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Maud Fontenoy, l’engagée des mers

PORTRAIT. Ce jeudi 14 mars, à 22h40, sur Canal+, sort le deuxième opus de la série documentaire « Bleu, un océan de solutions », proposée et incarnée par la navigatrice Maud Fontenoy.

Armelle Favre , Mis à jour le
La navigatrice Maud Fontenoy
La navigatrice Maud Fontenoy. © Canal+

J’ai passé plus de temps, dans ma vie, sur les océans que sur la terre ferme. Je suis presque née sur un bateau. » La vie de Maud Fontenoy n’est assurément pas commune. Déjà, à 25 ans, la navigatrice passionnée s’était lancé un défi, celui de traverser l’océan Atlantique à la rame. Résultat : elle vogue sur plus de 3 700 kilomètres, en solitaire et sans assistance, entre Saint-Pierre-et-Miquelon et La Corogne. Deux ans plus tard, la jeune femme se lance dans une autre aventure, tout aussi folle et risquée : la traversée, cette fois-ci, de l’océan Pacifique, toujours à la rame. 6 700 kilomètres plus tard, reliant le Pérou à la Polynésie, Maud Fontenoy forçait l’admiration de ses pairs, se distinguant à nouveau en tant que première femme à avoir accompli cet exploit dangereux.

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Un caractère forgé aux alizés

« L’engagement rend heureux, quand on porte des sujets qui vous habitent. » Maud Fontenoy est une passionnée. Sa personnalité a été modelée grâce à une ténacité féroce, qu’elle a éprouvée dans sa carrière de sportive : « La mer est dans ma tête, dans mon cœur. Il me suffit de fermer les yeux pour percevoir ses grondements. Elle m’a enseigné l’humilité et la persévérance. Cette obstination, je la mets aujourd’hui au service de sa préservation. » Alors, cet amour passionné du grand bleu, elle entend l’exprimer de différentes façons, au gré de sa vie d’aventurière engagée.

Aujourd’hui, à 46 ans, après avoir publié des livres remarqués, elle continue son combat sur les écrans, en proposant le deuxième opus de sa grande série documentaire, centré sur son cheval de bataille depuis toujours : la préservation des océans, ces vastes étendues dans lesquelles « la vie trouve ses origines », cet « océan de solutions ». Elle en est intimement persuadée : « On a tous besoin de l’océan, c’est le berceau de l’humanité. » Pour défendre ses idées, la fougueuse se fait pacifiste : « Je fais passer mes messages avec beaucoup de rationalité, je suis pragmatique. Nous avons dépassé la temporalité des lanceurs d’alerte : nous avons tous conscience des problèmes actuels et à venir, comme l’augmentation des déchets, la pollution… Moi, je défends un autre point, moins connu : celui de réhabiliter le grand bleu. On pense beaucoup aux grandes étendues vertes, à préserver, aux forêts, mais les solutions se trouvent aussi dans l’océan. »

Celle qui a sillonné les mers souligne que la science connaît mieux les planètes que ces étendues bleues : « On investit dans le spatial, peu dans l’océan. » Elle souligne aussi la position de la France, qui se doit d’être pionnière et investie, alors que le pays possède le deuxième domaine maritime mondial : « Nous avons clairement une responsabilité à jouer. » Et pour ce faire, la sportive entend bien sensibiliser l’ensemble de la population : les jeunes, les décideurs, les industriels… « Il est nécessaire d’avancer tous ensemble. »

L’amour de la transmission

Pour avancer justement, Maud Fontenoy côtoie les plus jeunes, via sa fondation éponyme. Elle y consacre une bonne partie de sa vie, 90 % de son temps, nous confie-t-elle. L’occasion de faire passer ce message : « Voir les raisons de croire en l’avenir. » Au moment du tournage, la navigatrice est enceinte de son cinquième enfant : « Cela n’a pas changé ma philosophie de vie, mais j’ai vécu ce moment de façon encore plus intense : je faisais découvrir, in utero, les beautés de l’océan à ma petite fille. » Une belle occasion pour celle qui confie « adorer voyager » avec ses enfants. Ses quatre enfants aiment la mer et la côtoient souvent, à Nice, et puis « à la maison, la mer est partout ». « J’essaie d’éveiller chez eux leurs passions propres, mais je vois bien qu’ils sont fascinés par l’océan et la diversité. La passion de la nature fait partie de notre quotidien. »

