Le laboratoire parisien

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy.
Bruno Jeudy. (Crédits : DR)

Comment va Paris ? Mal, selon les nombreux détracteurs d'Anne Hidalgo, qui concentre tant de détestation. Embouteillée, endettée, polluée et même délaissée par des Parisiens qui rêvent de plus en plus de province, la capitale reste malgré tout attractive pour des touristes toujours plus nombreux. Dans cent vingt-quatre jours, la plus belle ville du monde va vivre son heure de gloire en accueillant les Jeux olympiques cent ans après ceux de 1924. Par ricochet, ce sera aussi le grand moment de sa maire. Peut-être même son « game changer », espère secrètement l'édile socialiste, après dix ans passés à la tête de l'Hôtel de Ville.

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Sur le papier comme dans notre sondage, le rêve d'un troisième mandat paraît très hypothétique pour Anne Hidalgo. Le match semble même plié. Le score qui lui est attribué (moins de 15 %) serait humiliant. Tenace, elle veut attendre les JO pour dire stop ou encore. Et voir si elle dispose encore d'atouts pour retrouver des marges de
manœuvre. L'ex-candidate à la présidentielle estime que les municipales de 2026 seront un rendez-vous majeur avant 2027. Selon elle, l'enjeu sera de porter à la tête des grandes villes des « maires résistants » pour faire face à Marine Le Pen en cas d'accession de celle-ci à l'Élysée l'année suivante.

En face, Rachida Dati a déjà abattu un premier atout en rejoignant le camp d'Emmanuel Macron. La sarkozyste a retenu la leçon de 2020 et a décidé de fusionner les listes LR et Renaissance avant le premier tour. C'est pour cette raison qu'elle a accepté d'entrer au gouvernement. Le choix du ministère de la Culture semble gagnant si on en croit les résultats de notre enquête Ipsos. Elle parvient à séduire l'électorat de centre gauche.
Bien qu'en rupture avec la direction des Républicains, son ancien parti, la maire du 7e demeure la leader naturelle de la droite parisienne. Il lui reste toutefois à construire une offre politique centrale. Un pari pour cette femme clivante.


À l'an II du quinquennat, Paris fait figure de laboratoire politique. Il y a fort à parier, en e et, que de larges coalitions se mettent en place dans les grandes villes pour résister à la double menace des extrêmes. Plus largement, à l'heure où les mégapoles mondiales souffrent des mêmes maux (défi migratoire, crise climatique, manque de logements...), le laboratoire parisien devra apporter des solutions inventives. Un défi pour la gauche au pouvoir depuis un quart de siècle dans la capitale et un pari pour le centre droit en quête d'idées audacieuses. Si le duel des femmes se confirme dans les prochains mois, ce sera en 2026 au bonheur des lames, pour paraphraser le titre du roman de Zola. Femmes puissantes, Rachida Dati et Anne Hidalgo sont deux redoutables catcheuses. S'il y a revanche, elle promet d'être sanglante.

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Bruno Jeudy

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Commentaire 1
à écrit le 24/03/2024 à 10:07
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Voter pour le mal contre le pire. Combien d'électeurs effectifs ? Peut-être même pas 30% ce coup ci. Les souris, de moins ne moins nombreuses, votent pour les chats. "Baillons, baillons... vers la victoire..."

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