Les lettres en néon rose flottent au-dessus de l’espace de la galerie, indiquant que l’on entre dans un intimiste « Carnaval de chambre », tandis que, sur les murs, de curieux visages aux couleurs d’Arlequin créent un chœur silencieux. Carla Adra, qui est née au Canada il y a trente et un ans et a grandi en France, offre ici un accès tout en délicatesse au hors-champ, ou antichambre, de son travail, parallèlement à une exposition personnelle au centre d’art 40mcube, à Rennes (jusqu’au 4 mai), et de sa participation à l’exposition collective « Toucher l’insensé » au Palais de Tokyo, à Paris (jusqu’au 30 juin), qui aborde l’art comme outil d’émancipation et de poésie au sein des structures liées à la santé mentale. Créer du lien entre des personnes, des paroles et des lieux est au cœur des vidéos, installations sonores et performances de la jeune artiste, depuis une dizaine d’années. Elle a convié ici sa communauté amicale et artistique sous forme de portraits oniriques, grâce à l’empreinte de leurs visages préalablement maquillés par ses soins sur des taies d’oreiller. Cette étrange assemblée aux yeux clos entoure une foule de petits écrans qui montrent son processus créatif : parler face caméra, souvent la nuit, dans sa chambre, pour exprimer des idées qui lui serviront à construire ses projets. Entre confiance et lâcher-prise.
« Carnaval de chambre ». Galerie Valeria Cetraro, 16, rue Caffarelli, Paris 3e. Jusqu’au 20 avril. Galerievaleriacetraro.com