Violences sexuelles dans le sport : « On doit tous faire notre mea culpa », affirme Roxana Maracineanu

Violences sexuelles dans le sport : « On doit tous faire notre mea culpa », affirme Roxana Maracineanu

Auditionnée par la commission de la culture du Sénat, la ministre des Sports a présenté les principales pistes de réflexion pour lutter contre les violences sexuelles dans le milieu sportif. Roxana Maracineanu s’est montrée assez tranchante envers les fédérations sportives.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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Les révélations et témoignages sur les violences sexuelles dans le milieu sportif ont déferlé ces derniers mois. « La fin de l’omerta », titrait ainsi L’équipe dans un numéro dévoilant les témoignages de plusieurs grandes sportives. Une onde de choc qui mobilise forcément la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Auditionnée par la commission de la culture, la ministre a présenté les actions qu’elle entend mener pour lutter contre les violences sexuelles, ce jeudi au Sénat.

« On n’arrête pas de dire qu’il faut que la parole se libère et on se rend compte que c’est plutôt l’écoute qui devrait se libérer. Il me semble que votre écoute est aujourd’hui attentive et c’est une bonne chose », a salué Dominique Vérien, sénatrice centriste de l’Yonne. Une bienveillance partagée par les autres sénateurs de la commission à l’endroit de la ministre. Devant les sénateurs, Roxana Maracineanu est revenue sur les conclusions de la Convention nationale de prévention des violences sexuelles dans le sport qui s’est tenue vendredi dernier. Cette convention a notamment abouti à la nomination d’une déléguée ministérielle chargée de la lutte contre les violences sexuelles dans le sport en la personne de Fabienne Bourdais.

Questionner la relation entraîneur – athlète

« On doit tous faire notre mea culpa (...) Aujourd’hui, on doit tous réfléchir ensemble à un vrai plan de prévention national, je l’ai annoncé pour mai », a rappelé la ministre des Sports. Parmi les pistes évoquées, Roxana Maracineanu a souligné la nécessité de revoir la formation des éducateurs. « Aujourd’hui, il y a un module éthique et intégrité qui n’est pas un module obligatoire, il est optionnel et il n’est pas évalué. On a envie de réfléchir au contenu de l’enrichir et d’y accorder une grande importance », a-t-elle expliqué en insistant sur la relation entraîneur-athlète. « Dans beaucoup de témoignages que j’ai entendus de la part des victimes, c’est cette relation qui n’est pas questionnée. Est-ce qu’on doit se sacrifier pour arriver à la performance ? (…) Au nom de ça, l’entraineur malveillant est tout à fait en capacité de dire "Ben finalement ce que tu dois sacrifier c’est ton corps, ton intégrité morale et physique" », souligne la ministre des Sports. La formation des éducateurs sportifs devrait être modifiée dans le cadre de l’examen de la loi Sports, précise-t-elle aussi.

La ministre durcit le ton face aux fédérations

Violences sexuelles dans le sport : « Les premiers responsables et les premiers à devoir réfléchir à ça c’est elles, les fédérations »
04:30

Au cours de son audition, Roxana Maracineanu s’est montrée assez tranchante envers les fédérations sportives. « Il faudrait qu’on puisse avoir un vrai contrat de délégation mieux fourni (…) qui permette de mettre un peu plus facilement à l’amende les responsables des fédérations qui souvent se retranchent (…) Les premiers responsables et les premiers à devoir réfléchir à ça ce sont elles, les fédérations », a lancé la ministre. La passivité de certains responsables a été pointée du doigt après les premières révélations d’agressions sexuelles. À noter que lors de la convention nationale sur les violences sexuelles dans le sport, vendredi, seuls onze présidents de Fédérations ont fait le déplacement.

La ministre a par ailleurs salué la proposition de loi déposée par le sénateur LR, Michel Savin. Un texte portant notamment sur le contrôle d’honorabilité visant à vérifier les antécédents judiciaires des bénévoles intervenants auprès des mineurs. Il s’agit là de croiser les fichiers des associations sportives avec le FIJAISV (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes). « Là, on teste la capacité technique de croiser ces fichiers avec le fichier FIJAISV, sachant que les informations doivent remonter. On est en train de voir avec la justice pour faire ce contrôle au niveau des régions mais on s’est rendu compte, sur les cas passés, qu’au vu de l’entre-soi qui existe un peu dans le monde du sport (…) il y a une petite tendance à se couvrir », expose Roxana Maracineanu.

« La féminisation du monde sportif pourrait inverser le rapport de force »

Face à la ministre des Sports, le sénateur du Bas-Rhin, Claude Kern s’est néanmoins ému du sort des bénévoles : « Il faut également faire attention à ne pas tomber dans l’extrême, l’extrême dû aux comportements insupportables de quelques individus qui ternissent l’image des nombreux bénévoles qui sacrifient leurs loisirs quotidiennement (…) La grande majorité des encadrants ne mérite pas cela et souffre malheureusement déjà des agissements de ces quelques malades ». Jean-Raymond Hugonet, sénateur LR de l’Essonne, s’est, lui, interrogé sur le rôle et l’implication des parents dans ce combat contre les violences sexuelles. La représentation des femmes dans le sport a aussi été abordée. « Le monde sportif est éminemment masculin » et la « féminisation du monde sportif pourrait inverser le rapport de force », explique la ministre. Au cours des prochains mois, les travaux de Roxana Maracineanu se concentreront donc sur trois points : les actions de sensibilisation et prévention, accompagnement, ainsi que le contrôle des encadrants.

 

 

 

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