TRIBUNE LIBRE. Pour la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, "Les seniors sont une richesse dans l’entreprise"

Les propos, remarques et commentaires exprimés dans les tribunes libres que nous publions n’engagent que leurs auteurs.

La rédaction Publié le 24/03/2024 à 10:45, mis à jour le 24/03/2024 à 13:48
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"Les seniors sont une richesse dans l’entreprise", souligne Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Photo Manuel Lagos Cid

Trop chers, pas assez souples, dépassés par les progrès du numérique, plus assez en forme pour supporter des conditions de travail pénibles… les prétextes ne manquent pas pour licencier ou refuser d’embaucher des seniors. Résultat, le taux d’emploi des seniors est en France 2 fois plus faible que celui de la moyenne des pays de l’OCDE. Pourtant, au lieu de s’attaquer à ce fléau, le gouvernement a préféré imposer en force une réforme des retraites qui force les seniors à travailler deux ans de plus… alors que nombre d’entreprises ne veulent plus d’eux. Pire, il annonce désormais vouloir supprimer les allocations-chômage spécifiques dont bénéficient les seniors! Une triple peine! Syndicats et patronat négocient actuellement sur la question de l’emploi des seniors. Dans cette négociation, la CGT porte des propositions très concrètes.

Le premier enjeu est d’adapter les conditions de travail, de prévenir et réparer la pénibilité et de prévoir des départs anticipés et des obligations de reclassement pour toutes celles et ceux qui exercent des métiers pénibles.

Une semaine de quatre jours

Ensuite, il faut aménager les fins de carrière pour faire baisser la pression. Créer un droit au temps partiel à 80% payé et cotisé à 100% permettrait d’instaurer la semaine de 4 jours pour les seniors. De même, les syndicats proposent de créer un droit à la retraite progressive à partir de 60 ans, avec la possibilité de toucher sa pension et de la cumuler avec du travail à temps partiel cotisé temps plein. Pas question d’accepter que passé 55, voire 50 ou 45 ans, on soit considéré comme périmé et que l’on n’ait plus accès à la formation professionnelle.

Les entreprises doivent augmenter leur financement de la formation professionnelle pour que les seniors puissent aussi être formés en seconde partie de carrière. Les seniors sont une richesse dans l’entreprise, grâce à leur expérience et souvent à leur stabilité. Ils doivent être mis à profit dans l’entreprise pour transmettre et former, par exemple avec le droit de devenir tuteur (associé à une réduction du temps de travail) ou au mécénat de compétence.

Pour financer ces aménagements de fin de carrière, il faut créer des dispositifs de solidarité entre les grandes entreprises et les petites: taxer les premières à hauteur de 0,1% de leur masse salariale permettrait de dégager 1 milliard pour financer la mise en place de ces aménagements de fin de carrière dans les secondes. Les entreprises qui ne jouent pas le jeu et usent et abusent des licenciements pour inaptitudes, ruptures conventionnelles et autres pour jeter les seniors comme des Kleenex doivent être sanctionnées.

Le progrès technologique au service de l’humain

Il faut rendre obligatoire sous peine de sanction la négociation avec les syndicats, et imposer le respect d’objectifs chiffrés en matière d’emploi des seniors. Enfin, la CGT porte la nécessité de réduire le temps de travail pour toutes et tous: une 6e semaine de congés payés, les 32 heures en 4 jours… C’est le sens de l’histoire: le progrès technologique doit être mis au service du progrès humain!

La négociation entre dans une phase décisive et doit s’achever début avril. Pour que ces propositions soient entendues par le patronat qui, pour l’heure, se limite à demander toujours plus d’aides publiques tout en refusant toute sanction ou contrepartie, il va falloir un rapport de force. Cela pourrait venir du gouvernement s’il menaçait de mettre en place ces sanctions en l’absence d’accord. Malheureusement, il a déjà promis monts et merveilles au patronat qui, du coup, n’a aucune incitation à faire des compromis en direction des syndicats… La pression doit donc venir des salarié.e.s!

> Les propos, remarques et commentaires exprimés dans les tribunes libres que nous publions n’engagent que leurs auteurs.

Sophie Binet est l’auteure des Jours heureux, précédé d’Il est minuit moins le quart aux éditions Grasset, 102 pages, 9 euros.

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Var-Matin

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