Leonard Bernstein s’enlise, Arturo Toscanini met le feu aux poudres : Thomas Deschamps, Emmanuelle Giuliani et Yannick Millon élisent la version de référence de la Symphonie n°2 de Jean Sibelius.
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Les commentaires des gagnants seront lus à l'antenne par Jérémie Rousseau la semaine suivante.
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Le compte rendu de Jérémie Rousseau
Un Sibelius embourbé, ronflant et même asphyxiant : Leonard Bernstein déroule une lecture séquentielle, qui s’enlise sitôt commencée.
Horizons nordiques ou brumes austro-hongroises ? La Seconde Symphonie de Lorin Maazel, chantée par des Viennois en majesté, se veut lyrique, bucolique, romantique, et se tourne bientôt vers Tchaïkovski. Elle est chaleureuse, confortable, un brin univoque aussi, et à la fin, somptueusement hors-sujet.
Santtu-Matias Rouvali façonne un Sibelius organique, mû par une nécessité interne, qui s’épanouissant dans l’esprit d’une magnifique pièce de concert. Le geste très libre du chef et les accents de grand fauve réussissent au premier mouvement mais le « Lento e Suave » du Vivacissimo, d’une simplicité apaisée, pour ne pas dire neutre, paraitra en retrait, en deçà des intentions.
Une qualité d’intonation, une sonorité fine et tendue, des nappes de cordes comme une eau pure, tout cela grâce au geste évident de Klaus Mäkelä : il y a, dans la lecture du jeune chef, une manière très poétique d’interroger les silences de Sibelius et faire entendre ses radiations internes, entre mélancolie, fulgurances et force tranquille. Plus prévisible, le final s’écoule sans mystère.
La Seconde Symphonie telle qu’en elle-même. Osmo Vänskä convoque chants d’oiseaux et sons de la nature, à l’abri de quelque légende du Kalevala. Ce Sibelius rêveur et raffiné, est à la fois sylvestre, minéral, météorologique, et, s’il se déploie avec naturel, maintient constamment l’ambiguïté. On admire le sens du détail, la qualité d’écoute des pupitres et le calibrage millimétré des dynamiques, passant du murmure aux secousses telluriques sans le moindre artifice. Le tout dans une prise de son qui voit loin.
Le feu sous la glace. Au cours de ce concert de novembre 1940, Arturo Toscanini joue Sibelius dans un climat de tous les possibles. Derrière ce chant éloquent et irradiant, la musique s’invente sous nos yeux, grâce à des musiciens qui s’écoutent les uns et les autres et livrent une parole engagée. Le Vivacissimo, pris à un tempo fulgurant, créé un sentiment de panique puis un parfum de paradis perdu qui serre le cœur. Un traité d’orchestre ou d’électricité, comme on veut, confirmé par un final puissant, de cette même tension affolante.
Palmarès
N°1 : Version C
NBC Symphony Orchestra, dir. Arturo Toscanini
RCA (1940)
N°2 : Version E
Orchestre symphonique de Lahti, dir. Osmo Vänskä
Bis (1996)
N°3 : Version B
Orchestre philharmonique d’Oslo, dir. Klaus Mäkelä
Decca (2021)
N°4 : Version F
Orchestre symphonique de Göteborg, dir. Santtu-Matias Rouvali
Alpha (2019)
N°5 : Version A
Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Lorin Maazel
Decca (1964)
N°6 : Version D
New York Philharmonic, dir. Leonard Bernstein
Sony (1966)
Prochainement dans la Tribune des critiques de disques :
31 mars 2024 : Dichterliebe de Schumann
7 avril 2024 : Passion selon saint Jean de Bach
14 avril 2024 : Sonate n°14 en ut mineur, K. 457 de Mozart
21 avril 2024 : Concerto pour violon de Mendelssohn
28 avril 2024 : Chants d’Auvergne de Canteloube
5 mai 2024 : Concerto pour piano de Grieg
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