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Lors du tournage de
Lors du tournage de "Bleu, un océan de solutions" © Collection personnelle

La force de l’image

Pourquoi le documentaire ? « Nous sommes dans une ère de l’image. Bien sûr, j’aime les mots et la trace que laissent les livres. J’ai toujours eu une place pour la lecture dans ma vie. Mais l’image est tellement frappante… Cet autre canal permet de faire passer un message de façon plus accessible, de retranscrire la beauté sublime des lieux et de partager la passion des personnes que je rencontre, qui vibrent pour leur métier et vivent de l’océan. » Le documentaire a été source de nouveautés : « J’ai dû par exemple enregistrer une voix off, ce que je n’avais jamais fait, mais j’aime la nouveauté et les défis, et puis je choisis tout : j’écris le documentaire, je choisis les destinations… Je ne suis pas dans un rôle. Je me comporte dans le documentaire comme dans la vraie vie. »

Tabarly avait l’habitude de maugréer : « La mer, c’est ce que les gens ont dans le dos quand ils sont sur leur serviette à la plage », cite Maud Fontenoy, dans un demi-sourire. « De fait, pendant des années, des millions de tonnes de déchets y ont été déversées. On a pensé que cela n’avait pas d’importance, mais on se rend compte aujourd’hui que ce que l’on jette en mer revient dans nos assiettes, dans nos poumons… » Sa mission est claire : « Faire comprendre que ces océans sont indispensables, et non pas juste des endroits où l’on passe des vacances. » Maud Fontenoy engage donc le spectateur à faire fi de la demi-mesure et à plonger, radicalement, dans ce grand bleu qui l’attire tant. Cet écosystème à la fois « riche, fascinant et fragile », elle nous invite à en saisir les enjeux, en faisant parler les experts qui, comme elle « consacrent leur vie à comprendre pour préserver l’océan ». L’intrépide, même enceinte, n’hésite pas à joindre le geste à la parole, en s’enfonçant, munie d’un masque et d’un tuba, vingt mille lieus sous les mers.

Lors d'une plongée, lors du tournage
Une plongée, lors du tournage © Collection personnelle

S’engager au service du vivant

Pour ce deuxième documentaire, direction la grande barrière de corail, ou septième merveille du monde. Les images sont à couper le souffle, la caméra balaie l’habitacle d’une faune et d’une flore fascinantes. « L’homme a besoin de cette grande barrière de corail pour se nourrir, pour respirer, mais aussi pour y trouver les médicaments de demain », insiste la navigatrice. Cette grande barrière est emblématique, loin des côtes, et l’endroit est encore préservé. « Dans l’océan se trouve une multitude de solutions indispensables à notre avenir : oxygène, eau, nourriture, trousse à pharmacie de demain, régulation du climat, énergies…. » Acmé du documentaire : la ponte du corail, moment d’une grande rareté puisqu’elle a lieu une fois par an, durant quelques minutes seulement. Un moment symbolique auquel le spectateur assiste, plein d’espoir pour les années à venir. La militante écologiste en est intimement persuadée : les « solutions » tant recherchées, se trouvent à l’endroit même des origines du vivant : « La vie est née dans la profondeur des océans, et aujourd’hui l’homme y revient pour trouver des solutions pour sa survie. »

Pour le prochain épisode, Maud Fontenoy embarquera les téléspectateurs en Méditerranée : « Il est important de se rendre compte de la beauté de ce qui existe aussi tout à côté de chez nous. » Rendez-vous en juin pour le prochain voyage.

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