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Culture - Exposition

Nathan Sawaya, ses Lego d’enfance et son art de la brique

Depuis le 20 décembre, Paris reçoit de nouveau une des expositions internationales les plus en vue du moment : « The Art of the Brick ». Derrière ce succès planétaire à base de briques colorées, un avocat d'origine libanaise parfois appelé le « Léonard de Vinci du Lego », Nathan Sawaya.

Nathan Sawaya, ses Lego d’enfance et son art de la brique

Nathan Sawaya pose devant une de ses sculptures composées avec des briques Lego. Photo DR

Avec plus d’un million de briques Lego, l’exposition des Galeries Montparnasse à Paris propose une centaine de sculptures qui ont déjà enthousiasmé plus de 10 millions de visiteurs, à New York, Shanghai, Sydney, Milan. « J’ai reçu ma première boîte Lego à 5 ans, c’était un cadeau de mes grands-parents, et je l’ai ouverte immédiatement pour assembler les pièces. J’ai beaucoup joué à ce jeu de construction pendant mon enfance. Ce n’est que beaucoup plus tard que je l’ai redécouvert en tant que medium artistique », explique le jeune Nathan Sawaya. « Quand j’étais avocat à New York, j’avais besoin d’un exutoire créatif le soir, parfois je faisais des dessins, des peintures ou des sculptures en argile et en fils de fer. Et puis un jour, j’ai repensé aux jeux de mon enfance », se souvient le jeune artiste avec émotion.

Très vite, ses expérimentations à base de briques de Lego sont réussies, et l’avocat d'origine libanaise crée une galerie virtuelle pour présenter ses créations. « Et puis je me suis mis à avoir beaucoup de commandes. Je travaillais toute la journée dans mon cabinet d’avocat et, à peine rentré, je me mettais à élaborer mes sculptures. Lorsque mon site a planté à cause d’un nombre trop élevé de connections, j’ai décidé de devenir un artiste à plein temps, et de me consacrer à mes jouets ! » précise-t-il avec humour.

Sa première exposition été organisée comme un mariage. « C’était il y a 15 ans, au musée des Beaux-Arts de Lancaster, en Pennsylvanie, j’ai invité beaucoup d’amis et de gens de ma famille, qui venaient de partout dans le monde, et une réception gigantesque a été prévue pour le vernissage. Il y avait énormément de monde, dont des familles qui ne fréquentaient pas spécialement les musées. Je me suis rendu compte que cette pratique artistique était accessible grâce à son medium : les visiteurs pouvaient appréhender ces œuvres grâce à leur familiarité avec le jeu de construction», ajoute-t-il avec enthousiasme.

Des milliers de briques pour construire des œuvres d'art. Photo DR

Van Gogh, Michel-Ange ou Munch transposés en Lego

Aux Galeries Montparnasse, sur 1 500 m2, se déploient des sculptures inspirées des œuvres d’art les plus célèbres : le David de Michel-Ange, Le Penseur de Rodin, La Nuit étoilée de Van Gogh, Le Cri d’Edvard Munch, La Jeune fille à la perle de Vermeer, La Vénus de Milo… Les visiteurs peuvent aussi découvrir certaines des œuvres originales les plus célèbres de l’artiste : Yellow, The Swimmer, ou bien le squelette d’un T-Rex de 6 mètres de long. « Les thèmes qui m’inspirent varient selon les périodes, je me suis beaucoup intéressé aux notions de métamorphose et de changement, et plus généralement à la condition humaine. Pour l’exposition parisienne, j’ai entamé une série de sculptures qui explore la fragilité du corps humain », explique Nathan Sawaya, dont le père a été adopté dans une famille libanaise. « Mes grands-parents sont décédés lorsque j’étais très jeune, et ils ne m’ont pas transmis leur culture de manière directe. Mais mon père m’a appris à élaborer certains plats libanais que je cuisine à mon tour : si je n’avais été artiste, j’aurais été chef !» lance-t-il avec entrain.

