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Inomata Mutsumi, illustratrice de la série Tales of, nous a quittés le 10 mars

Tales of Tristesse

Par Kyujilo ( @KyujiloSenpai) ,

Artiste discrète, rare sur la scène publique et pourtant prolifique, Inomata Mutsumi est décédée le 10 mars 2024 à l'âge de 63 ans. Originaire de Kanagawa, illustratrice et character designer pour la saga Tales Of de Bandai Namco, elle a également oeuvré sur l'anime Mobile Suit Gundam Seed et sur les romans Dragon Quest. C'est sur les réseaux sociaux que la soeur d'Inomata Mutsumi a annoncé la disparition de cette immense artiste.

Le travail de character designer d'Inomata Mutsumi a profondément marqué l'imaginaire des joueurs, ainsi que l'inconscient collectif des amateurs de J-RPG. Son trait à la fois clair et lisible, donnant vie à des personnages charismatiques dont les blessures étaient cachées sous des allures parfois androgynes, parfois puériles, a été l'un des éléments constitutifs de l'ADN de la saga de J-RPG de Bandai Namco. Outre le travail sur les corps des personnages, ce sont les regards très expressifs de ses créations, avec ces yeux perçants plein d'émotions, qui ont constitué la "marque de fabrique" d'Inomata Mutsumi. Impossible de ne pas avoir succombé au regard déchirant de Stan Aileron, héros de Tales of Destiny, dont le visage ornait la jaquette du jeu sur PlayStation.

Après quelques travaux dans les années 90 sur EMIT (PC Engine) et Surging Aura (Mega Drive), Inomata Mutsumi arrive sur la saga Tales Of en 1997 avec ledit Tales of Destiny. L'artiste travaillera sur la série non seulement en tant que character designer mais aussi en tant qu'illustratrice principale sur les jaquettes des jeux (en tant que cover artist). De Tales of Destiny à Tales of Berseria en 2017, elle aura travaillé sur 12 titres principaux de la licence pendant deux décennies (son dernier travail pour Bandai étant la conception des personnages du RPG mobile Tales of Crestoria en 2020). Ce faisant, elle est devenue la garante de l'identité visuelle de la série.

Vouloir résumer son immense talent à la conception de ses héros masculins aux traits subtils largement mis en avant par Bandai Namco (Stan Aileron de Tales of Destiny, Jude Mathis de Tales of Xilia, Asbel Lhant de Tales of Grace...) serait réducteur. Les héroïnes d'Inomata Mutsumi cachent une force et un caractère puissant sous des atours de fragilité, un contraste (presque un oxymore) souligné par des courbes délicates et par un style qui restait toujours très réservé, voire pudique. Si on a souvent pu rapprocher son coup de crayon à celui de l'école CLAMP, ou à un style assimilé au shojo, sa touche personnelle s'avère beaucoup plus versatile. Et si Inomata Mutsumi affectionnait particulièrement les héros jeunes, dont le destin restait à être construit, son trait pouvait se montrer acéré quand elle abordait des personnages plus âgés. On pense à Rassius "Ras" Luine de Tales of Eternia, ou à Gall Gruner de Tales of Hearts, protagonistes au charisme indéniable, et preuve de la polyvalence de l'artiste. Depuis 2021 et Tales of Arise, Minoru Iwamoto a pris la relève de cette immense Dame chez Bandai.

Le talent d'Inomata Mutsumi s'est aussi exprimé dans le domaine du versus fighting, Bandai Namco lui ayant demandé de concevoir quelques costumes additionnels pour Ling Xiaoyu et Jin Kazama dans Tekken 5, Zafina dans Tekken 6 et Jaycee dans Tekken Tag Tournament 2.

