Capitaux recherchés: 20 millions d’euros
Développer d’ici à 2027 un petit avion zéro émission, propulsé à l’hydrogène. C’est le pari de la start-up Blue Spirit Aero (BSA), à Rueil-Malmaison, créée en 2020 par Olivier Savin (52 ans, SupAero, Université Paris-Sud, Stanford), expert de l’hydrogène passé par Honeywell et Dassault Aviation, et Eric Bidinger (52 ans, Stanford, Wharton School), ancien de Merrill Lynch et Goldman Sachs. L’appareil, baptisé Dragonfly, affiche un design novateur breveté: il intègre une douzaine de petits moteurs électriques, six le long de chaque aile, alimentés par une pile à combustible hydrogène. "Cette propulsion distribuée a plusieurs avantages : elle permet une plus grande sécurité, l’hydrogène étant dans les ailes et non dans le fuselage près des passagers, mais aussi une grande robustesse à la panne : l’avion peut voler avec seulement quatre moteurs", explique Olivier Savin. Le temps de recharge des 15 kg d’hydrogène embarqués par avion est réduit au temps nécessaire au remplissage des réservoirs, soit quelques minutes.
BSA travaille sur une première version à quatre places dédiées aux écoles de pilotage et aéroclubs, dont le premier vol est prévu début 2025 et la certification en 2026 (600.000 pilotes commerciaux à former dans les 20 prochaines années dans le monde). Ce modèle cible 700 km de distance franchissable à une vitesse de croisière de 230 km/h, avec environ trois heures d’autonomie. Dans la foulée, la société compte décliner d’autres versions, dont un six places dédié au transport VIP que la société espère certifier en 2028, un huit places et, à l’horizon 2030, un quatorze places. Une variante drone pourra être développée pour le secteur de la défense.
Blue Spirit Aero, qui a déjà démontré la viabilité des différentes briques technologiques, a besoin de 5 millions d’euros pour les intégrer et les tester en vol dans un Dragonfly de démonstration, puis de 15 millions supplémentaires pour mener les travaux de certification et de pré-industrialisation. Soutenue par le plan France 2030 et par Dassault Systèmes, elle prévoit de passer de sept salariés aujourd’hui à une cinquantaine à l’horizon 2026. L’ambition est de disposer d’une capacité de production de 120 avions par an d’ici à 2028-2029.
La concurrence s’annonce intense, avec des gros bonnets américains comme ZeroAvia et Universal Hydrogen, l’allemand H2Fly ou le français Beyond Aero. Mais cette compétition n’effraie pas BSA : "Nous sommes les seuls à avoir développé l’architecture de notre avion spécifiquement pour l’hydrogène", assure Olivier Savin. Qui assure que son projet est le mieux calibré pour être certifié rapidement par les régulateurs de l’aviation (EASA en Europe, FAA aux Etats-Unis).
Contact : olivier.savin@bluespiritaero.com