Une vue de l'exposition « The Art of the Brick » aux Galeries Montparnasse à Paris. Photo DR

La conception du projet est avant tout mentale : tout part d’une idée. « Mes idées viennent de plusieurs endroits, et comme j’ai la chance de beaucoup voyager pour suivre mes expositions, je puise dans ces expériences pour découvrir des lieux, des cultures, de nouvelles personnes. J’ai toujours un carnet à dessin avec moi, où je saisis mes idées. Lorsque mon projet est clair, je réfléchis à un plan précis, car il faut visualiser mentalement la version finale avant de poser la première pièce », ajoute l’artiste, qui se lance alors dans un lent processus de construction, où chaque pièce est collée une par une. « Cela veut dire que si je fais une seule erreur, je dois utiliser un marteau et des ciseaux pour séparer les pièces. Cela peut vous briser le cœur de vous rendre compte qu’il faut détruire des formes que vous avez élaborées pendant des heures ou même des jours. Il faut être très patient », constate Sawaya.

« Ce qui me passionne, en ce moment, c’est l’étude du corps humain, et la façon dont le travail de sa forme permet d’insuffler une émotion à travers les briques Lego. Je travaille aussi comme un ingénieur : j’utilise des blocs carrés ou rectangulaires et je dois créer des éléments arrondis dans mes sculptures, en dépit des angles droits. De près, on les voit, mais quand on s’éloigne, les angles s’arrondissent et il y a une forme de magie dans l’usage artistique de ces briques. D’ailleurs, parmi mes visiteurs, il y a très souvent des ingénieurs», note le sculpteur.

Une collaboration inédite entre Nathan Sawaya et le photographe Andreï Duman, autour d’une série sur l’organogenèse. Photo DR

La plupart des créations sont monochromes, un parti pris bien réfléchi. « Quand il s’agit d’un être humain, la dimension monochrome propose une expérience plus universelle au destinataire. Si je me mettais à créer des êtres avec des signes distinctifs, cela pourrait nuire à l’identification du visiteur à l’émotion exprimée par la sculpture », analyse-t-il , tout en rappelant que le choix des briques Lego le limite dans son choix chromatique. «Un peintre peut mêler les teintes qu’il utilise pour en créer d’autres, mais je ne peux pas mixer mes briques jaunes et bleues pour en créer une verte. Ce qui compte, ce sont les émotions et les pensées que j’exprime dans mes sculptures, qui résonnent chez les visiteurs, et je me suis même utilisé comme modèle pour certaines formes humaines. Le succès que remportent mes créations est surréaliste, je ne m’y attendais pas. Je suis submergé de retours extrêmement positifs, c’est vraiment un rêve éveillé », confie-t-il avec humilité.

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L’exposition parisienne présente également une collaboration inédite entre Nathan Sawaya et le photographe Andreï Duman, autour d’une série sur l’organogenèse, cet ensemble de processus intégrés et organisés qui transforment une masse de cellules en un organe complet. Cette dynamique cellulaire fait écho au geste de l’artiste qui assemble des briques pour créer ses sculptures et tend à souligner la fragilité du corps humain. À l’issue de ce parcours qui propose une synthèse surprenante entre le pop art et le surréalisme, les enfants et les adultes peuvent profiter d’une zone de jeu et de construction interactive aménagée pour l’occasion avec des milliers de briques mises à disposition.

Si Nathan Sawaya ne parle jamais de ses projets en cours, il lui arrive de les dévoiler en coulisses sur Instagram (@nathansawaya), histoire de piquer la curiosité d’un public conquis et toujours plus nombreux.

Avec plus d’un million de briques Lego, l’exposition des Galeries Montparnasse à Paris propose une centaine de sculptures qui ont déjà enthousiasmé plus de 10 millions de visiteurs, à New York, Shanghai, Sydney, Milan. « J’ai reçu ma première boîte Lego à 5 ans, c’était un cadeau de mes grands-parents, et je l’ai ouverte immédiatement pour assembler les pièces. J’ai...

commentaires (3)

wow....et bel homme aussi !

Marie Claude

13 h 18, le 03 février 2024

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Commentaires (3)

  • wow....et bel homme aussi !

    Marie Claude

    13 h 18, le 03 février 2024

  • Bravo

    Bardawil dany

    11 h 22, le 03 février 2024

  • J’ai vu son expo Porte de Versailles il y a quelques années. C’est époustouflant de créativité, d’ingéniosité et d’humour.

    Marionet

    11 h 16, le 03 février 2024

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