Sur la piste du stradivarius à 10 millions d’euros : au cœur de sa cachette à Varsovie

ENQUÊTE (1/3). Ce violon de 1719 surnommé le Lauterbach, volé à Varsovie en 1944 et dont toute trace avait disparu, vient peut-être de réapparaître. Une association française a été missionnée par un collectionneur pour s’en assurer. Reportage en Pologne sur les traces de cet instrument extrêmement rare.

A l'été 1944, les Nazis mettent la main sur un violon Stradivarius de 1719, surnommé le Lauterbach, caché dans une salle du Musée national de Varsovie. Depuis, il est invisible. Getty Images via AFP/Tom Lynn; Bridgeman Images/Granger; NMW/Zbigniew Dolinski
A l'été 1944, les Nazis mettent la main sur un violon Stradivarius de 1719, surnommé le Lauterbach, caché dans une salle du Musée national de Varsovie. Depuis, il est invisible. Getty Images via AFP/Tom Lynn; Bridgeman Images/Granger; NMW/Zbigniew Dolinski 

    Notre série « Sur la piste du stradivarius qui rend fou »

    1. Au cœur de sa cachette à Varsovie
    2. À Lodz, chez son dernier propriétaire connu
    3. À qui appartient ce stradivarius aujourd’hui ?

    C’est une cachette à la Anne Frank, tout au bout d’un couloir, à l’extrémité du Musée national de Varsovie, le Louvre polonais. À l’été 1944, pas d’êtres humains dans cette planque, mais des œuvres d’art et des instruments de musique de grande valeur, entreposés dans ce recoin perdu des lieux pour échapper au pillage des Nazis. Ce petit endroit discret se trouve sous un escalier, dans la salle 19 de l’énorme édifice, et abrite aujourd’hui un cabinet de dessins. À l’époque, il servait de chapelle pour le personnel, dans le plus grand musée de ce pays profondément catholique.

    Alors que cet été-là, une lutte entre la Résistance polonaise et la Wehrmacht, sous l’œil passif de l’Armée rouge massée de l’autre côté de la Vistule, s’achève par 200 000 morts en deux mois à Varsovie, l’atmosphère d’apocalypse — 85 % de la ville est rasée — est propice à tous les pillages. Des soldats allemands trouvent la cachette. Parmi leur butin, un violon stradivarius de 1719, surnommé le Lauterbach, du nom de l’un de ses propriétaires au fil des siècles, d’une valeur estimée aujourd’hui à 10 millions d’euros. Il n’a jamais été retrouvé.