« J’ai un petit pincement au cœur. C’est évident ».
Joël Cabot, 82 ans, s’apprête à prendre sa retraite. Sans successeur ni repreneur, son départ va entraîner de facto la fin des Établissements Cabot. « Une page se tourne. C’est ainsi », soupire celui qui dirigeait cette affaire familiale depuis une trentaine d’années.
Les Établissements Cabot vont tirer leur révérence sur une vente aux enchères (lire encadré) jeudi 24 février dans les locaux de l’entreprise rue Abbé-Joly, à Fougères.
L’occasion pour les professionnels, amateurs et collectionneurs, d’acquérir des souvenirs de cette entreprise traditionnelle, avec ses machines spécialisées ou son mobilier des années 1930 à 1960.
Trois générations
La SA Cabot est une vieille maison traditionnelle du cuir, enracinée dans le paysage fougerais depuis une centaine d’années. Une aventure démarrée entre deux guerres par le grand-père de Joël Cabot, négociant et représentant dans le cuir.
Mais c’est Charles Cabot, le père de Joël, qui va lancer les Établissements Cabot. Après la Seconde Guerre mondiale, il installe le cœur de l’entreprise rue Abbé-Joly, à l’ombre de l’église Bonabry. Elle y est toujours.
C’est là que le cuir acheté et traité est acheminé, stocké puis expédié chez les clients. Jusqu’à 25 personnes ont travaillé à Fougères. À quoi s’ajoutait une force commerciale disséminée dans l’Hexagone.
La société qui vend du cuir à dessus (comprenez pour le dessus de la chaussure) va décoller avec l’essor de l’industrie chaussonnière fougeraise.
« À l'époque, Fougères était un centre national pour la chaussure de femmes et nous étions l'un des principaux fournisseurs de cuir pour les ateliers et usines de Fougères. »
300 lots à vendre
La vente aura lieu jeudi 24 février, au siège de l'entreprise, 7 rue Abbé-Joly, à Fougères. A partir de 10h : exposition publique. 10h30 : vente du mobilier des années 1930-1960, matériels et racks. 105 lots dont six bureaux ministre, des machines à écrire Valentine d'Olivetti, des fauteuils club en cuir. Mais aussi une repasseuse à cuir Mercier, un emporte pièces pneumatique, des outils de maroquinerie. Sans oublier un chariot élévateur électrique, des racks charges lourdes ou des étagères bois (lien vers le Live : https://www.interencheres.com/meubles-objets-art/mobilier-vintage-et-materiel-de-manutention-cuir-304065/).
A 14h : vente du stock de cuir de veaux, de chevreaux, et de chèvres velours de provenance d'Inde et Pakistan (213 lots de coloris divers). Classés selon leurs qualités, leurs couleurs et fournisseurs, ils sont décrits et photographiés avec une mise à prix leur site internet (https://www.interencheres.com/materiels-professionnels/important-stock-de-cuir-et-de-peaux-304111/).
Enlèvement à l'issue de la vente et le jeudi 3 mars à 10h.
Plus d'informations sur www.mesventesauxencheres.com ou sur www.interencheres.com (vente en live).
Veaux, chèvres, chevreaux
Les Ets Cabot commercialisaient plusieurs types de cuir. Du veau français pour le cuir à dessus des chaussures hommes. Et de la peau de chèvre et chevreaux pour le cuir à dessus des chaussures femmes. « Nous importions ce cuir d’Inde avec qui mon père avait mis en place une filière ».
Au fur et à mesure des années, l’entreprise se développe et se diversifie. Vers le cuir à semelle, en rachetant une petite tannerie à Saint-Hilaire-sur-Risle en Normandie. Puis en vendant aussi de la matière première à des maroquiniers.
Quand la chaussure française a connu des difficultés, la société fougeraise a misé sur l’export. Principalement vers l’Italie et l’Angleterre où la qualité Box Calf est particulièrement appréciée. « L’entreprise a été sur le podium des exportateurs bretons. On a même été parmi les premiers à exporter en Chine », conclut Joël Cabot.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.