Perche : parti pour 333 km à pied dans le désert du Sahara, la course vire au fiasco

Des problèmes d'organisation ont empêché le Percheron Florian Gaudin d'aller au bout de son rêve : parcourir le désert en solitaire sur 333 km, lors de la Trans 333.

Le défi de la Trans 333 : parcourir 333 km dans le Sahara algérien, en moins de 108h.
Le défi de la Trans 333 : parcourir 333 km dans le Sahara algérien, en moins de 108h. ©DR
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Florian Gaudin a dû remiser son rêve. Parti du Perche fin février 2024, pour parcourir le désert, en Algérie, sur 333 km, le licenciés à l’A.S. Nogent le Rotrou Athlétisme n’en a finalement couru que 120, dans des conditions chaotiques.

En cause, des problèmes d’organisation, qui auraient pu mettre les participants à ce trekking de l’extrême en danger de mort.

Pourtant, c’est le spécialiste du genre qui organise cette course, Alain Gestin. Il a trente ans d’expérience et des dizaines de courses dans différents déserts derrière lui.

Florian Gaudin

Le trentenaire était pourtant parti très préparé, sans angoisse particulière, comme il le racontait avant le départ pour cette aventure. « Il y a autant de risque d’avoir un pépin dans ce genre de course que de se faire agresser en se baladant dans Paris », estime-t-il. Mais les choses ne se déroulent comme prévu…

La grande aventure

Arrivés à Djanet, au sud-est du Sahara algérien, le long de la frontière libyenne, le dimanche 25 février, à 5 h 30 du matin, la quinzaine de participants, la majorité d’hommes et trois femmes, se prépare à la grande aventure. Le départ est fixé au lendemain à 8h, pour une course de 333 km.

Tous les 20 kilomètres, un « CP », pour « check-point », doit attendre les coureurs pour leur permettre de prendre une collation et, surtout, de se désaltérer.

Sur plusieurs jours de course, nous portons notre matériel. Nous ne pouvons donc pas nous charger avec de l’eau alors que, sous ces conditions extrêmes, un coureur boit entre 15 et 20 litres par jour

Florian Gaudin

Mais ce matin, au lieu de l’habituel discours d’encouragement, le médecin présent sur place leur annonce que l’organisateur de la course est souffrant, une infection urinaire qui frôle la pyélonéphrite aiguë. Le départ est décalé de 24 heures.

La course est enfin lancée le 27 février au matin.

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Les participants à la course de l'extrême, avant le départ.
Les participants à la course de l'extrême, avant le départ. ©DR

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« J’ai pris le risque »

Dès le premier check-point, Florian Gaudin s’aperçoit que le balisage GPS de la course qui lui permet de s’orienter ne correspond pas aux points de ravitaillement. Ce n’est que la chance qui lui permettra de localiser le troisième check-point.

À la différence d’autres coureurs, j’ai pris le risque d’escalader une montagne pour aller au plus direct. C’est la vision en hauteur qui m’a permis d’identifier un campement, qui n’était pas situé au point GPS prévu.

Florian Gaudin

À ce CP 3, il retrouve Alain Gestin, l’organisateur, ainsi que le médecin de la course.

Il les convainc de partir à la recherche des autres concurrents, qui pourraient être perdus, à la recherche de ce point de ravitaillement introuvable. En 4×4, ils finissent par les retrouver errants dans le désert. La nuit est déjà tombée sur le Sahara…

Le ton monte…

Le ton monte entre l’organisateur et les coureurs. Ces derniers ne veulent plus repartir dans ces conditions, par crainte de ne pas trouver les points d’eau sur leur chemin.

Alain Gestin propose de modifier le parcours en le faisant longer une route de bitume sillonnant le sable. Et assure que les check-points seraient ainsi bien visibles.

Florian Gaudin, dans le Sahara.
Florian Gaudin, dans le Sahara. ©DR

C’en est trop pour Florian Gaudin. « Je n’étais pas allé jusque là pour courir sur une route », explique-t-il.

Seuls deux coureurs acceptent la proposition. Les autres attendent d’être rapatriés à l’hôtel. Mais leurs galères ne sont pourtant pas finies.

On a attendu de 6h du matin à 20h avant d’être ramenés à l’hôtel, à Djanet. Et, arrivés sur place, on nous indique qu’il n’y a rien à manger pour nous ! Je venais faire 120 km dans le désert, en ayant dormi une nuit !

Florian Gaudin

Heureusement, il lui reste des vivres de survie, qu’il aurait dû manger le long de la course.

Une grosse déception

C’est avec une grosse déception que Florian Gaudin revient en France. Et avec 2 200€ de perdu, le prix de la course, chèrement acquise auprès de différents sponsors. « Je suis dégoûté, j’étais prêt physiquement. »

Il n’en veut pour autant pas à Alain Gestin. « Ce n’était pas intentionnel, pas pour se faire de l’argent sur notre dos. C’est un homme qui aime ses coureurs, qui aime sa tribu. »

Du côté de l’organisateur, effectivement à l’origine de plusieurs dizaines de courses partout dans le monde, on plaide le mauvais partenaire. « Je travaille avec une agence depuis longtemps, Point Afrique. Ce sont eux qui m’ont recommandé l’équipe sur place, un groupe de Touaregs qui devaient établir les check-points. Mais ils n’étaient d’accord sur rien et ne faisaient pas ce que je leur demandais », avance-t-il comme explications.

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Pas d’eau chaude

Pas de problème de sécurité, néanmoins, selon lui. « Le principal souci, c’est que les Touaregs ont refusé de faire chauffer de l’eau aux points de ravitaillement ». Les coureurs étaient mécontents, raconte l’organisateur, de ne pas pouvoir consommer les aliments lyophilisés qu’ils avaient prévus.

On n’a pas couru le risque de perdre qui que ce soit.

Alain Gestin

Pour preuve de sa bonne foi, il assure qu’il organisera une nouvelle course en novembre prochain, à laquelle tous les participants malheureux de la Trans 333 pourront participer gratuitement. « Je ne veux pas m’arrêter sur un échec, c’est la première fois que ça arrive en trente ans ! », ajoute-t-il. 

Aller au bout

Florian Gaudin, lui, ne sait pas encore s’il repartira avec Alain Gestin. « Mon objectif immédiat, c’est de me reposer », dit-il. Il ne remise toutefois pas ses rêves de course dans le désert au placard.

J’ai toujours la perspective d’effectuer 1 000 km dans le Sahara

Florian Gaudin 

Et peut-être, avant, « organiser ma propre Trans 333, pour ne compter que sur moi-même ». Florian Gaudin n’a pas fini d’aller jusqu’au bout de lui-même.

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