En Provence-Alpes-Côte d'Azur, "Cash investigation" met le feu aux labos d’analyses

Les salariés grévistes d’Innovie Paca rassemblés hier devant le siège de Sainte-Marthe (14e).

Les salariés grévistes d’Innovie Paca rassemblés hier devant le siège de Sainte-Marthe (14e).

Photo DR

Marseille

Les laboratoires Innovie Labosud Provence ( qui possèdent 71 sites en Provence-Alpes-Côte d'Azur) ont fait grève ce vendredi 15 mars pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer des revalorisations salariales.

Mais que se passe-t-il dans les laboratoires d’analyses biomédicales ? Après la grève des salariés de Biogroup Alphabio Paca (une vingtaine de sites à Marseille) fin février, c’est au tour des laboratoires Innovie Labosud Provence (71 sites dans la région) d’être perturbés par un mouvement du personnel.

Vendredi 15 mars, à l’appel de la CFTC et de FO, plusieurs dizaines de salariés se sont rassemblés au siège du groupe, à Sainte-Marthe (14e), pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer des revalorisations salariales. "Travail à flux tendu", "sous-effectif", "personnel, sous tension", "départs non remplacés" : les motifs de colère exprimés par Brigitte Cachero (CFDT) rejoignent ceux qui sont portés au niveau national par la CGT qui appelait vendredi à un mouvement de toute la branche en France.

Pour les grévistes d’Alphabio comme pour ceux d’Innovie, c’est le magazine de France 2 Cash Investigation qui a mis le feu aux poudres. Cette enquête sur les "profiteurs de crise" mettait en lumière les super-profits réalisés par les actionnaires des grands groupes de laboratoires d’analyses médicales pendant la pandémie de Covid. En 2020, le chiffre d’affaires des six géants du secteur (Eurofins, Cerba, Synlab, Unilabs, Biogroup et Innovie) a bondi de 85 % : près de sept milliards d’euros payés par la Sécurité sociale.

En 2023, au terme d’un bras de fer avec le ministre de la Santé, les laboratoires signaient un accord les obligeant à réaliser, d'ici à 2026, 550 millions d’euros d’économies (quand le ministre François Braun réclamait un milliard).

Ils réclament "un juste partage"

Un effort que les groupes feraient exclusivement peser sur les salariés, dénoncent les syndicats. "Depuis la fin de la pandémie, il y a eu au moins 1 000 salariés débauchés, et pas seulement des CDD recrutés pendant le Covid", indique Brigitte Cachero. La CFDT et FO réclament "un juste partage" des bénéfices d’Innovie. Le mouvement de vendredi, reconductible ce samedi 16 mars sur certains sites, vise à peser sur la direction du groupe, avant une rencontre prévue prochainement à la maison mère, près de Montpellier. Dans La Dépêche du Midi, Élodie Carrère, directrice de la filiale Innovie Synairbio a fait savoir qu’"une proposition a été faire au niveau des salaires", ajoutant qu’"avec les dispositifs financiers existant, il y a eu une rémunération supplémentaire de 16 % en 2023".

Est-ce l’effet Cash Investigation qui a également secoué l’Autorité de la concurrence ? Vendredi 15 mars, cette instance indépendante chargée de contrôler les règles de la concurrence a fait savoir par voie de communiqué que des saisies de documents avaient été réalisées le 14 mars, "auprès d’entreprises suspectées d’avoir mis en œuvre des pratiques anti-concurrentielles dans le secteur de la biologie médicale". Une instruction menée "après accord d’une juge des libertés et de la détention", qui vise, selon nos informations, des pratiques d’entente préalable présumées.