Il y a plus d'un an, Noël Le Graët démissionnait avec fracas de la Fédération française de football (FFF), qu'il dirigeait depuis 2011, après un rapport d'audit accablant de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur sa gestion, sur fond d'accusations de harcèlement sexuel. Les inspecteurs de l'IGESR estimaient dans ce rapport que Noël Le Graët «ne dispos(ait) plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français», compte tenu notamment de son «comportement inapproprié (...) vis-à-vis des femmes» Quelques heures après son départ, son avocat avait annoncé une plainte, affirmant que Amélie Oudéa-Castera avait «menti» sur ce rapport.

Comme le rappelait TF1, Son avocat pointait du doigt une différence entre la synthèse du document, qui évoquait l'envoi par Noël Le Graët de «SMS ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres», et son intégralité. Si ladite synthèse avait été publiée le 15 février dernier, la teneur du reste du rapport n'a, elle, jamais été divulguée. La mission d'inspection aurait en effet constaté «un faible nombre d'écrits (SMS notamment) produits par le président de la FFF utilisant des formulations ambigües pouvant recevoir différentes interprétations et un vocabulaire ne comportant aucun terme à caractère sexuel».

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La «faillite» de Noël Le Graët

Plus tôt, dans un entretien accordé à La Dépêche, la ministre des Sports avait salué la mise en retrait de Noël Le Graët et pointé du doigt sa «faillite» qui était «consommée». Selon l'AFP, Amélie Oudéa-Castéra a été mise en examen au mois de décembre dans l'enquête de la Cour de Justice de la République (CJR) après la plainte en diffamation de Noël Le Graët. Une information judiciaire est en effet ouverte à la CJR, seule juridiction habilitée à juger les ministres dans l'exercice de leurs fonctions, depuis le 21 juin pour examiner la plainte de l'ex-patron du foot français. Dans un communiqué, Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, qui fait office de ministère public à la CJR, a confirmé la mise en examen de la ministre par la commission d'instruction pour «diffamation publique envers un particulier».

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Pour l'heure, l'avocat d'Amélie Oudéa-Castera n'a pas souhaité commenter. Celui de Noël Le Graët n'était pas joignable immédiatement. A l'ouverture de l'information judiciaire, le ministère des Sports avait assuré qu’Amélie Oudéa-Castera était «sereine» et «prête à répondre», ce qu'elle a fait «publiquement et à différentes reprises ces derniers mois, aux accusations infondées de Noël Le Graët». Il soulignait également une différence entre la synthèse du document, publiée le 15 février qui mentionnait des «paroles» et des SMS, «des propos ou des écrits ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres», et son intégralité.

Ce rapport n'a pas été rendu public mais la procédure en matière de droit de la presse rend quasiment automatique, après une plainte en diffamation, la saisine d'un juge d'instruction et la mise en examen de l'auteur des propos, le débat de fond se déroulant à l'audience. La jurisprudence est toutefois différente devant la CJR. En 2014, sa commission des requêtes avait ainsi classé une plainte en diffamation du polémiste controversé Dieudonné contre Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, estimant d'emblée que le délit de diffamation n'était pas suffisamment caractérisé.