Si les architectures CPU x86 et ARM dominent actuellement, une voie alternative est en train de monter rapidement avec l'architecture RISC-V. Cette dernière est très loin d'avoir la masse critique et le support de systèmes dominants mais elle connaît un fort regain d'intérêt dans le contexte international actuel.

La montée des tensions entre superpuissances et les restrictions imposées par les Etats-Unis pour freiner la Chine ont mené au blocage de l'accès des grandes familles de CPU et GPU.

L'industrie chinoise doit trouver des solutions sous peine de ne plus pouvoir progresser et l'architecture RISC-V pourrait être un moyen de gagner son indépendance et de ne plus avoir à dépendre des technologies occidentales...du moins si les Etats-Unis ne cherchent pas à réguler l'accès à cette plate-forme.

Mais elle dispose d'un autre atout la rendant particulièrement intéressante : elle repose sur des bases open source lui donnant une grande flexibilité et la possibilité pour chacun de l'adapter à ses besoins.

RISC-V, un nouveau territoire à découvrir

De fait, RISC-V peut être un moyen de sortir des architectures fermées et des droits de licence afférents. Encore faut-il disposer d'un soutien suffisant. L'écosystème RISC-V essaie de se consolider et d'attirer du beau monde qui permettra ensuite de bénéficier un support matériel et logiciel plus étendu.

Les grands groupes high-tech s'y intéressent surtout en tant que projets de recherche, à l'image d'Intel qui a tenté de racheter SiFive, concepteur de coeurs CPU RISC-V et qui l'envisage pour de futurs composants pour supercalculateurs zettascale, mais d'autres, comme Google, pourraient lui donner une tournure concrète plus rapidement.

RISC V logo

Des documents mis au jour par Bloomberg concernant les perspectives de SiFive suggèrent que la firme devrait connaître une belle croissance cette année après des pertes l'an dernier, notamment grâce à son nouveau processeur RISC-V qui aurait trouvé preneur chez un gros client spécialisé en IA.

Google met du RISC-V dans ses TPU

Il est question d'un partenariat entre SiFive et Google pour la conception d'une deuxième génération de composant dédié TPU (Tensor Processing Unit) pour l'intelligence artificielle.

Utilisés d'abord pour les besoins propres de Google, les systèmes avec TPU sont désormais proposés à des clients tiers pour entraîner des intelligence artificielles, rappelle le site The Register.

Google TPU

Certains de ces TPU utilisent déjà des puces RISC-V de SiFive comme coprocesseurs et les documents suggèrent que Google pourrait chercher à étoffer ce partenariat initial et recourir plus significativement à cette architecture dans sa prochaine génération d'accélérateur IA.

La logique voudrait que le nouveau processeur x390 RISC-V 64-bit de SiFive présenté il y a quelques mois se retrouve de nouveau comme coprocesseur dans les TPU de Google, et peut-être à une échelle plus large que précédemment.

On ne verra pas encore des machines grand public en RISC-V sous peu avec cette alliance mais cela continue de donner de la crébilité à cette architecture. Récemment, Scaleway (groupe Iliad) a lancé une offre donnant accès à des serveurs RISC-V pour permettre aux entreprises de tester cette alternative et développer des applications.

C'est encore majoritairement du bricolage et de l'expérimental mais cela ouvre une fenêtre vers de nouvelles opportunités dont les prochains trimestres diront si elles sont payantes ou non.

Source : The Register