Influenceurs : pourquoi la mode masculine émerge en 2024 ?

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Influenceurs : pourquoi la mode masculine émerge en 2024 ?

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Farid Boumayla, créateur de contenu "mode" cumulant plus de 170 000 abonnés sur les réseaux sociaux.
Farid Boumayla, créateur de contenu "mode" cumulant plus de 170 000 abonnés sur les réseaux sociaux.
- Friengo

Quand on pense aux influenceurs mode, on pense rarement aux hommes et pourtant ils existent bel et bien. Ces nouvelles boussoles de la mode fleurissent sur nos écrans. Qui sont ces hommes qui se démarquent par le style, l'élégance, la sobriété ou l'extravagance au service des autres ?

Parmi la dizaine de créateurs de contenus sur le créneau de la mode pour homme, on retrouve Friengo (Farid Boumayla). Ce jeune homme de 28 ans s'intéresse au vêtement depuis plus d'une dizaine d'année et a décidé de franchir le cap en 2017 en partageant sa passion sur les réseaux sociaux. "C'est en voyant tous ces hommes porter des chinos extra-slim à Paris" qu'il a décidé de commencer à donner des conseils nous glisse-t-il sur le ton la blague. Entouré d'une communauté de plus de 170 000 abonnés, Friengo remarque que les hommes se décomplexent et ont saisi le plaisir de bien s’habiller. Comment expliquer ce phénomène ? "Les réseaux sociaux facilitent le processus car ils apportent des communautés et les hommes se rendent compte qu’ils ne sont pas les seuls dans leur quête de style et d’élégance. Je pense que les hommes ont toujours eu cela." analyse-t-il.

Luca Gallaccio, lui aussi créateur, nous explique s'inspirer de ce qu'il voit dans la rue et dans les films, un peu à la "Fred et Jamy mais sur la thématique du vêtement." Que ce soit Luca ou Friengo, il y a ce choix de l'originalité avec une pointe de paradoxe : "Je m’inspire que rarement des gens de la mode. J'évite autant que possible le contenu menswear et les tendances" explique Friengo. Mais où tirer son inspiration dans ce cas ? C'est là que l'on apprend que plusieurs mondes peuvent s'embrasser. La mode et le cinéma pour Luca, la musique et la mode pour Friengo.  La cérémonie des Flammes était le témoin de ce mariage entre ces deux univers avec des artistes qui avaient beaucoup misé sur le style et le flow au point d'en devenir un sujet parallèle à la musique. "Je tire mes influences de nombreux domaines artistiques notamment de la musique. Je trouve quelque-chose de magique aux personnes élégantes qui viennent d’autres univers. Elles me donnent l’impression d’être élégantes sans l’avoir recherché consciemment." Friengo.

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Un style qui n'a pas de prix ou un style au prix fort ?

« Le luxe est une affaire d'argent. L'élégance est une question d'éducation » disait Sacha Guitry. Est-ce totalement vrai dans les faits ? Pas tellement. Malik, 29 ans, est confronté à la limite du prix, car bien s'habiller... ça coûte cher ! Cet amateur de mode suit plusieurs influenceurs pour peaufiner son style. Avant, il estimait déjà avoir son propre style, mais il a eu le déclic il y a 2 ans. Il reconnaît avec le sourire essayer de copier Friengo. Ces comptes permettent à Malik "d'être à jour sur les tendances et les couleurs actuelles. Il y a cette envie de sortir du lot, d'acheter une marque pas très connue et sortir du Zara ou H&M.

Et il est vrai que la question du prix est une problématique incontournable sur le sujet. "En France, tout le monde recherche des vêtements de qualité, à tout petit prix [...] la fast fashion a brouillé les points de référence et c’est à nous en tant que créateurs de contenu mode, d’expliquer qu’on ne peut pas avoir une pièce premium neuve, avec un super style, pour une dizaine d’euros." nous explique Friengo. Toutefois, Il est possible de s'habiller pour pas chère grâce au vintage/fripes, mais cela reste tout de même assez compliqué nuance Luca Gallacio. "L’élégance ne s’achète pas [...] On me demande souvent des formules magiques (de la qualité pour pas cher). Je leur réponds que c’est difficile en neuf, la qualité se paye, sauf en seconde main où on peut s’offrir de magnifiques choses."

Mehmet, amateur de mode lui aussi estime que tout est une question de compromis au niveau du prix. "Je ne dirais pas que le prix est un frein au bon style. Quand tu commences un peu à chercher la bonne matière quand tu commences un peu à apprendre sur les tissus, les marques qui proposent des vêtements pas cher deviennent moins attrayantes. Par exemple, Léon Doré est une marque incroyable avec des pièces ultra chères qui m’attire plus qu’un Zara. Mais la vérité du compte en banque te rattrape vite et donc tu essayes de jongler et de t’inspirer."

Et aujourd’hui, comme il y a 10 ans, il y a encore beaucoup à faire pour donner aux hommes l’envie de cultiver leur style comme Malik ou Mehmet. Néanmoins, Friengo note un manque de diversité dans les choix mais pas dans la quantité. "Le paysage de la mode masculine n’a pas beaucoup changé en France : on a toujours aussi peu de marques qui proposent un style distinct et à l’inverse beaucoup de labels qui visent le profil du cadre CSP+, fraîchement sorti d’école de commerce (pas de jugement, j’en ai fait une aussi hahaha) avec des collections de vêtements insipides."

Pour Mehmet, un brun fataliste, il faudra sans doute changer les mentalités et notre mode de consommation. "On sait très bien que derrière un T-shirt à 2 euros il y a quelque chose d’horrible pour pour la planète et pour les gens qui font c*es T-shirt de la fast-Fashion. C’est une plaie pour le monde, mais c’est pas la faute des pauvres, c’est les entreprises qui préfèrent aller vers le moins cher, et on leur permet de faire ça. Donc peut-être que dans le futur, ça sera comme dans les années 50 et qu’on aura 3 T-shirt pour toute la vie."