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"Je ne suis pas une victime, je suis une rescapée", raconte Louise, 22 ans, présente au Bataclan en 2015

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Présente dans la salle du Bataclan le 13 novembre 2015, Louise, 22 ans, qui se présente comme une survivante, va beaucoup mieux. C'est grâce à un soutien psychologique, aux associations et à ses proches. Ce 11 mars, journée nationale d’hommage aux victimes de terrorisme, lui rendra aussi hommage.

La jeune femme multiplie les défis sportifs. Le sport a été d'une importance capitale dans de sa guérison. La jeune femme multiplie les défis sportifs. Le sport a été d'une importance capitale dans de sa guérison.
La jeune femme multiplie les défis sportifs. Le sport a été d'une importance capitale dans de sa guérison. © Radio France - Nina Valette

Ce 11 mars 2024, la journée nationale d’hommage aux victimes de terrorisme, présidée par le Premier ministre, se tiendra à Arras. C'est là que le 13 octobre dernier, le professeur Dominique Bernard, a été assassiné. Une journée instaurée en 2020, qui a une saveur particulière pour Louise, 22 ans, rescapée du Bataclan.

Une quarantaine de minutes au sol, à ne pas faire de bruit

Le 13 novembre 2015, 90 personnes sont tuées dans la salle du Bataclan à Paris par trois djihadistes. Dans la fosse, Louise n'a alors que 14 ans. Accompagnée de son oncle, elle assiste à son premier concert. "On était au sol. Mon oncle était au-dessus de moi pour me protéger. On est restés une quarantaine de minutes comme ça, en bougeant le moins possible, sans le moindre bruit", raconte la jeune femme aujourd'hui âgée de 22 ans.

Les bruits, les odeurs ou encore les images, la jeune femme garde forcément en mémoire certains détails de cette soirée. Le choc post-traumatique est perceptible rapidement, le suivi psychologique dure plusieurs années. "Il y a eu pas mal de colère que je n'arrivais pas trop à expliquer. Il y a eu de la culpabilité aussi de n'avoir rien pu faire. Avec des questions aussi : pourquoi moi et pas les autres ? Parce que moi, à 14 ans, je n'avais pas d'enfant, pas de but dans la vie."

Cette soirée, aujourd'hui, elle arrive à ne plus y penser au quotidien, mais ça n'a pas toujours été le cas : " Ça a totalement changé ma vie. En fait, je n'ai pas vraiment vécu mon adolescence, comme la plupart des jeunes de mon âge", regrette la jeune femme assise sur un banc dans le centre de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.

"Nous étions entre nous"

Aujourd'hui, Louise va beaucoup mieux. Le sport a été une bouée de sauvetage pour la jeune femme qui est réserviste chez les pompiers de Paris. D'ailleurs, elle reconnaît avoir passé une étape dans le processus de guérison grâce à l'association Le Bleuet de France qui accompagne notamment les victimes de terrorismes.

Grâce à la structure, l'année dernière, la Francilienne a pu bénéficier d'une sortie au ski qui lui a fait beaucoup de bien. "Je n'aurai jamais pu financer ça toute seule alors que c'était un moment important. Parce que nous étions entre nous : entre blessés de guerre, de terrorisme. Et en étant avec des gens qui me comprennent, ça produit un effet sur l'esprit qui est assez incroyable."

"Je ne suis pas une victime, je suis une rescapée"

La jeune femme ne veut pas qu'on la considère comme une victime
La jeune femme ne veut pas qu'on la considère comme une victime © Radio France - Nina Valette

Désormais, elle poursuit des études en psychologie mais vit encore avec la pression et le devoir, de donner du sens à sa vie. "Que tout ça ne soit pas arrivé pour rien", répète régulièrement la survivante qui ne veut pas que l'on utilise le mot « victime ».

"Je considère que j'ai été « victime » sur le moment parce que je n'ai rien pu faire. Mais pour moi, après, une fois qu'on en sort et qu'on redevient un peu maître de sa vie, on est plus victime. Je suis rescapée, une survivante. Mais le terme de victime, pour moi, c'est associé au fait de subir un peu la situation", explique la jeune femme qui n'a qu'un projet aujourd'hui en tête, vivre le plus possible en aidant son prochain.

Louise est aujourd'hui pupille de la nation. En effet, les enfants victimes et les enfants des victimes d'actes de terrorisme peuvent être adoptés par la Nation en qualité de pupille.

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