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Fin de vie : « En Belgique, le médecin qui procède à l’acte assume l’impuissance de la médecine à soulager »

Médecin à la retraite ayant pratiqué l’euthanasie, Corinne Vaysse-van Oost, qui se déclare catholique, souligne, dans une tribune au « Monde », les forces du modèle belge et dresse les limites du projet de loi français présenté par Emmanuel Macron.

Publié le 25 mars 2024 à 05h20 Temps de Lecture 4 min. Read in English

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En 2002, la Belgique s’est dotée d’une loi dépénalisant l’euthanasie, avec des conditions très strictes. Exerçant comme médecin de soins palliatifs depuis trente-cinq ans, j’ai accepté, avec les équipes de soins, d’accompagner les personnes qui expriment cette demande, à domicile comme à l’hôpital. En 2023, 101 Français ont été euthanasiés en Belgique. Recevant moi-même des demandes de France, j’ai lu avec attention le projet du président Macron.

Cette « aide à mourir » proposée me semble répondre au souhait de nos contemporains des pays « riches » : pouvoir gérer, avec leur équipe médicale, leur fin de vie. Depuis leurs débuts, les soins palliatifs ont ainsi œuvré pour que la mort ne soit plus niée, cachée dans nos parcours de soins. Mais, face à une fin de vie annoncée, les personnes ont besoin d’être respectées dans leurs angoisses, dans les limites qui leur semblent acceptables. Les équipes de soins palliatifs écoutent, et elles peuvent souvent aider à créer les conditions d’une mort apaisée. Mais, comme le dit le président Macron, ce n’est pas toujours possible.

Alors, l’aide à mourir devient nécessaire pour que la personne et ses proches se sentent en sécurité. Mais quelle aide ? Les conditions proposées pour l’obtenir semblent proches de celles de la Belgique. Je voudrais cependant souligner deux différences. D’une part, nous n’avons pas exclu les malades dont le décès n’était pas attendu à brève échéance, vu la difficulté des patients face à certaines pathologies neurologiques ou psychiatriques et l’impuissance des médecins à soulager. D’autre part, la place et le rôle des médecins me paraissent très différents.

L’importance de la « communauté de soins »

Dans les deux cas, ce sont certes les médecins qui décident d’accepter de délivrer l’aide demandée, si les conditions sont bien remplies. Mais en Belgique, contrairement à ce qui est prévu pour la France, le médecin concerné – le plus souvent un médecin s’occupant du patient, généraliste ou spécialiste – accompagne son patient jusqu’au bout. Il le fait non seulement en prenant l’avis de confrères, de l’équipe soignante et des proches, mais surtout en continuant le dialogue ainsi que les soins, et en préparant le moment de l’acte avec toute l’attention et la vigilance requise.

Même si je sais que c’est un acte particulièrement difficile – comme l’expriment nos confrères réanimateurs ou d’autres confrontés à des situations aux extrêmes de la vie –, comment imaginer une rupture dans les soins, un abandon du patient, qui aurait reçu son ordonnance avec ses produits létaux à avaler ? Cela me semble contraire à notre déontologie. En Belgique, nous attendons le dernier moment pour aller nous-mêmes chercher les produits à la pharmacie du patient. Souvent, d’ailleurs, le patient est décédé avant : avec les soins palliatifs, il a supporté sa situation, mais il était rassuré : si la vie devenait un enfer, nous pouvions l’aider pour mourir un peu plus tôt.

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