Beyoncé sur un cheval blanc lancé au gallot, les reines dans une main, le drapeau américain dans l'autre. Là voilà la cover de l'album terriblement attendu Country Carter dont la sortie est prévue le 29 mars. Cet opus marque le second acte de la trilogie d’albums initiée par Beyoncé en 2022 avec le disque Renaissance. Pour faire patienter ses fans, la chanteuse a non seulement partagé la pochette sur Instagram mais a également expliqué ce qui avait inspiré le projet Acte II:
Pas de doute, la cover reprend l'esthétique de la country. Et parce que rien n'est laissé au hasard avec Beyoncé, c'est un photographe texan qui se cache derrière ce cliché déjà culte. Il s'appelle Blair Caldwell et son créneau: les artistes féminines noires. Il collabore avec la chanteuse depuis de nombreuses années. C'est lui qui se cache également derrière la pochette de Renaissance où Beyoncé était déjà sur un cheval, mais une monture plus disco.
La pochette de l'album Act II va plus loin et suscite la discussion comme l'explique au Guardian Francesca T Royster, professeur d'anglais à l'université DePaul et auteure de Black Country Music: Listening for Revolutions: «Le choix esthétique est audacieux et semble signaler la manière dont Beyoncé se place dans les conversations sur le nationalisme, un thème très central dans les discours sur la musique country, le patriotisme et l'authenticité, depuis l'époque de ses origines.»
Beyoncé s'attaque donc à un gros morceau, celui du visage la country, largement blanc et rural et qui ne veut surtout pas être bousculé dans ses traditions. La preuve: en février, une station de radio a refusé initialement de diffuser le premier single de l'album, Texas Hold 'Em, car selon elle, Beyoncé n'est pas considérée comme une artiste country (avant de changer d'avis suite à de vives critiques). Ça ne l'a pourtant pas empêchée de devenir récemment la première femme noire à atteindre la première place du classement Hot Country Songs du Billboard.
Beyoncé a également dû faire face à des commentaires racistes, notamment de la part de l'acteur John Schneider, star de la série Dukes of Hazzard, qui a comparé l'incursion de l'artiste dans le genre à un «chien marquant chaque arbre».
La journaliste spécialisée dans la musique country Marissa R Moss a quant à elle émis l'hypothèse sur Twitter que la pochette s'inspirait peut-être du Bill Pickett Invitational Rodeo, un rodéo noir qui fête d'ailleurs cette année ses 40 ans. Mais Francesca T Royster pense que l'influence du visuel remonte encore plus loin. «Je pense à des portraits présidentiels comme ceux de George Washington par Gilbert Stuart et Charles Wilson Peale.» Selon elle, la cover de Beyoncé est également un clin d'oeil à la fameuse peinture ultra kitsch représentant Michael Jackson sur un cheval blanc et vêtu d'une armure façon monarque. «La pochette de Beyoncé est une allusion aux interventions artistiques et au recadrage des Noirs», a-t-elle déclaré.
En plus de cette photo sur laquelle on pourrait écrire un essai, Queen B a annoncé sur Instagram que l'album contient des surprises et des collaborations inédites. La semaine dernière, Dolly Parton a notamment révélé que Beyoncé avait enregistré une reprise de son classique de 1973, Jolene. Rendez-vous le 29 mars pour en avoir le cœur net.