La Russie a lancé une nouvelle attaque de missiles et de drones contre l’Ukraine la nuit dernière, ciblant des infrastructures critiques et “laissant des milliers de personnes sans chauffage”, rapporte le quotidien Kyiv Independent.

“Les forces russes ont tiré 29 missiles de croisière et 28 drones Shahed lors d’une attaque à grande échelle ciblant huit régions de l’ouest, du centre, du nord et du sud du pays. Kiev figurait parmi les cibles de la Russie.”

Une dizaine de missiles de croisière tirés depuis des bombardiers stratégiques Tu-95MS ont été abattus au-dessus de la capitale, “sans provoquer de destructions majeures dans les quartiers résidentiels”, précise le site du journal. À 10 heures, heure locale, aucune victime n’avait été signalée.

“L’ennemi continue à terroriser l’Ukraine avec ses missiles, a déclaré Sergiy Popko, chef de l’administration militaire de la ville de Kiev, sur Telegram. Il n’abandonne pas son objectif de détruire Kiev à tout prix.” L’attaque aurait été lancée depuis la région de Saratov, dans le sud-ouest de la Russie.

La région de Lviv, à 70 km de la frontière polonaise, elle aussi touchée dans la nuit par des tirs de missiles et de drones, a subi une deuxième attaque de missiles aériens Kinzhal dans la matinée. Dans l’oblast de Dnipropetrovsk, dans le centre de pays, des infrastructures critiques ont été touchées par des tirs. “Six hôpitaux, plus de 150 établissements d’enseignement et 3 000 immeubles résidentiels abritant 76 000 personnes sont privés de chauffage.”

L’armée de l’air polonaise mobilisée

Cette nouvelle attaque, la troisième en une semaine, notamment après celle du 22 mars, qui a privé d’électricité plus de 1 million d’Ukrainiens, a eu également pour effet de placer la Pologne, “membre de l’Otan”, en état d’alerte, souligne CNN.

“La Pologne a annoncé avoir mobilisé ses avions de combat dimanche matin après qu’un missile de croisière russe visant l’Ukraine a violé son espace aérien. L’objet a volé dans l’espace [aérien] polonais près du village d’Oserdow (voïvodie de Lublin) et y a passé 39 secondes”, a indiqué le commandement opérationnel de l’armée polonaise. “Toutes les procédures nécessaires pour assurer la sécurité de l’espace aérien polonais ont été activées.”

La Russie et l’Ukraine ont multiplié leurs attaques aériennes ces dernières semaines, rappelle The Guardian. Samedi 23 mars, des tirs ont tué deux personnes et en ont blessé sept autres dans la région frontalière russe de Belgorod, limitrophe de l’Ukraine. Plus à l’est, une attaque de drones sur la région de Samara a provoqué un incendie dans une importante raffinerie de pétrole. Le même jour, la Russie a annoncé avoir abattu des missiles ukrainiens tirés contre Sébastopol, en Crimée, région annexée par Moscou en 2014.

Les attaques russes sont présentées par Moscou comme “une vengeance” après les incursions ukrainiennes dans la région de Koursk et les raids aériens contre Belgorod intervenus quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote pour l’élection présidentielle en Russie, explique NBCNews.

Mais les nouvelles frappes massives sur Kiev et Lviv annoncent peut-être une nouvelle escalade après l’attentat terroriste du Crocus City Hall, à Moscou, qui a tué au moins 133 personnes vendredi 22 mars, commente The Guardian. Alors que l’attaque a été revendiquée par l’organisation État islamique (EI) et que Kiev a nié toute implication, “Vladimir Poutine, quant à lui, a tenté d’établir un lien entre cet attentat et l’Ukraine”.