Un livre et un tour du monde à vélo à main pour Jimmy Pelletier

Lorsqu’un accident de voiture l’a laissé paraplégique à 19 ans, Jimmy Pelletier savait que malgré le drame, il pouvait survivre, mais il a fait encore mieux en faisant le choix de vivre pleinement. Au point où cette vie bien remplie fait l’objet d’un livre qui vient de paraître et qu’un tour du monde à vélo à main figure à son agenda pour 2025.

Qui d’autre pour rédiger ce livre que celle qui partage son quotidien depuis 2015, son épouse, Manon Bélanger?

Jimmy Pelletier, sportif dans l’âme depuis sa tendre enfance, a vu son destin basculer en 1996 lors d’un accident dans sa ville natale de Baie-Comeau. Après le choc, il a décidé de s’établir à Québec et de mordre dans la vie, au point d’enchaîner les compétitions sportives, jusqu’aux Jeux paralympiques de 2006 à Turin, en ski paranordique.

Pas pour rien que le bouquin est intitulé à juste titre: Survivre ou s’adapter: l’histoire inspirante de Jimmy Pelletier.

Le sport et le quotidien

Bien sûr, l’autrice et amoureuse y raconte en détail les péripéties sportives qu’elle a pleinement partagées avec lui, comme l’ascension du Kilimandjaro en 2018 et la traversée du Canada à vélo un an plus tard, mais aussi la vie de tous les jours avec cet athlète et humain d’exception, dans les détails les plus intimes.

«J’ai senti que c’était trop extraordinaire. Je vis avec un homme qui est un grand exemple dans la vie et j’ai la chance d’être avec lui tous les jours. Je me suis dit: “Il faut que je partage cette histoire”. Je voulais honorer sa résilience, sa grande détermination, sa persévérance», explique-t-elle au Journal.

Tout au long de l’entretien, les deux se jettent des regards complices, fiers de l’aventure qu’ils mènent et du livre qui en résulte.

«Dans la vie, tu dois décider si tu es victime ou maître de tes affaires. Ça demande une grande force de s’adapter, mais quand tu fais ce choix, tu sens la vie en toi. Tu peux aller jusqu’à faire des choses incroyables pour aller vers qui tu veux vraiment être», note Manon Bélanger.

«Je voulais sensibiliser les gens au fait qu’ils ont aussi la même force et la possibilité de faire des choix dans la vie. Ils peuvent s’adapter à toutes les situations. Dans des épreuves énormes, comme l’accident de mon chéri, il faut faire ce choix-là tous les jours parce qu’il fait face à son handicap au quotidien», continue-t-elle.

Un coffre d’outils

Jimmy Pelletier, c’est aussi la randonnée annuelle qui porte son nom et qui a permis à ce jour de remettre 1,7 million à l’organisme Adaptavie, ainsi qu’à d’autres causes pour favoriser l’inclusion des personnes ayant des limitations à travers la province et même le pays. D’ailleurs, l’argent amassé via les droits d’auteur du livre sera remis à Adaptavie.

Pour Jimmy Pelletier et sa conjointe, le but premier avec cet exercice était de faire tomber les nombreuses barrières avec lesquelles les gens avec un handicap doivent composer, ou encore celle que leurs proches s’imposent.

«Le livre, c’est comme un coffre plein d’outils que j’ai utilisés, souligne Pelletier. Tous ces outils sont en dedans de nous, mais on doit apprendre à s’en servir de la bonne façon. Je pense sincèrement que tous ceux qui vont lire vont se voir là-dedans. Moi, c’est mon handicap, mais pour d’autres, ce sera le cancer ou plein d’autres situations qu’ils peuvent vivre.»

Place au tour du monde!

En rencontrant Jimmy Pelletier, il est facile de réaliser que ce n’est pas parce qu’un livre sur sa vie vient d’être publié que le dernier chapitre a été écrit.

Même si tous les détails ne sont pas ficelés, il amorcera en 2025 une traversée du monde à vélo à main, en compagnie de sa douce moitié.

Les deux tourtereaux qui carburent aux défis entendent mettre deux à trois ans pour franchir 41 000 km à travers cinq continents, à commencer par l’Europe.

L’objectif, au-delà de l’exploit sportif, est de faire connaître sa cause au plus grand nombre, question d’amasser pas moins de deux millions. Les détails seront dévoilés dans les prochains mois.

«Quand j’ai fini de traverser le Canada, je me sentais vraiment comme une machine. Avant l’arrivée, j’ai lâché juste de même: “Me semble que je continuerais à rouler et que je ferais le tour du monde”.»

«Avec ma femme, j’arrive à vivre ma vie simplement malgré mon handicap. Je me sens vraiment bien. L’idée d’entamer ce défi amène des craintes, mais on est surtout fébriles. C’est un mélange d’émotions», sourit Pelletier.

Comme quoi ce dernier a beau vivre dans un fauteuil roulant, il n’a jamais été aussi debout et vivant qu’aujourd’hui.