Habitante de Bernay, Perrine veut créer un modèle de ferme bio coopérative

Perrine Bulgheroni, s'est lancée dans un autre projet : créer un modèle viable humainement, économiquement et écologiquement pour les agriculteurs. 

Perrine Bulgheroni a cofondé la ferme de permaculture du Bec-Hellouin, une référence dans son domaine qui travaillait déjà dans le développement d'une agriculture adaptée aux changements climatiques.
Perrine Bulgheroni a cofondé la ferme de permaculture du Bec-Hellouin, une référence dans son domaine qui travaillait déjà dans le développement d'une agriculture adaptée aux changements climatiques. ©DR
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« D’ici 2030, 48 % des agriculteurs vont partir à la retraite. Quelle autre population active va voir près de la moitié de son effectif partir ? C’est une véritable hémorragie qui arrive », alerte Perrine Bulgheroni.

Plus connue comme étant l’une des fondatrices de la ferme biologique de permaculture du Bec-Hellouin, Perrine Bulgheroni s’est lancée dans une nouvelle aventure : celle de créer « un modèle d’exploitation agroécologique viable humainement et économiquement pour les agriculteurs ». 

La maraîchère poursuit son travail entamé au Bec-Hellouin en développant une agriculture résiliente : répondre au changement climatique, être moins dépendants des aléas extérieures et permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur métier.

Pour cela, elle s’appuie sur le modèle de la ferme collective ou dite partagée. À travers ce projet, elle souhaite proposer un modèle écologique, économique et humain aux agriculteurs et transposable dans toute la France. Explications. 

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Répondre aux besoins des nouveaux agriculteurs

Un phénomène touche le monde agricole depuis plusieurs années, notamment dans l’univers du bio : l’arrivée de personnes non issues du milieu agricole (surnommés des NIMA ou des néo-agriculteurs).

Les enfants d’agriculteurs sont de moins en moins nombreux à reprendre les terres de leurs parents. Ils sont parfois découragés par les parents eux-mêmes, car ils ne veulent pas transmettre la difficulté du métier.

Perrine Bulgheroni

Le problème : ces nouveaux arrivants « ne sont pas forcément acclimatés à la vie rurale, comme sur le fait qu’il y ait moins de services, ou aguerris face aux réalités du métier. Un agriculteur n’a pas de week-end et pratiquement pas de vacances. »

Le savoir et le vivre est différent. La solution est toute trouvée : une ferme collective composée de diverses filières agricoles.

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Elle en est persuadée, ce modèle est la réponse aux différentes problématiques rencontrées par les agriculteurs d’aujourd’hui : mettre fin à la solitude du métier et baisser les charges en mutualisant les coûts pour in fine attirer de nouveaux exploitants.

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« Un maraîcher peut donner ses légumes abîmés à l’éleveur de poules et le fumier peut être donné au maraîcher, cite-t-elle en exemple. Il y a la possibilité d’échanger du temps de travail pour que les agriculteurs puissent avoir des jours de vacances avec la mise en place d’un tableau d’astreinte. »

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Une ferme pilote

Évidemment, rien de révolutionnaire. Tout cela existe déjà. Comme elle le rappelle, à Malouy, il y a la ferme de l’Espérance avec deux familles. Qu’est-ce qui change ?

On a observé une multiplication de ces fermes en France. Mais on a aussi remarqué un nombre d’échecs importants, car les agriculteurs ne sont pas préparés, notamment au niveau de la gouvernance qui pose souvent le plus problème

Perrine Bulgheroni

Avec ce projet, elle veut se servir de cette exploitation comme un terrain de recherches, une sorte de ferme pilote, grandeur nature pour trouver un modèle complet exportable et ajustable dans toute la France.

Elle a pris contact avec des chercheurs et des formateurs comme l’école de commerce EM Normandie, « qui souhaite analyser le modèle économique et de gouvernance » et bien sûr les écoles d’agroalimentaire. « Mais il y aura une vraie activité agricole », tient-elle à préciser.

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Pour cela, elle a créé l’association Système agraire solidaire. Je serai une sorte de cheffe d’orchestre pour mettre en place un modèle économique, juridique et de gouvernance viable pour les agriculteurs. En fonction de leurs ressentis et leurs expériences, on pourra adapter le modèle.

Remettre la ferme au cœur du village

Grâce à l’association, elle espère aussi la transformer en terrain pédagogique en engageant un animateur. Car cette ferme collective, Perrine Bulgheroni veut l’intégrer à la vie des habitants des alentours. Ainsi, elle a pensé à un slogan pour l’association : remettre la ferme au cœur du village.

Je pense qu’il est important de remettre la production de nourriture aux yeux des consommateurs.

 Perrine Bulgheroni

L’exploitation est en cours de création. Elle devrait s’installer en Seine-Maritime ou dans l’Eure. Quelques agriculteurs se disent prêts à participer au projet. Elle espère rassembler une dizaine d’entre eux, d’horizons différents pour commencer l’activité d’ici la fin de l’année 2024.

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« Dans mes premiers contacts, j’ai autant de nouveaux arrivants dans le métier que des personnes déjà installées depuis longtemps », se réjouit-elle.

Estimé à 400 000 euros (un quart de la somme a été récoltée), le projet à trouver un soutien de la part de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Elle est la seule lauréate dans l’Eure d’un appel à projets sur les démarches low-tech (des outils ou des systèmes utilisant peu de ressources tout en répondant aux besoins essentiels). « Cela reste une reconnaissance importante prouvant que ce projet a du sens ». 

Pour plus d’informations sur le projet, vous pouvez contacter Perrine Bulgheroni via son compte LinkedIn (Perrine Bulgheroni [ex Hervé-Gruyer]).

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