Alana est fière d’être parvenue à créer sa propre entreprise. Pourtant, pendant de nombreuses années, elle ne savait quoi faire de son avenir, à la peine pour trouver une voie professionnelle. « À la sortie du lycée, je ne savais vraiment pas quoi faire, je n’avais pas envie de poursuivre mes études », raconte la Creusoise âgée de 24 ans. À ses 18 ans, elle se tourne alors vers la Mission locale de Guéret. « Ils m’ont beaucoup aidé et m’ont accompagné dans tous les emplois que j’ai pu faire. »
Accompagner des projets
Chaque année, la Mission locale de la Creuse accompagne environ 1.400 jeunes âgés de 16 à 25 ans qui ne sont plus dans le système scolaire. « Notre accompagnement s’articule autour de trois thématiques, précise la directrice Elisabeth Saez. L’insertion sociale, professionnelle et la vie citoyenne. » Comme Alana, certains de ces jeunes bénéficient du CEJ créé il y a deux ans pour une durée de six ou 12 mois. Ce contrat leur permet de bénéficier d’un accompagnement entièrement personnalisé en suivant 15 à 20 heures d’activités par semaine. Cela afin de mener à bien leurs projets, déjà établis pour certains, en cours d’élaboration pour d’autres.
Alana a pu créer en 2023 son entreprise de fabrication de savon végétal. « C’est vraiment grâce à la Mission locale que j’ai pu mener à bien ce projet et enfin trouver ma voie », se réjouit-elle. Aujourd’hui, celle qui exerce sa profession à Sannat est encore accompagnée par la structure afin d’être aidée dans sa démarche de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. « Une fois que nos jeunes ont trouvé un emploi, on garde un suivi de plusieurs mois avec eux, précise la directrice. Mais quand on voit que des projets comme celui-ci se concrétisent, c’est très satisfaisant. »
D’une manière générale, la Mission locale accompagne des jeunes en quête de repères sur tous les aspects de la vie quotidienne : emploi, formation, santé, logement, etc.
J’étais en panne sèche dans ma vie
Julien, 21 ans, a poussé la porte de l’association en novembre 2023. Après avoir arrêté ses études de philosophie entamées à Toulouse, lui aussi ne savait plus trop comment imaginer son futur. « J’étais vraiment en panne sèche dans ma vie, raconte-t-il. Puis ici, j’ai pu préciser mon projet professionnel. » Après un premier emploi en tant que surveillant dans un collège, le Suisse travaille aujourd’hui dans une boulangerie de Guéret. « Mais mon projet à l’avenir, c’est d’ouvrir un café librairie mobile dans un camion et d’aller sillonner la Creuse. » Également bénéficiaire du CEJ, Julien est en train d’élaborer ce projet avec la Mission locale.
Comme lui et Alana, 337 jeunes Creusois ont pu bénéficier de ce contrat en 2023. 62 % d’entre eux ont trouvé un emploi à l’issue de celui-ci dans les six mois.
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« Deux ans plus tard, on voit que c’est un dispositif qui porte ses fruits, qui est réellement au service des jeunes, se réjouit Joseph Luciani, directeur adjoint de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP). Ça représente environ six ou sept jeunes qui, chaque année, parviennent à trouver du travail et qui pour beaucoup, reprennent confiance en eux. »
La mobilité, un enjeu essentiel
En 2023, seuls 29 % des 1.573 jeunes accueillis par la Mission locale de la Creuse étaient titulaires du permis de conduire. Dans un territoire rural comme la Creuse, la mobilité constitue ainsi un premier enjeu dans la réinsertion. « Il faudra d’abord que je passe le permis avant de pouvoir conduire un camion », fait savoir Julien en rigolant.
Les aides de financement au permis de conduire sont souvent sollicitées par la Mission locale. D’autant que les jeunes accueillis chaque année sont de plus en plus nombreux. « Il y en a environ une centaine de plus chaque tous les ans », précise Elisabeth Saez, à la tête de l’établissement depuis 2020. D’ailleurs, afin de les accueillir dans de meilleures conditions, l’association a déménagé dans des locaux plus grands, au 1 Rue Sylvain Grateyrolles, 23000 Guéret en février 2023.
La santé mentale
À cette augmentation du nombre de personnes accueillies s’ajoute également une nouvelle problématique à laquelle les 29 salariés de l’association essayent de répondre. « Depuis le covid, il y a de plus en plus de jeunes qui ont des problèmes de santé mentale et qui se sentent isolés », constate la directrice. Pour répondre à cela, différents ateliers comme des groupes de parole avec un psychotérapeuthe ont été mis en place.
Autant d’initiatives pour accompagner au mieux les jeunes vers l’autonomie. Et pour qu’un jour, peut-être, le camion librairie de Julien puisse sillonner les routes creusoises.
Vincent Faure
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