Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le colonel Bréchignac est condamné à deux ans de prison avec sursis

De tous les accusés déférés devant lui, le colonel Bréchignac a été celui pour lequel le Haut tribunal militaire s'est montré le plus indulgent : deux ans de prison avec sursis. C'est dire que sa défense a été efficace. Elle fut la plus technique. Chef d'état-major du général Autrand, commandant la 25e division parachutiste, le colonel Bréchignac fut le premier accusé à ne rien dire des rituels " problèmes de l'armée ".On n'a pas connu davantage ses sentiments sur Maurice Challe et sur ses compagnons, ni ses idées personnelles sur leur entreprise. Approuvait-il ? Désapprouvait-il ? Comme il avait sagement décidé de plaider uniquement les faits, il s'est appliqué à en donner une version qu'il assurait être la seule vraie. Il en résulte - et ce fut l'originalité du débat - que ce colonel ne tenait pas en haute estime le général dont il était le chef d'état-major, et auquel il a franchement reproché de ne pas avoir été capable de faire acte de commandement.C'est pour pallier cette carence qu'il a Jugé nécessaire de prendre les décisions qui lui étaient reprochées. Voilà pourquoi il a cru bon et utile de donner l'ordre à deux unités de la division de quitter leurs bases de Philippeville et de se mettre en route pour l'Algérois. Voilà pourquoi il a pris lui-même leur tête. " Ainsi, expliquait-il en substance, j'ai maintenu la cohésion, car de toute façon ces gens seraient partis, trois régiments ayant déjà fait mouvement de leur propre autorité, ce qui entraînait une agitation inquiétante dans les rangs de ceux qui demeuraient encore. "Le raisonnement comportait sa faiblesse, et le président Patin ne manqua pas de s'étonner : si le colonel disposait de cette autorité qui faisait tant défaut à son général, que n'en usa-t-il pour maintenir ces unités où elles étaient, plutôt que de les conduire où elles n'avaient que faire ? À cela le colonel a répliqué que pour exercer au mieux cette précieuse autorité il fallait en quelque sorte user...

Le Monde

Publié le 28 juin 1961 à 00h00, modifié le 28 juin 1961 à 00h00

Temps de Lecture 12 min.

Article réservé aux abonnés

L'essentiel de ce qu'il avait à dire se trouvait exprimé dans sa déclaration préliminaire conçue à peu près en ces termes :

" Mon inculpation se fonde sur un rapport au président de la République. J'aurais apporté au mouvement insurrectionnel le concours de deux régiments en les dirigeant vers Alger. J'aurais également pris irrégulièrement les fonctions de chef d'état-major de la zone Nord-Algérois. J'affirme que ces griefs sont mal fondés. Je n'étais pas au courant de la préparation d'un mouvement que j'ai appris le 22 avril à 11 h. 30. La division était alors en opération. Une manœuvre devait avoir lieu le 23. Et le 22 j'ai appris, à 5 heures, que cette manœuvre ne pourrait avoir lieu, le 14e et le 18e R.C.P. étant partis. Je rendis compte aussitôt. Les chefs des régiments restant encore furent convoqués au P.C. Le commandant du 1er R.C.P. et du 8e R.P.I.M.A. firent part d'une grande agitation dans leurs unités et signalèrent qu'elles risquaient de leur échapper.

" Je demandais au général Autrand de prendre des mesures. J'estimais que l'opération prévue pouvait quand même avoir lieu avec plus ou moins d'ampleur. Vers 9 heures le général décida cependant de l'annuler et de ramener les régiments sur leurs bases. En fin de matinée les colonels revinrent demandant des mesures d'urgence. C'est également à ce moment que les avions qui devaient servir à la manœuvre prévue décollèrent pour Alger emmenant le 1er R.C.P. On ne me reproche pas ce départ. Les ordres pour ce décollage ne venaient en effet pas de moi. Mais l'effervescence continuait. Des unités du 2e R.E.P. et du 8e R.P.I.M.A. menaçaient de faire mouvement elles aussi. Trois régiments nous avaient échappé. Deux autres allaient en faire autant.

" Je demandai au général de faire acte d'autorité, en un mot de faire acte de commandement. Il me dit qu'il ne ferait rien et qu'il me laissait toute initiative. Je décidai donc de prendre à mon compte la décision la plus judicieuse pour calmer ces unités. C'était de donner un ordre collectif de mouvement. J'ordonnai donc ce mouvement sur l'ouest d'Alger, à une trentaine de kilomètres de la ville. Le général Autrand assista à notre départ. Arrivé le 23, je décidai de m'installer à In-Taiat avec le 2e R.E.P., le 8e R.P.I.M.A. demeurant à Sidi-Ferruch.

Il vous reste 84.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.