires ! »
Aux cris de « On a le blues, on veut du flouze » et de « Salariés en colère, augmentation des salaires ! », les grévistes ont défilé dans la galerie commerciale et devant les caisses du magasin, sous le regard approbateur de la clientèle, qui est allée parfois jusqu’à reprendre leurs slogans.
Le mouvement a désorganisé le magasin. Un salarié : « Il y a une photo à faire, regardez : ce sont les chefs qui tiennent les caisses, ça leur fait tout drôle. »
« On ne demande pas la Lune » : une hausse de 5 % des salaires
La direction proposait entre 1,3 et 1,5 % d’augmentation salariale cette année. Les syndicats réclament de leur côté toujours 5 %, soit au niveau de l’inflation (4,9 % en 2023).
« On demande des NAO dignes de ce nom, souligne Sébastien Ledier, élu CFTC à Auchan Maurepas. Toutes nos demandes ont été refusées en bloc : les primes, la majoration des heures de nuit, les tickets-restaurants… »
« Ils se servent du prétexte de la conjoncture, déplore encore le représentant syndical. On ne demande pas la Lune, juste des augmentations de salaire décentes. »
« 1,3 %, cela ne fait même pas 16 € par mois… On n’est pas rémunéré à notre juste valeur. »
Au cours de la négociation, rapporte Luigi Capuano, délégué syndical CFTC d’Auchan Buchelay, la direction a menacé d’abaisser la « remise collaborateurs » de 15 à 10 %. Elle y a finalement renoncé. Depuis plusieurs années, Auchan ne distribue plus de participation sur les bénéfices à ses salariés.
Les salariés dénoncent aussi leurs conditions de travail
Les salariés dénoncent également la dégradation de leurs conditions de travail depuis plusieurs années. « Une nouvelle organisation a été mise en place depuis 2021, détaille Abdellah Azami, employé depuis dix-neuf ans dans l’entreprise. Tous les projets mis en place sont faits pour faire baisser les effectifs. Les salariés sont à bout… » « Un turn-over s’accentue au fil des années », confirme Sébastien Ledier.
« On est au-delà de l’inflation », estime la direction
Du côté de la direction de l’entreprise, on précise que les employés ont déjà obtenu une hausse de 6,6 % en 2023. Avec l’augmentation de 1,5 % en 2024, « on est sur 8,1 % en deux ans, au-delà de l’inflation », souligne-t-elle encore.
Auchan défend donc sa position. « C’est la meilleure proposition au regard de la situation de l’entreprise », estime-t-elle. « Si la direction ne revient pas à la table des négociations avant le 1er avril, il y aura d’autres actions », promet, lui, Abdellah Azami, le délégué syndical CFDT d’Auchan Maurepas.
Alexandre Marqué et Claude Cécile
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