Judo : après la relaxe, Alain Schmitt et Margaux Pinot aux prises dans les médias

Après la relaxe du judoka Alain Schmitt, accusé par sa compagne Margaux Pinot, championne olympique de judo, de violences conjugales, les deux se sont exprimés publiquement.

Alain Schmitt, relaxé des faits de violences sur sa compagne, lors d'un point presse à Paris, le 2 décembre 2021.
Alain Schmitt, relaxé des faits de violences sur sa compagne, lors d’un point presse à Paris, le 2 décembre 2021. (©AFP/Anne-Christine POUJOULAT)
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Les judokas Alain Schmitt et Margaux Pinot se sont affrontés jeudi 2 décembre 2021 par médias interposés après la relaxe de l’entraîneur des violences conjugales dont l’accuse sa compagne et championne olympique, une affaire qui émeut au-delà des dojos.

« Pas assez de preuves de culpabilité » pour le tribunal

Dans la nuit de mardi à mercredi, le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé l’ex-membre de l’équipe de France de judo à l’issue d’une audience en comparution immédiate, estimant « n’avoir pas assez de preuves de culpabilité ». Le parquet a fait appel.

Ce jugement a soulevé l’indignation dans le monde du judo et sur les réseaux sociaux, où la justice s’est retrouvée accusée de laxisme envers les violences conjugales.

« Que fallait-il de plus ? Qu’elle meure ? »

Les candidats à l’élection présidentielle Anne Hidalgo (PS) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) ont réagi. « Information révoltante. Comparution immédiate et relaxe pour le violent. Que fallait-il de plus ? Qu’elle meure ? », a écrit le député LFI sur Twitter, en repartageant le message de l’athlète devenu viral, accompagné d’une photo d’elle le visage tuméfié.

La maire de Paris a elle apporté « tout (son) soutien à Margaux Pinot ».

« Vu la procédure qui est en cours et l’indépendance de la justice, dans ma position de ministre je ne peux pas m’exprimer sur la procédure qui est en cours », a déclaré jeudi la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu, se disant toutefois « en soutien de Margaux (Pinot) qui, pour moi, est clairement victime dans ce qui s’est passé. »

Deux conférences de presse pour deux récits antagonistes

Du Blanc-Mesnil et du tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis, lieux du premier acte de cette affaire, la confrontation Pinot-Schmitt s’est déplacée jeudi dans les cabinets d’avocats des beaux quartiers de l’ouest de Paris.

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Encadrés par leurs conseils, les deux protagonistes ont pris la parole à quelques heures d’intervalle en conférences de presse pour livrer à nouveau deux récits antagonistes, irréconciliables. S’estimant érigé en archétype de l’homme violent malgré sa relaxe, Alain Schmitt a contre-attaqué en fustigeant un « lynchage médiatique ».

« Il y a eu un appel (du parquet), c’est la justice. Ils ont le droit de le faire et ils l’ont fait. Ce que je ne respecte pas par contre, c’est le lynchage médiatique qui a été fait autour de ça. Instagram, Twitter, c’est tout sauf un tribunal », a estimé l’entraîneur de 38 ans, un énorme bleu sur la partie supérieure droite du visage.

Comme il l’avait fait à la barre mardi soir, le médaillé de bronze aux Mondiaux de 2013 (-81 kg) a catégoriquement nié avoir asséné des coups à Margaux Pinot, ou frappé sa tête contre le sol au domicile de la sportive au Blanc-Mesnil dans la nuit de samedi à dimanche.

« Elle m’a percuté » vs « T’es morte »

Selon lui, amère de son départ pour Israël prévu quelques heures plus tard, Margaux Pinot se serait jetée sur lui et ils se seraient alors battus comme dans un combat de judo, roulant dans l’appartement. « Elle m’a percuté fort dans la porte, on est allés de droite à gauche, dans le mur, dans le radiateur… On a vraiment percuté partout », a témoigné Alain Schmitt.

Une version que Margaux Pinot, médaille d’or aux derniers Jeux olympiques avec l’équipe de France mixte, a fermement rejetée lorsqu’elle s’est présentée devant les caméras en fin de journée: « il ment ! » Le visage couvert d’ecchymoses, le jeune femme de 27 ans a elle décrit un déchaînement de violence gratuite de la part de son compagnon, qui avait consommé de l’alcool, alors qu’elle se trouvait au lit.

« Il s’est mis à califourchon sur moi, il a commencé à me mettre des coups de poings, droite, gauche… Je ne me suis même pas défendue pour éviter les coups, je lui disais « Alain, arrête, arrête ! » », a-t-elle relaté. « Je me suis dit « tu dois te dégager de lui, sinon t’es morte. » »

Alain Schmitt affirme qu’il avait décidé de partir en Israël pour entraîner la sélection nationale féminine afin de fuir une relation qu’il a présentée comme instable et en dents de scie, sujette à des altercations violentes déclenchée par sa compagne.

« Elle se calmait au bout de deux-trois minutes, même si elle cassait tout, elle partait dans tous les sens », a-t-il affirmé, disant « prendre quelques coups de genoux en général ».

Soutiens de Teddy Riner et Clarisse Agbégnénou à Margaux Pinot

Après la décision du tribunal de Bobigny, la Fédération israélienne de judo a annoncé avoir suspendu tout contact avec Alain Schmitt.

Le palmarès individuel de Margaux Pinot, qui a combattu dans deux catégories (-63 et -70 kg), comporte notamment une médaille de bronze mondiale en 2019, deux titres de championne d’Europe (2019 et 2020) et deux médailles d’argent continentales (2017, 2021).

Les stars du judo français Teddy Riner et Clarisse Agbégnénou ont exprimé publiquement leur soutien à leur coéquipière de l’équipe de France. « C’est mon esprit de guerrière, de combattante, qui m’a sauvé. C’est le judo », a estimé l’intéressée, qui a confié désormais « penser la vie différemment ».

Source : © 2021 AFP

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