L'essentiel de ce qu'il avait à dire se trouvait exprimé dans sa déclaration préliminaire conçue à peu près en ces termes :
" Mon inculpation se fonde sur un rapport au président de la République. J'aurais apporté au mouvement insurrectionnel le concours de deux régiments en les dirigeant vers Alger. J'aurais également pris irrégulièrement les fonctions de chef d'état-major de la zone Nord-Algérois. J'affirme que ces griefs sont mal fondés. Je n'étais pas au courant de la préparation d'un mouvement que j'ai appris le 22 avril à 11 h. 30. La division était alors en opération. Une manœuvre devait avoir lieu le 23. Et le 22 j'ai appris, à 5 heures, que cette manœuvre ne pourrait avoir lieu, le 14e et le 18e R.C.P. étant partis. Je rendis compte aussitôt. Les chefs des régiments restant encore furent convoqués au P.C. Le commandant du 1er R.C.P. et du 8e R.P.I.M.A. firent part d'une grande agitation dans leurs unités et signalèrent qu'elles risquaient de leur échapper.
" Je demandais au général Autrand de prendre des mesures. J'estimais que l'opération prévue pouvait quand même avoir lieu avec plus ou moins d'ampleur. Vers 9 heures le général décida cependant de l'annuler et de ramener les régiments sur leurs bases. En fin de matinée les colonels revinrent demandant des mesures d'urgence. C'est également à ce moment que les avions qui devaient servir à la manœuvre prévue décollèrent pour Alger emmenant le 1er R.C.P. On ne me reproche pas ce départ. Les ordres pour ce décollage ne venaient en effet pas de moi. Mais l'effervescence continuait. Des unités du 2e R.E.P. et du 8e R.P.I.M.A. menaçaient de faire mouvement elles aussi. Trois régiments nous avaient échappé. Deux autres allaient en faire autant.
" Je demandai au général de faire acte d'autorité, en un mot de faire acte de commandement. Il me dit qu'il ne ferait rien et qu'il me laissait toute initiative. Je décidai donc de prendre à mon compte la décision la plus judicieuse pour calmer ces unités. C'était de donner un ordre collectif de mouvement. J'ordonnai donc ce mouvement sur l'ouest d'Alger, à une trentaine de kilomètres de la ville. Le général Autrand assista à notre départ. Arrivé le 23, je décidai de m'installer à In-Taiat avec le 2e R.E.P., le 8e R.P.I.M.A. demeurant à Sidi-Ferruch.
Il vous reste 84.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.