Milan-Sanremo | Julian Alaphilippe, une crevaison mais un rebond : "Ça pouvait être son jour"

Il fallait remonter au Tour de Lombardie 2021 pour trouver trace d'un Julian Alaphilippe à pareille fête sur un Monument (6e). Une éternité donc et le Français a pu mesurer à quel point Woody Allen avait raison quand il avançait que celle-ci était "longue, surtout vers la fin". Ce n'est pas que le Français n'essayait pas, c'est qu'il ne pouvait plus. Sur ce Milan-Sanremo 2024, on l'a un peu retrouvé. Ce n'est pas lui qui a allumé le Poggio comme en 2017, 2019 ou 2020 mais il a tenu les roues des meilleurs. Et sans la poisse qui est revenue toquer à sa porte dans le final, il aurait pu, lui aussi, tenter le coup du siècle.

Il y avait peut-être des indices sur la bonne forme du jour du Français de la Soudal-Quick Step mais ils étaient durs à déceler. Quand il l'a vu à l'arrière du peloton dans le premier des capi, ces petites bosses qui annoncent le final, l'observateur aurait pu penser qu'une fois de plus, Alaphilippe n'y était pas, qu'il allait disparaître. Mais celui-ci se savait suffisamment fort pour remonter plus tard et trôner, au milieu des meilleurs dans la Cipressa, comme dans le Poggio.

On ne peut qu'imaginer les frissons qu'il a pu ressentir à côté des Pogacar ou Van der Poel qui ont pris la place d'acteurs principaux des classiques, Milan-Sanremo en tête. On ne lui prêtera pas une envie de revanche face aux commentaires, y compris dans son camp, acerbes puisqu'Alaphilippe ne les a pas mentionnés. "Je suis satisfait de ma course. Je me suis senti bien toute la journée. On a fait un beau final je pense. J'avais de bonnes jambes, ça m'a fait plaisir d'être à l'avant dans le final", souriait-il après sa 9e place malgré une crevaison sous la flamme rouge.

S'il a déjà gagné sur la Via Roma (2019), Alaphilippe ne s'est jamais présenté seul sur la ligne. En 2017 comme en 2020, il fut battu au sprint par des puncheurs rapides mais ce samedi, sa seule chance résidait dans une attaque au bon moment dans le final. Il n'a pas pu la tenter. "Malheureusement, j'ai crevé à un kilomètre de l'arrivée, confie-t-il. Ce n'est pas rageant, c'est juste comme ça. Ça va tourner à un moment donné."

Sur ce point précis, à savoir l'idée que les bons résultats vont revenir, ses premières sorties de 2024 n'avaient pas donné toutes les garanties, comme l'a rappelé notre consultant Steve Chainel dans les Rois de la Pédale : "Sur Tirreno-Adriatico, il a été plutôt inquiétant, y compris sur l'aspect tactique. Aujourd'hui, je l'ai trouvé ultra-rassurant. Sur l'attaque de Pidcock, Julian est dans sa roue et on le voit taper sa roue. Il sent qu'il a crevé ! Ça pouvait être son jour." La poisse qui l'accompagne depuis longtemps maintenant n'a donc toujours pas décidé de le laisser tomber.

"C'est décevant d'avoir eu cette crevaison, parce que sans elle, je suis sûr que j'aurais pu terminer plus haut dans le classement, estime Alaphilippe. Quoi qu'il en soit, un Top 10 sur le premier Monument de l'année n'est pas un mauvais résultat" Le Français espère désormais poursuivre sa marche en avant et regarde vers la Belgique et notamment le Tour des Flandres. "Quand on sait qu'il a prévu son pic de forme sur le Ronde, il me tarde de le voir", s'enflamme Chainel. Et si Alaphilippe était proche de son meilleur niveau ?