Une artiste clé de l'animation

Si Inomata Mutsumi a surtout brillé ces dernières années grâce au monde du jeu vidéo, ses premières amours se trouvent du côté du monde de l'animation. Fraîchement diplômée, dans les années 70 elle commence à travailler pour Ashi Productions (Angie Girl, Blocker Gundan 4 Machine Blaster). Dans l'une de ses rares interviews, accordée à Karageko en 2022, elle explique que c'est un peu pour suivre le mouvement instauré par ses camarades de promotion qu'elle est parvenue à rentrer dans l'industrie de l'animation : "j'ai toujours aimé les dessins animés depuis mon enfance, mais je n'avais aucune idée de la façon dont ils étaient réalisés. Par coïncidence, j'avais des camarades de classe au lycée qui aimaient également les dessins animés. Ils m'ont dit qu'il existait des emplois d'été à temps partiel dans le domaine de la peinture sur cel et m'ont demandé si cela m'intéressait. C'est à ce moment-là que j'ai entendu parler pour la première fois de l'existence de ce type de travail. J'y suis allé avec l'un d'entre eux, et c'est ainsi que je suis entré dans l'industrie".

Une première étape pour elle, qui aurait préféré pourtant se consacrer à l'illustration et à la peinture (chose qu'elle pourra faire -avec plus ou moins de contrainte- lorsqu'elle rejoindra le monde du jeu vidéo) : "à l'origine, je voulais trouver un emploi dans le domaine du dessin et de la peinture, et j'avais donc prévu d'aller à l'école d'art et de design. Mais peu à peu, je me suis intéressée au travail sur les dessins animés et j'ai demandé conseil à une personne de l'entreprise où je travaillais à temps partiel".

Jusqu'au continent du vent

Après quelques années à travailler en tant qu'animatrice sur Kujira no Josefina ou Space Warrior Baldios, elle se retrouve au poste de directrice de l'animation et animatrice clé sur le très culte Sengoku Majin GoShōgun, et enchaine les oeuvres de haute volée : on retiendra en particulier Leda: The Fantastic Adventure of Yohko en 1985 (série sur laquelle son talent s'exprime pleinement - voir la galerie ci-dessus) et Windaria (1986). Elle poursuit ses armes sur Urusei Yatsura (Lamu en VF), City Hunter... Son travail d'illustration sur les romans "The Weathering Continent" (le Continent du Vent, adapté en anime en 1992) a particulièrement marqué les esprits. Elle concevra ensuite le character design de Brain Powerd (1998), une géniale bizarrerie post-Evangelion, et continuera dans le genre du mecha avec Mobile Suit Gundam SEED (2004). Le succès aidant, elle peut se concentrer sur l'illustration et le travail de conception d'artbooks, ce qui collera beaucoup plus avec ses premières aspirations.

L'artiste fera également un passage remarqué par son travail sur les romans Dragon Quest (écrits par Hideo Takayashiki, publié en volume relié en 2000). Si cette licence reste définitivement liée à l'oeuvre de feu Akira Toriyama, Inomata Mutsumi a réussi à s'emparer du sujet médiéval fantastique et à y apposer sa propre patte. Les couvertures de ces romans sont des oeuvres puissantes, à la force évocatrice indéniable, qui aborde le mythe DraQue sur un angle plus sérieux, voire tragique.

La disparition d'Inomata Mutsumi laisse un vide énorme dans le coeur des fans de Tales Of, ainsi que dans le monde de l'animation et du jeu vidéo au sens large. Avec elle, c'est une partie de notre histoire de joueur qui s'éteint.

Kyujilo
Kyujilo

Ce dinosaure du JV est né en même temps que le ZX Spectrum. Quand il n'est pas en train de soulever de la fonte, ou d'arpenter les couloirs enfumés de sinistres revendeurs de vinyles, Kyujilo arpente les contrées virtuelles de Zebes ou d'Hallownest. N'ayant peur de rien, il affronte avec autant de ténacité les paysages pixellisés d'obscures productions indés ou les plaines buggées des pires AAA, non sans lâcher un tonitruant "Shôryûken" lorsqu'il terrasse un boss au bout de la cinquième heure de try hard. Cet indéboulonnable Malouin n'a qu'une devise : "Si à 50 ans on n'a pas lu Hokuto no Ken, c'est qu'on a quand même raté sa vie."

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