La Maison Drouault  vend désormais ses couettes et oreillers aux palaces du monde
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La Maison Drouault  vend désormais ses couettes et oreillers aux palaces du monde

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La Maison Drouault, maître-duvetier au Mans, s’est positionnée sur deux marchés dont elle était étrangère : l’hôtellerie et l’international. Un alignement sur l’ensemble du groupe lorrain Home Heritage (ex-Dodo) qui porte ses fruits avec une croissance à deux chiffres en 2023.

La Maison Drouault compte doubler la part de chiffre d'affaires réalisée à l'export — Photo : Home Heritage

Créée en 1850, la Maison Drouault doit sa longévité à son savoir-faire unique dans l’ennoblissement de plumes et duvets de canards et d’oies. Ses couettes et oreillers haut de gamme se retrouvent principalement sur les lits des particuliers. Mais depuis 2019, l’entreprise sarthoise a décidé de se positionner aussi sur l’hôtellerie. Un segment qui permet notamment un développement à l’étranger.

Viser le grand luxe, les palaces, les hôtels du monde

"L’international représente 12 % du chiffre d’affaires de l’entreprise et du groupe, on veut doubler cette part d’ici cinq ans", explique Jonathan Hannaux, directeur général adjoint du groupe Home Héritage, propriétaire de la Maison Drouault depuis 2004. La stratégie du groupe, dont le siège social est basé à Saint-Avold (Moselle), semble payante : "On a enregistré une croissance à deux chiffres en 2023" dans l’hôtellerie dans l’usine du Mans. L’an passé, la Maison Drouault a réalisé 31 millions d’euros de chiffre d’affaires.

En France, le groupe cible l’ensemble du marché. Aux chaînes hôtelières comme B & B Hôtels, s’ajoutent des noms prestigieux : Le Crillon, le Lutetia et le Cheval Blanc à Paris. À l’international en revanche, l’activité se concentre uniquement sur les palaces et les hôtels de luxe. Par exemple le Burj al Arab, cet hôtel en forme de voile à Dubaï. Les pays du Golfe sont d’ailleurs un bon marché, pour le fabricant de literie, les États-Unis aussi.

Des oreillers jusqu’ici peu rentables à se vendre à l’export

Rien ne prédestinait un fabricant de produits à base de plumes et duvets à exporter. "Les coûts de transport sont coûteux, donc nos produits volumineux ne correspondent pas à un produit type export", pointe Jonathan Hannaux.

Mais la Maison Drouault peut aussi corriger le coût du transport avec un catalogue complété par ceux des autres sociétés détenues par Home Héritage. Se joignent ainsi articles de literie, couvertures, linges, protection de lit, etc. produits respectivement par Dodo, Poyet Motte, Anne de Solène, Textiles Lasson… "À première vue, c’est difficile de faire la différence entre des oreillers blancs. On a donc travaillé la plateforme de marques pour vendre le confort et la qualité", explique le dirigeant.

Jonathan Hannaux, directeur général adjoint du groupe Home Héritage, propriétaire depuis 2004 de la Maison Drouault — Photo : Home Heritage

De son côté, le secteur de l’hôtellerie se refait une santé : les voyages ont repris après deux ans de ralentissement lié à la pandémie. La rénovation de grandes chaînes hôtelières et la construction de nouveaux hôtels génèrent des commandes plus volumineuses.

De plus, les commentaires sur la qualité de la literie, toujours plus nombreux, sont devenus prépondérants. Le savoir-faire de la Maison Drouault offre là des gages aux grands hôtels, soucieux de ne pas décevoir leur clientèle. Globalement dans le luxe et à l’étranger, reconnaît Jonathan Hannaux, "le savoir-faire français est vendeur, c’est une image rassurante de qualité."
L’entreprise travaille aussi au poids des fibres pour réduire la pénibilité des femmes de chambres.

Deux millions d’euros investis au Mans en trois ans

Pour s’atteler à ces nouveaux marchés, l’usine de 22 000 m2 du Mans s’est mise en ordre de marche. Depuis trois ans, 2 millions d’euros ont été investis dans l’outil de production. Au niveau RH, l’entreprise de 170 salariés a recruté trois nouveaux salariés, aux services commerciaux et marketing, pour mieux cibler le secteur hôtelier.

L'entreprise du patrimoine vivant "est capable de faire du sur-mesure", explique Jonathan Hannaux. "Cela peut paraître étonnant, mais dans les palaces, les chambres donc les lits et tombées de tissus sont dessinés par des designers. On fait selon leur souhait." Le sur-mesure peut aussi se faire pour les cabines de grands yachts de luxe avec des couettes en trapèze.

Maitre duvetier depuis 1850, la Maison Drouault est capable par ce savoir-faire de recycler les matières récupérées chez les hôteliers qui changent leur literie — Photo : Home Heritage

Pour libérer les hôteliers disposant de dizaines voire de centaines de chambres, le maître-duvetier propose aussi un service d’enlèvement des anciennes couettes et oreillers : son savoir-faire dans le tri et nettoyage des matières lui permet de les recycler. Une ligne à 700000 euros a été installée pour cela.

Home Heritage, de la PME familiale Dodo à un groupe complet

Reprise il y a vingt ans, en 2004, Maison Drouault a été la première d’une série d’acquisitions par Home Heritage, groupe constitué autour de l’entreprise de la famille Hannaux, Dodo. Le groupe dispose depuis les derniers rachats en 2021 d’une gamme complète et des savoir-faire uniques dans les articles de literie, duvets, linge de maison, etc. Il détient au total six sites de production (auquel on peut ajouter un petit atelier de confection de vêtements de travail). Home Héritage emploie 900 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires total de 185 millions d’euros en 2023.

Le Mans Moselle # Industrie manufacturière # Textile # International # Stratégie # PME