116 bébés ont été secoués depuis le début de l’année: le fléau de cette violence à huis clos

Ce drame intrafamilial a fait l’objet d’une journée de réflexion à Nice. Le but ? Lever le tabou sur ces violences qui conduisent à de lourdes séquelles, voire au décès des enfants. Un des leviers clés : la prévention.

Article réservé aux abonnés
Margot Dasque Publié le 28/03/2024 à 07:00, mis à jour le 28/03/2024 à 07:00
Depuis le début de l’année 2024, 116 bébés ont été secoués. (Photo d’illustration N.-M.)

"Après ce que lui a fait la nourrice, il est devenu malvoyant." "Il est si dur de ne pas savoir qui a fait du mal à notre bébé." "Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête…" Ces témoignages émanent de parents, anonymes, qui se confient sur la toile. Ce qu’ils partagent? L’horreur du bébé secoué.

Les statistiques parlent de 500 victimes par an, on en compte déjà 116 depuis le début de l’année. Un chiffre glaçant qui serait sous-estimé selon Maryline Koné, cofondatrice de Stop Bébé Secoué: "Dans le système de codification hospitalière, il n’existe pas de code spécifique. Il n’y a pas de recensement du nombre de cas et nous savons qu’une partie passe sous les radars. Nous demandons que ces données existent afin d’avoir une vision de la situation et de son évolution."

Le besoin d’un observatoire

La nécessité de données actualisées, de recherches est criante. "On constate que 70% des auteurs sont les pères, 20% des assistantes maternelles et 10% des mères dont le profil est particulier", indique Aude Lafitte, fondatrice de l’association Avi (Action contre les violences infantiles) qui appelle de ses vœux la création d’un observatoire dédié.

Le sujet, extrêmement délicat, a fait l’objet d’une journée de réflexion, ce lundi 25 mars à Nice. Experts, citoyens engagés, professionnels de santé, de la justice ainsi que représentants des forces de l’ordre ont échangé dans le but de mieux repérer, mieux prendre en charge, mieux comprendre ce drame de l’intime.

"Des progrès ont été réalisés, mais je reste inquiet", confie Adrien Taquet, ex-secrétaire en charge de l’Enfance et des Familles au micro du Centre universitaire méditerranéen. Des mesures et recommandations existent, certes. Mais il faut davantage.

Face au fléau, l’accessibilité à l’information reste un enjeu crucial. "D’autant plus dans notre société où l’image d’une parentalité parfaite est diffusée sur les réseaux sociaux", rappelle la référente de l’association Stop Bébé Secouée fondée en 2019: "Par manque de temps, parfois par tabou, les professionnels n’abordent pas toujours les risques avec les futurs parents." Alors qu’il faudrait que la personne enceinte et sa moitié puissent bénéficier de la même approche, de la même sensibilisation: "Le suivi post-natal ne concerne que la femme qui a accouché, alors que selon les foyers ce sont bel et bien deux adultes qui s’occupent de l’enfant."

C’est là tout l’enjeu des cercles de parole portée par l’infirmière puéricultrice Élodie Emo, cofondatrice d’un collectif rassemblant ses homologues: "Ce cadre permet d’évoquer les difficultés, les questionnements et de faire passer des messages."

Une violence en récidive

Ouvrir le débat, c’est parler de la "nécessité de la mise en place d’une vraie politique gouvernementale". Cité en exemple par Maryline Koné, le Canada s’est "saisi du syndrome avec un plan de prévention" généralisé: "Il faut qu’il soit de même en France, aussi bien dans les établissements publics que privés."

Et il y a urgence selon la référente: "Dans 50% des cas, il y a récidive." Freiner le sinistre mécanisme, c’est sauver des vies.

Repérer précocement tout signe de suspicion, c’est intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Arrêter de banaliser la violence et de la rendre excusable, c’est aussi porter secours.

Numéros à connaître

Des numéros d’appels sont à la disposition des parents.
- Comme la plateforme de SOS Parentalité, service anonyme et gratuit proposé par le Réseau Parentalité Créative, du lundi au samedi de 14 heures à 17 heures au 09.86.87.32.62.
- Ressource utile : Allo parents bébé qui propose l’écoute de professionnels de la petite enfance gratuitement au 0.800.00.34.56, du lundi au vendredi de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures.
- L’Ircem offre également une oreille attentive aux salariés du particulier employeur (on pense ici aux assistants maternels) au 0.980.980.990, du lundi au vendredi de 8 h 30 à 18 heures.
- On ne le rappellera jamais assez : le 119, service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger, ouvre ses lignes 24h/24, 7j/7.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Var-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.