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Jean-Baptiste de La Quintinie, botaniste de Louis XIV et père de la « poire de Bujaleuf »

Jean-Baptiste de La Quintinie, botaniste de Louis XIV et père de la « poire de Bujaleuf »
Bujaleuf © Populaire du Centre
Jardinier du roi Louis XIV, Jean-Baptiste de La Quintinie, qui avait des attaches en Haute-Vienne, a rendu célèbre la « poire de Bujaleuf ».

Appelée virgouleuse ou vergouleuse, la poire de Bujaleuf doit sa notoriété à Jean-Baptiste de La Quintinie. Antoine Risso, célèbre botaniste et naturaliste azuréen, la loue en 1826 :  « C’est une des meilleures qu’on puisse cultiver ».

Le Bota, sorte de dictionnaire consacré à la botanique, précise à l’époque : « En novembre se mange la virgouleuse, qui vient du village de Virgoulée près de Limoges, qu’on appelle aussi la chambrette, parce que le baron de Chambret en est Seigneur. Cette poire est ronde et verte, et jaunit en mûrissant. Elle est aussi très fondante, et d’un beurré solide et extraordinaire. Elle vient au plus beau des poiriers ».

C’est à Bujaleuf que ce fruit merveilleux a vu le jour.

C’est à Bujaleuf précisément que ce fruit merveilleux a vu le jour. La famille de La Quintinie avait pour berceau la ville d’Eymoutiers et des attaches à Bujaleuf. Des alliances conduisirent les Quintinie à Chabanais, où Jean-Baptiste voit le jour le 1er mars 1626. Petite commune sur la Vienne, au sud de Confolens, Chabanais faisait alors partie de la province du Limousin, avant de devenir le chef-lieu de canton du département de la Charente.


Un voyage en Italie qui a changé sa vie

 

Jean-Baptiste fit ses études chez les jésuites de Poitiers (Vienne), y étudiant les Belles-lettres et la philosophie, puis se rend à Paris pour se spécialiser dans le droit. Selon ses biographes, il aurait alors entamé une carrière d’avocat au Parlement de Paris. Mais sa passion pour la botanique est plus forte.

Il effectue un voyage en Italie. Le président de la Cour des comptes, Jean Tambonneau, lui demande en effet de faire découvrir ce si beau pays à son fils Marc-Antoine. Or, la vue des sublimes jardins romains donne un nouveau sens à sa vie professionnelle.

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De retour à Paris, il se procure les ouvrages spécialisés. Il lit avec intérêt les publications de l’écrivain romain Varron, auteur de plusieurs traités sur l’économie rurale et l’agriculture, s’intéresse aux recherches de l’agronome romain Lucius Iunius Moderatus Columella, notamment les chapitres consacrés à l’étude des vignes et des vergers.

Une passion pour l’horticulture

Toile de Michel Barthelemy Olivier Vue du château de Chantilly
Certes, Jean-Baptiste de La Quintinie exerce toujours comme avocat, mais entre deux plaidoiries, il mène des expériences dans les espaces verts situés au pied de l’Hôtel Tambonneau, situé 11 rue de l’Université dans le 7e arrondissement de Paris. Et l’on commence à reconnaître ses compétences dans ce domaine.

Tant et si bien que les plus grands aristocrates du XVIIe siècle le sollicitent. Après Condé, propriétaire du château de Chantilly, Colbert, à Sceaux, Mademoiselle de Montpensier, à Choisy, le surintendant Fouquet, à Vaulx-le-Vicomte, font appel à ses services. Mieux, il rejoint Louis XIV, après la disgrâce de Fouquet.Il se retrouve ainsi aux côtés de Le Nôtre et Louis le Vau, grandes figures s’il en est du jardinage.

En 1670, La Quintinie est même nommé directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les demeures royales. Il y intègre sa poire de Bujaleuf créée et expérimentée vingt ans auparavant dans l’une des propriétés familiales situées dans la commune haut-viennoise.

Ronde, jaune près de la queue, vert clair en bas, dotée d’une chair presque fondante à maturité, juteuse, la « Bujaleuf » se fait une solide réputation.

Plusieurs publications, comme De Chabanais à Versailles ou Le potager du roi, dialogues avec de la Quintinie rendent même hommage à ce génie et à ses créations. Dans ses propres traités, il livre aussi quelques conseils.

À sa mort, le 11 novembre 1688, Louis XIV dira : « Madame, nous avons fait une grande perte que nous ne pourrons jamais réparer ».

Personnage fascinant, il est évoqué dans le roman Mademoiselle La Quintinie, paru en 1863 sous la plume de George Sand.

À lire...
Frédéric Richaud a publié chez Grasset un récit/roman intitulé Monsieur le Jardinier, centré sur la figure de La Quintinie.

Jean-François Julien


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